À moins de quinze jours des élections, l’écologie est au cœur de la campagne municipale. Les candidats ont tous à en dire et les mots pour le dire en disent long sur leurs stratégies de communication : décryptage de leurs programmes.
Six des onze candidats à la mairie de Strasbourg ont diffusé leurs programmes électoraux, et l’écologie est un enjeu de campagne déterminant pour chacun d’entre eux. Une communication qui s’établit d’abord visuellement, à l’ouverture des dépliants.
Les pages présentant les mesures environnementales de Jeanne Barseghian (EELV-PCF), Catherine Trautmann (PS) et Alain Fontanel (LREM) verdissent. La socialiste et le marcheur déploient même des éléments iconographiques : dessins d’arbres et de parcs, photos de serres agricoles. Kevin Loquais (LFI-Génération.s) et Hombeline du Parc (RN) ont sobrement surligné d’une bande verte leurs principales mesures environnementales alors que Jean-Philippe Vetter (LR) boude cette couleur.
Un nuage de mots par candidats permet de visualiser les termes les plus utilisés dans leurs programmes. ⇩
Un champ lexical végétal
Les images qui renvoient à la nature apparaissent en premier dans la communication de chaque candidat. Tous utilisent massivement les termes « végétalisation », « arbre » ou « espaces verts » pour symboliser leur engagement sur la question de l’environnement. S’ils s’accordent pour mettre en avant la préservation du parc végétal, certains candidats jouent sur le sens des mots. Jean-Philippe Vetter emploie le terme négatif « bétonisation », antonyme de « végétalisation », pour dénoncer la politique urbanistique menée à Strasbourg ces dix dernières années. Sa solution : « Verdir et fleurir les places et rues strasbourgeoises ».
Des candidats favorables à une économie verte
En quantité variable, chaque candidat présente des mesures en lien avec l’économie rurale. C’est « bio », en référence à l’agriculture biologique, qui revient dans le discours de tous les prétendants à la mairie de Strasbourg : en particulier chez Barseghian et Trautmann. La candidate écologiste déploie un vocabulaire plus varié sur ce thème avec les termes « agriculture urbaine » et « local », utilisés aussi par Alain Fontanel qui défend une production agricole de proximité.
Un état d’urgence climatique
À l’exception de Vetter, la locution « urgence climatique » apparait dans le programme de chaque candidat. Barseghian et Trautmann l’emploient en majorité, pour alerter sur la nécessité d’adopter un système de gouvernance respectueux de la planète et insister sur la rapidité du changement climatique et ses effets. Kevin Loquais utilise un ton plus alarmiste : « Il est temps de déclarer la ville de Strasbourg et l’Eurométropole en état d’urgence climatique ! » Et remet en cause « l’échec cuisant du plan climat » instauré par la Ville.
L’histogramme ci-dessous classe les termes verts qu’on retrouve chez chaque candidat en quatre catégories : nature, énergie, déchets et économie agricole. Deux autres qualifient les occurrences écologiques de manière positive ou négative. ⇩
Catherine Trautmann, un lexique fourni
Avec 76 occurences, elle est la championne du vocabulaire écologique. La candidate socialiste insiste sur les énergies renouvelables avec l’usage du même terme à sept reprises. Une thématique que l'on retrouve dans son programme avec l’instauration d’un plan en faveur de la récupération de l’énergie solaire pour faire de Strasbourg la première ville à énergie positive. La répétition de « zéro-plastique », « zéro-pesticide » et « recyclage » mettent en évidence des mesures en faveur du tri des déchets et la mise en place du plan « Strasbourg zéro plastique ».
Alain Fontanel, un programme rythmé par la répétition
« Il faut penser la ville à partir de la nature », a-t-il annoncé lors d’un interview à Pokaa pour introduire sa politique écologique. En effet, le nom « nature » intervient à dix reprises dans son programme. Un enjeu au cœur de sa campagne qui se traduit en majorité par la création de trois parcs urbains et la plantation d’arbres. Le terme « local », évoqué cinq fois, témoigne de son ambition de développer l’agriculture de proximité, pour approvisionner 100 % des cantines scolaires strasbourgeoises. Le groupe nominal « véhicules électriques », cité six fois, renvoie au projet d’accompagnement de la fin du diesel par l’accession aux véhicules à énergie verte.
Jeanne Barseghian, un vocabulaire diversifié
La candidate écologiste, devant Catherine Trautmann, dispose du champ lexical le plus varié avec 28 mots distincts et 46 occurrences. Contrairement à ses concurrents, Jeanne Barseghian fait usage de synonymes et emploie peu les mêmes termes : elle utilise à la fois « végétalisation » et « déminéralisation » pour évoquer un même concept. Elle a le plus recours au qualificatifs environnementaux en distinguant « urgence climatique » et « dérèglement climatique » ou en se positionnant comme un « bouclier écologique » pour relever le « défi écologique ».
Kevin Loquais, un positionnement énergétique
Sur la question des énergies vertes, Kevin Loquais devance Catherine Trautmann. Il accumule le plus de termes sur ce thème : « covoiturage », « panneaux solaires », « rénovation énergétique », « énergies renouvelables » et « rénovation thermique ». Plusieurs de ses propositions fortes font référence à l’énergie : installer des panneaux photovoltaïques sur les parkings et les logements sociaux et mettre en place un plan de rénovation thermique et énergétique pour les logements et les bâtiments publics.
Jean-Philippe Vetter, un discours vert et épuré
Le champ lexical de la nature constitue plus de 50 % du discours du candidat Les Républicains. Il répète jusqu’à cinq fois l’occurrence « espaces verts » et quatre fois « arbre » et « fleurs ». « Bétonisation », son mot-phare, revient à huit reprises dans son programme et renforce sa volonté de verdir le paysage urbain. Une communication qui laisse peu de place à d’autres mesures écologiques.
Hombeline du Parc, un projet environnemental léger
D'après les mots recensés dans son programme, l'environnement n'est pas un enjeu de campagne du Rassemblement national. La thématique énergétique abordée par tous, et particulièrement la gauche, est ici absente. Hombeline du Parc revendique la végétalisation de la ville, comme ses concurrents, et dénonce la politique écologique menée à Strasbourg avec la remise en cause de la « zone à faible émission » et de l'arrêté « anti-diesel ».
Loana Berbedj