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Une cuisine multilingue au Petit Gourmand

17 octobre 2011

Au centre socioculturel Victor-Schoelcher, le restaurant d'insertion le Petit-Gourmand réunit dans ses cuisines une douzaine de nationalités, et autant d'inspirations culinaires pour les menus du mercredi.


Rouzana prépare les plateaux de légumes pour le repas des enfants. (Photo Cuej - Marion Michel)

10h45, mercredi 12 octobre. «Les filles, il est l'heure de charger, on va être en retard», lance Laurent François, le chef du Petit-Gourmand, à son équipe d'aides cuisinières. Comme tous les mercredis, la camionnette du restaurant d'insertion cronenbourgeois doit livrer quatre centres de loisirs de la région de Strasbourg. La livraison n'est qu'une des trois facettes de son activité: pendant que certains chargent, dans les cuisines on prépare les plats destinés aux enfants et ceux qui seront inscrits à la carte du restaurant du centre socio-culturel Victor-Schoelcher.

Chaque année, Laurent François forme dans ses cuisines une quarantaine de personnes, en majorité des femmes. Pendant 6 à 24 mois, elles sont 4 heures par jour derrière les fourneaux pour servir près de 200 repas quotidiens. En parallèle, elles bénéficient d'un suivi personnalisé. André Riegel, l'accompagnateur social de la structure, les aide à régler leurs difficultés familiales, financières et de logement. Il les guide pour trouver une formation. Depuis le début de l'année, parmi les douze personnes qui ont quitté le Petit-Gourmand, sept ont trouvé un emploi : «dont cinq sont en CDI», se réjouit René Mischler, le coordinateur de ce chantier d'insertion.

De nombreuses recrues sont des femmes récemment arrivées en France. La réforme du RSA exigeant désormais une durée minimale de résidence en métropole, beaucoup se sont retrouvées sans ressources : «Nous avons recruté des femmes avec enfants qui vivaient avec à peine 200 euros par mois», précise René Mischler. Les accents tchétchènes, russes, turcs, ou africains chantent dans les cuisines.
 


Le restaurant du centre socioculturel de Cronenbourg ne pourrait pas assurer sa mission d'insertion sans les subventions de la Ville de Strasbourg, du Département, de la Région, de l'Etat et du Fond social européen. Cependant, la dotation de ce dernier, qui couvrait 25 % du budget de fonctionnement, tend à diminuer. Selon René Mischler, «cela n'aura pas trop de conséquences parce que contrairement à d'autres structures nous avons nos ressources propres».

Dans la restauration collective la demande est forte, un atout pour ce chantier d'insertion qui produit plus de 40 000 repas par an. Les recettes tirées du service aux scolaires, aux personnes âgées, aux centres de loisirs et aux crèches, auxquels s'ajoutent les nombreux couverts du restaurant, permettent au Petit-Gourmand de couvrir 50 % de ses dépenses. Des revenus tirés également des animations ponctuelles. Cette semaine, dans le cadre de la semaine du goût, les papilles partiront au Maroc. Au menu de mercredi : couscous royal.

Claire Gandanger et Marion Michel

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