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Aux abords de ces espaces naturels, les axes de transport participent à la fragmentation des habitats, première cause du déclin des espèces à l’échelle mondiale selon l’IPBES, le groupement international des experts de la biodiversité. "Les ponts et les routes ont été réalisés à une période où la trame verte et bleue n’était pas un sujet central", ajoute Corentin Calvez, en pointant sur une carte du quartier les points de conflit entre espaces naturels et axes de transport.

Entamé en 2020 par la municipalité, le projet "cours Oasis" ambitionne de végétaliser deux tiers des 113 écoles élémentaires et maternelles strasbourgeoises d’ici 2026. À la Montagne-Verte, les groupes scolaires se verdissent à leur rythme. Si les enfants de Gutenberg attendent les vacances de février pour les dernières plantations, ceux du Gliesberg et de Erckmann-Chatrian courent toujours sur du béton.

La façade s’effrite le long de cette barre de quatre étages. Un rat bondit hors des grilles d’aération d’une cave pendant que l’un des habitants décharge des sacs de courses. “Ici, tout est pourri”, assène Quentin (*), un trentenaire, avant d’expliquer que la moquette de sa chambre est gorgée d'humidité. Il paie 770 euros de loyer par mois pour 54 m², excessif selon lui pour un logement indécent.

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La sensibilisation aux déchets s'affiche au 5 rue de Thal. © Thomas Ancelin

Cours Oasis : à La Montagne-Verte, une végétalisation à trois vitesses

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Diakaryaou Soumare arpente la rue de Thal. © Emilien Martin

"De toute façon, toi tu viens que pour draguer", s'amuse Catherine. Lunettes assorties à ses cheveux rouges coupés au carré, elle passe son jeudi après-midi derrière le comptoir du rayon décorations de Noël à batifoler avec Yves. Cet ancien banquier maintenant retraité a rejoint la communauté Emmaüs de la Montagne-Verte en tant que bénévole en août 2023, en même temps qu’elle. "Je viens généralement un jour ou un jour et demi par semaine, le jeudi et parfois le samedi aussi", précise Catherine, qui habite à Lingolsheim. "Le matin, on trie la vaisselle et l’après-midi, on est dans l’espace de vente, tandis que d’autres bénévoles trient les jouets derrière." Ce n’est pas sa première expérience dans le bénévolat. Avant Emmaüs, elle participait aux actions d’une association de don du sang. "On fait aussi de la mise en place", ajoute Yves avant d’être coupé par une cliente qui lui demande le prix d’un calendrier de l’Avent en bois. "C’est cinq euros, madame." "Non, c’est six !", le corrige Catherine toujours en riant. Ils ne se connaissaient pas avant d'atterrir à Emmaüs. Depuis, le binôme forme un duo indissociable.

Une poussette, des cartons, des sacs poubelles, un matelas qui s’amoncellent sur l’asphalte. Ce genre de dépôt sauvage n’est pas rare au Molkenbronn. Au fond de la rue de Thal, c’est un parking jonché de déchets qui se dévoile à côté d’un immeuble. Un triste constat pour Diakaryaou Soumare, riverain du quartier et membre de l'association VoisinMalin. Cet après-midi-là, il part visiter les habitants du numéro 5 pour les sensibiliser à la gestion des déchets.

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Isra, 13 ans, est une sans-abri albanaise qui vit dans le campement du parc Eugène-Imbs à la Montagne-Verte depuis juillet 2024.       © Matis Biller-Goeffers

Messaline HAMON et Paul MARCILLE

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