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Dorénavant les conditions de vie sont bonnes, "sauf l’été où il faut deux ventilateurs " s’amuse-t-il. Hormis les nuisances sonores liées aux trains de marchandises, le foyer est plutôt calme. Le sexagénaire a peu de contact avec les autres résidents : "Les différentes communautés restent entre elles et les anciens ont un caractère un peu spécial, c’est une autre mentalité". 

En revanche, Jean-Paul le concierge, est connu de tout le monde. Courant d’une chambre à l’autre, il s’arrête pour réparer la porte de Rachid qui ferme mal. Les deux hommes s’entendent très bien et se retrouvent régulièrement pour parler de football et partager un thé à la menthe, préparé quotidiennement par Rachid. Aujourd’hui, l’homme est heureux en France. "J’aime ce pays. Mes enfants y ont grandi et y vivent encore. Je suis à l’aise ici", souligne-t-il. Le quartier de Koenigshoffen, qu’il compare à Barbès, lui convient : "Tu as des restaurants turcs partout, tu peux y manger jusqu’à 2h du matin. Idem pour les épiceries qui sont ouvertes la nuit. Ça me permet d’aller acheter des cigarettes lorsqu’il est tard". Toutefois, Rachid espère quitter le foyer dans les deux ans : "Ici, c’est seulement pour dépanner."

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En juin, Rachid a pu emménager dans son nouveau studio d'une quinzaine de mètres carrés. Grâce aux aides sociales dont il bénéficie, il ne paye que 67€ par mois. © Jérôme Flury

Inaugurées cette année pour reloger les résidents avant le début du chantier, ces nouvelles constructions portent la capacité d’accueil à 271 studios, tous meublés. Des espaces de vie beaucoup plus fonctionnels de 15 à 25 mètres carrés incluant un espace cuisine, une salle de bain et des toilettes personnelles. Coût estimé de l’opération : près de 11 millions d’euros. 

Un foyer plutôt calme 

D’origine marocaine, Rachid, 64 ans, a connu les deux. Cet ancien chauffeur de taxi et footballeur est arrivé en France il y a 38 ans. "C’était mon rêve. Plus jeune, je voyais les gens en revenir avec les Peugeot 404, les pantalons pattes d’eph’ et les cheveux longs. Je me suis dit "c’est le paradis", se souvient-il. A l’époque, il n’y avait pas besoin de visa, Mitterrand donnait des papiers à tout le monde." Le rêve est d’abord devenu réalité pour Rachid qui a fondé une famille et s’est installé à Strasbourg. Mais tout s’est effondré en 2014. Suite à son divorce, Rachid quitte son HLM, se retrouve sans domicile et dort dans un local à vélos. Son seul recours : le foyer. 

Le foyer pour travailleurs migrants, créé en 1970 a connu de nombreuses réfections. Après la construction de 2 bâtiments neufs inaugurés cet été, l’établissement achèvera sa transformation en résidence sociale d’ici fin 2019.

Les bennes se remplissent de gravats. Les ouvriers s’affairent et les consignes fusent. Le foyer pour travailleurs migrants géré par Adoma, rue des Petites-Fermes, poursuit sa mue en résidence sociale. Les travaux qui comprennent un désamiantage doivent s’achever au troisième trimestre de l’année 2019. Les anciens bâtiments, en cours de rénovation, comportaient des chambres d’une dizaine de mètres carrés avec douches et cuisines communes. "Une cellule", se souvient un habitant, qui souligne le confort des nouvelles habitations.
 

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Si de nouveaux studios ont ouvert rue des Petites-Fermes, une partie est encore en cours de désamiantage. © Jérôme Flury
 

Second souffle aux Petites-Fermes 

 

L’affaire Québecor comporte encore des zones d’ombre. Notamment sur le jeu des influences politiques. Pourquoi Frank Immobilier a-t-il acheté une friche industrielle inconstructible ? Comment, en deux ans, le site a-t-il pu devenir officiellement habitable, avant même la dépollution ? Aujourd’hui, le promoteur ne communique plus sur l’affaire passée au Conseil d’Etat. "Je pense qu’il y a eu, dans ce dossier, ce qu’on peut qualifier de petits arrangements entre amis", lâche Eric Elkouby.

Caroline Celle et Claudia Lacave

Isabelle se souvient : “C’était un endroit intéressant car tout était possible, pas besoin de répondre à une exigence. Ce genre d’endroit te donne du temps et de l’espace, c’est fondamental. Et quand tu as une idée, ça devient possible.” Jusqu’à réparer son bateau ou souder six vélos ensemble, juste pour voir ce que ça donne.

*Le prénom a été modifié.

Julie Gasco et Maxime Glorieux

Suite au déménagement forcé, des vols ont été constatés alors que la maison était surveillée par des vigiles municipaux. Des outils ont disparu. Ils appartenaient à Papier Gâchette, l’imprimerie associative créée en 2009 dans le squat. Le hangar accueillait 100 m2 d’imposantes machines, pour certaines centenaires. “On faisait de la micro-édition, sérigraphie, reliure, gravure, typographie en utilisant des méthodes d’impression anciennes”, explique Manouche, qui a rejoint l’atelier sur la fin.

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Le squat a vu naître Papier Gâchette, une imprimerie associative installée dans le hangar. © Papier Gâchette

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