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L'école La Clandestine à la plaine des Bouchers accueille tous les mardis soirs un cours de dancehall queen style et de twerk. L'occasion pour moi de tester cette danse souvent médiatisée, mais peu estimée.
« Beyoncé, c’est toi ! » En sueur, c’est difficile d’y croire. Dans le sous-sol de l’école de danse La Clandestine, Elodie Friess, alias la queen Elodie Nosaure, m’encourage, sur le côté de la salle, pour ma première leçon de dancehall et de twerk qui a commencé trois quarts d’heure plus tôt.
Le dancehall ? « C’est une danse, axée sur le bassin et les mouvements au sol, qui est née dans les années 1980 dans un contexte politique difficile en Jamaïque. Elle a permis aux femmes de donner de la voix. Elle est depuis exclusivement féminine. »
Une quinzaine d’élèves, comme moi, sont alignées face aux miroirs de la salle de danse. Un haut-parleur en forme de cochon crache des notes de reggaeton alors que nous nous étirons. Mais très rapidement arrive l’échauffement. Et le moment que je redoute : celui où il faudra tenter le twerk, une technique très utilisée dans le dancehall queen style et qui demande des muscles que je ne pense pas avoir.
Le twerk ? Une technique de danse, où l'on secoue hanche et fesses dans un mouvement de va-et-vient. Notre instructrice précise : « C'est une technique qui vient de danses traditionnelles africaines. Avec la colonisation, elle avait un peu disparu. Puis c’est réapparu en Louisiane, dans la communauté transgenre noire-américaine. Il faut aller au-delà du "c'est vulgaire" pour comprendre ces aspects sociaux, historiques et culturels. »
Se réapproprier son corps
Accroupie d’abord, debout ensuite : pour chaque position, les mouvements sont différents. Elodie nous décompose les techniques : balancer ses hanches d'avant en arrière, sur les côtés, faire des cercles avec son bassin, utiliser ses cuisses pour que nos fesses soient secouées... La discipline est beaucoup plus physique qu’elle n’en a l’air : déjà, au bout d’une demie-heure, j’ai mal aux cuisses et aux genoux. Certaines des élèves les plus anciennes ont prévu le coup : elles ont pensé aux genouillères. Je me découvre une nouvelle admiration pour Miley Cyrus, Normani ou Nicki Minaj, principales ambassadrices de la pratique.
Pour la chorégraphie du jour qui comprend une vingtaine de mouvements, Elodie a choisi la chanson Already de Beyoncé, sacrée reine du girl power par la pop culture. Car la démarche de Queen Up Yuhself, le projet d’Elodie, s’inscrit aussi dans l’idée de libération du corps des femmes. Et si le cours est entièrement féminin, c'est un choix assumé : « Cela permet de se réapproprier son corps, sans jugement, dans ce cocon qu’on essaie de créer. On veut que ce soit le plus libérateur possible ! ».
Mains sur les hanches, je mets en pratique les mouvements de bassin que nous venons d’apprendre. L’ancienne danseuse que je suis reconnaît quelques pas familiers, d’autres steps me sont complètement inconnus. Et surtout difficiles à retenir quand on danse depuis une heure. Autour de moi, certaines sont tout aussi perdues. L'atmosphère féminine me rassure. Après une dizaine de répétitions de la chorégraphie, les jambes se font de plus en plus lourdes. Tout le monde applaudit : l’heure et demie de cours s’achève, avec des participantes épuisées. Et promises, le surlendemain, à des courbatures tout le long des jambes.
Judith Barbe
Caroline Celle et Sarah Chopin
* Le prénom a été modifié
Adresse : 91, route des Romains, à Koenigshoffen
Programmation :
Prix libre pour tout événement à partir de 3 euros
Vous avez élu domicile sur le campus de l’Université de Strasbourg, presqu’au pied des immeubles de l’Esplanade. Franchement, il n’y a pas meilleur endroit pour un écureuil ?
Vous savez, je ne suis vraiment pas difficile : quelques arbres suffisent à mon bonheur. Depuis que j’ai signé un partenariat avec la Caisse d’épargne, tout le monde s’imagine que je ne mange que des noisettes. Mais, en vérité, je sais adapter mon régime alimentaire : glands, châtaignes, petits fruits… et même des petits invertébrés, comme le scarabée ou d’autres coléoptères. Non, ce qui me pose problème, c’est quand on abîme ma trame verte.
Qu’est-ce qu’une trame verte ?
La trame verte, c’est comme ça que le ministère de la Transition écologique appelle mon réseau routier. Je vous l’ai dit, j’aime bien les arbres. C’est là que je mène ma vie, on appelle ça mon réservoir biologique. Alors, si je veux me déplacer, ou si je fais des enfants qui veulent prendre leur envol vers un autre réservoir biologique, nous avons intérêt à utiliser cette trame verte [des haies, des entrelacs de branches, ndlr]. Ça nous permet d’être à l’abri de nos prédateurs naturels, les rapaces, et aussi de ne pas finir en galette sur une départementale.
La trame verte est-elle bien préservée, à Strasbourg, ou est-elle trop morcelée à votre goût ?
Ça pourrait toujours être mieux, mais on ne va pas se plaindre : Strasbourg a été désignée capitale française de la biodiversité pour l’année 2017. La forêt de la Robertsau, du Neuhof, mais aussi les étangs de la Wantzenau sont des espaces sympathiques pour la faune. Des castors y ont même pointé le bout de leur nez.
Après, vous savez, tout ne repose pas sur les pouvoirs publics. Si, dans votre jardin, vous supprimez une haie, ou même un grillage, pour y substituer un mur, vous nous condamnez, avec les collègues hérissons ou mulots, à nous mettre à découvert. Et Dieu sait si nous n’aimons pas ça, être à découvert. C’est sûrement pour ça qu’avec la Caisse d’épargne, on se comprend si bien.
Alors, pour nous aider à survivre, certaines associations comme la Ligue pour la protection des oiseaux étendent des cordes, entre deux arbres, au-dessus de routes passantes, pour nous permettre de traverser en toute sécurité. Un peu comme les corridors écologiques au-dessus des autoroutes. Sauf que ça s'appelle un écuroduc. On pourrait peut-être organiser ça au dessus de la rue du Maréchal Juin ?
À part les hommes, qui vous menace, à Strasbourg ?
Le chat domestique. Vous, les humains, vous adorez les chats, et, comme parfois, vous oubliez de les stériliser, leur population augmente beaucoup. Certains individus retournent même à l’état semi-sauvage. Et ce sont des chasseurs redoutables, capables de s’éloigner jusqu’à quatre kilomètres de l’endroit où ils crèchent. Ils m’inquiètent, depuis que j’en ai vu deux rôder au pied de l’Escarpe, le soir.
Mais c’est pas tout : vos chiens, non plus, ils ne m’inspirent guère confiance. Les riverains les promènent du côté du campus. Et ils aiment me courser, les chiens. Pas pour me manger. Juste pour s’amuser. N’empêche que ça me stresse, et ça me fait perdre du poids. Ça m’affaiblit, et, à l’approche de l’hiver, je n’ai vraiment pas besoin de ça.
Vous êtes en train de me dire que certains animaux peuvent représenter un danger pour la biodiversité ?
Oui. Et je ne suis pas le seul à être de cet avis. Allez demander au rat musqué ce qu’il pense du ragondin. Originaire d’Amérique du Sud, il a été introduit en Europe à la fin du XIXe siècle, et il y prospère d’autant plus que les hivers sont plus doux. Il se bat avec le rat musqué, prend les meilleurs endroits pour y nicher. Résultat : la population de rats musqués ne cesse de décroître à Strasbourg.
Mais tout va bien pour vous, les écureuils ?
Détrompez-vous ! Je risque moi aussi d’être concerné : l’écureuil gris, d’origine nord-américaine, pose désormais problème en Europe aux rouquins de mon genre. En Angleterre, on ne trouve presque plus que ça. Il a même été classé parmi les « espèces exotiques envahissantes » par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Comme le ragondin, il a été introduit en Europe par l’homme. Preuve que c’est quand même vous, les humains, qui êtes derrière tous les problèmes.
Propos recueillis par Nicolas Massol
Belle queue en panache, pinceaux sur les oreilles, allure svelte et gambadante : un écureuil roux a élu domicile dans les noisetiers du bâtiment l’Escarpe, rue du Maréchal-Juin, à deux pas de l’Esplanade. Une occasion unique de s’entretenir avec un représentant de la biodiversité à Strasbourg. Et d’interroger les rapports entre l’homme et la faune sauvage, en milieu urbain.
Le premier Programme national de rénovation urbaine (PNRU), mis en place en 2006, a pris fin officiellement en 2015. Quel bilan en tirez-vous ?
Le bilan est extrêmement positif, les habitants eux-mêmes le disent. Les enquêtes d’image qui ont été menées montrent que pour deux tiers d’entre eux, la Meinau a évolué positivement. On a démoli près de 650 logements dans le secteur de la Canardière et on en a reconstruit autant, la moitié en social, l'autre moitié en logements privés. On est aussi intervenu sur les équipements, sur les espaces publics. La diversification des formes urbaines, qui était l’un des objectifs, est réussie.
Pourquoi un nouveau programme de rénovation était-il nécessaire ?
D’abord, le PNRU n’est pas achevé. Les travaux actuellement en cours à la Meinau se font dans le cadre de ce premier plan.
Ce que permet le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), c’est d’achever la rénovation de la Canardière. A la fin de ce second programme, prévue officiellement en 2024, on sera intervenu sur tous les équipements publics et sur tous les logements sociaux du quartier qui en avaient besoin.
Mathieu Cahn, vice-président de l’Eurométropole en charge du renouvellement urbain depuis 2008, et adjoint au maire en charge du quartier de la Meinau, revient sur plus d’une décennie de travaux à la Canardière.
Apprendre l'arabe en papotant
Quand la nuit commence à tomber, le Wagon Souk n’arrête pas ses activités pour autant. L’association organise parfois des soirées, « en fonction des envies et des gens », comme le dit Hélène Humbert, de la Drêche. Le jeudi soir, c’est « café polyglotte ». Le principe : apprendre les langues des uns et des autres de façon improvisée. L’événement est ouvert à tous, mais la plupart des gens viennent de l’Hôtel de la rue. « À l’Hôtel, il doit bien y avoir une trentaine de langues parlées, affirme Hélène. Des cours de français sont organisés pour les résidents mais certains parlent déjà très bien français et voudraient apprendre d’autres langues. »
Ce soir-là, on apprend le géorgien et l’arabe : des mots nouveaux viennent au hasard de la conversation. L’un des participants se lève, prend une craie et écrit sur un tableau d’école le mot « marin » en alphabet arabe. Studieux, son public recopie, en picorant dans les plats de Mama Souk.