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Il y a un an, Pada, musicien de 32 ans, Vincent, luthier de 28 ans, et Tristan, 28 ans et éducateur socioculturel, ont décidé de créer une forge. Comme un rituel, les trois amis se retrouvent désormais une fois par semaine en moyenne, dans la cour de la Fabrique. En amateurs, ils fabriquent décapsuleurs, couteaux ou feuille de métal. Parfois, un professionnel vient leur donner des conseils. Parfois encore, d'autres apprentis forgerons se joignent à eux. Une fois la nuit tombée, ne restent plus que des ombres sur le mur éclairé par un brasero, et le fracas du métal qui prend forme.
Thibaut Chéreau et Emilie Sizarols
Jeudi, c’était jour d’élections à l’établissement régional d’enseignement adapté Henri Ebel à Illkirch. Toute la journée, les différentes classes se sont succédé dans les isoloirs installés pour l’occasion. L’objectif ? Élire des représentants au conseil des délégués à la vie lycéenne (CVL) et à la vie collégienne (CVC), des organes ayant pour but d’associer les élèves aux décisions de leur établissement.
« Cette année nous avons décidé d’implanter un CVC car nous sommes un établissement qui accueille des élèves de collège mais aussi de lycée. Jusqu’à aujourd’hui nous n’avions qu’un CVL pour les lycéens », détaille Monia Brassac, la directrice de l’établissement.
En début d’après-midi, des étudiants, déjà élus l’an passé pour un mandat de deux ans ou candidats, ont été conviés à une table ronde en compagnie, notamment, de Patrick Fender, conseiller municipal de la mairie d’Illkirch et de Lucie Pitiot, proviseur vie scolaire de l’académie de Strasbourg. Face à cette audience, les élèves en ont profité, timidement, pour détailler plusieurs projets, comme la réouverture d’un foyer bar ou la conception d’une joëlette, un fauteuil destiné aux personnes à mobilité réduite.
Nicolas Grellier
Phœbé Humbertjean et Mathilde Obert
Des élèves de l'école primaire Jean-Baptiste-Schwilgué apprennent à jouer du violon, du violoncelle et de l'alto dans le cadre du dispositif Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale). Ce projet porté par la Philharmonie de Paris permet de démocratiser l'apprentissage musical dans des quartiers populaires. Deuxième séance avec les instruments, ce jeudi 11 octobre.
Le son des violons, violoncelles et altos se mêle et s'échappe d'une des salles de classe de l'école primaire Jean-Baptiste-Schwilgué. À l'intérieur, une quinzaine d'élèves sont installés en cercle et tendent l'oreille. Sara Subiela et Karam Alzouhir, professeurs de musique, leur font répéter quelques notes. « Dans trois ans, ils seront 120 élèves strasbourgeois sur la scène de la Philharmonie de Paris », indique Christophe Rico, référent social. Accompagné des deux artistes, il encadre les cours de musique dans le cadre du dispositif Démos, qui vise à démocratiser l'apprentissage musical. Le concert de clôture rassemblera les 120 élèves de CE1 répartis dans huit écoles de la ville.
À l'élémentaire Schwilgué, les enfants s'entraînent trois heures et demie par semaine. Ce jeudi 11 octobre, ils manipulent leurs instruments pour la deuxième fois. La séance du jour est consacrée au Boléro de Ravel.
Le centre socioculturel du Port du Rhin organise une fois par mois un petit-déjeuner gratuit. Son but ? Favoriser le dialogue entre les habitants du quartier.
Il est 9h30. En ce vendredi d’octobre, pas un chat dans le quartier du Port du Rhin. Ou presque. Les rares passants descendent du tramway ou attendent le prochain. Au pied des logements sociaux, à quelques encablures du pont Beatus-Rhenanus, se trouve le centre socioculturel (CSC) Au-delà des ponts. Derrière la vitrine de l’établissement, un peu d’animation : des hommes et des femmes discutent autour d’un café. Depuis trois à quatre ans, le CSC organise un vendredi par mois un petit-déjeuner gratuit ouvert à tous les habitants du quartier. Familles, jeunes, retraités... les profils sont variés.
C'est par et pour les résidents du quartier que ces petits-déjeuners ont vu le jour. Âgée d’une soixantaine d’années, Nicole, en blouse bleue à fleurs, s'affaire au buffet tout en discutant avec les participants. La bénévole prend sa tâche très au sérieux. De l'affichage à l'achat des viennoiseries et du café, cette dernière s'occupe de tout. À travers ces rendez-vous, au-delà de l'aspect économique, elle essaie de créer du lien entre les habitants du quartier. Chaque mois, ils sont près d'une trentaine à s'y rendre. Beaucoup viennent après 8h30, une fois les enfants déposés à l'école.
Si de nouveaux habitants se sont installés dans les bâtiments fraîchement construits près du jardin des Deux-Rives, l’interaction reste assez rare entre les derniers arrivés et les "historiques", davantage touchés par la précarité. Avec un taux de chômage de 70%, la cité Loucheur, où se situe le centre socioculturel, a été désignée Quartier Prioritaire de la Ville (QPV) par la mairie. De l’aveu d’une résidente, le Port du Rhin a longtemps été délaissé par la mairie. Pour lutter contre le chômage et l’enclavement du Port du Rhin, des projets de réaménagement urbain ont vu le jour ces dernières années. C’est le cas du projet des Deux-Rives qui, avec l’extension de la ligne D du tramway, relie le quartier au centre-ville de Strasbourg.
Employée au Bateau du Rhin, Christiane réside dans le quartier depuis 18 ans. Pour la première fois, elle se rend à un petit-déjeuner organisé par Au-delà des ponts.
Florian Bouhot et Lucie Duboua-Lorsch
Tous les quinze jours, Mathilde, coordinatrice de l’Association de Vrac Strasbourg Euro-Métropole, vient au Centre Sociocuturel du Neuhof. Au début du mois, elle vient prendre les commandes des habitants, qui se réunissent le jeudi entre 15h et 18h pour remplir leurs bons de commandes. Des moments de rencontres qui permettent aux habitués et aux nouveaux venus de discuter des produits, d'échanger des recettes ou même parfois de participer à l'atelier cuisine, également organisé par Vrac en coopération avec le CSC.
La semaine qui précède la réception est toujours bien chargée. Accueil des fournisseurs, livraison des articles, déballage, organisation des produits : toute la gestion des produits est gérée par les bénévoles de l'association. A partir de 15h le jeudi, les articles sont exposés à l'espace Klebsau au Neuhof, qui fait partie des cinq quartiers desservis par l'association.
La clientèle varie : mères de famille, retraités, et même étudiants profitent du service. Souvent, ce sont les prix réduits des produits qui les attirent. La réduction des emballages fait aussi partie des avantages du service : les clients arrivent avec leurs propres contenants pour récuperer leur commande. Et exceptée l'obligation de commander en avance, le dispositif offre une réelle liberté. Ici, pas d'abonnement obligeant les clients à revenir régulièrement.
Stefanie Ludwig et Juliette Mariage
Deux fois par mois, l’Association Vrac Strasbourg-Métropole permet aux habitants du Neuhof de commander des produits bio en grande quantité. Avec un prix peu élevé pour des aliments locaux et de bonne qualité.
Une paroisse en difficulté qui survit
L'église protestante voisine, à la Robertsau, ne connaît pas les mêmes soucis financiers. Pour Doris Hengel, cela s'explique par une différence sensible du niveau de vie entre les deux quartiers. À la Cité de l'Ill, les dons atteignent rarement les 200 euros. «À la Robertsau, les fidèles ont plus de moyens. Ce sont généralement des jeunes qui, parfois, travaillent au Conseil de l'Europe», observe-t-elle. La paroisse a adapté son calendrier pour optimiser l'impact de ses actions : «On fait cette vente le samedi peu après le versement des allocations familiales».
«Ici ce qu'on vend ne dépasse en général pas 2 euros, donc il faut vendre beaucoup pour avoir un peu de bénéfices », explique Doris Hengel. Lors de la vente du 8 septembre, la partie brocante n'a rapporté que 150 euros. Un montant trop maigre selon la trésorière. Bien que l'église ne soit pas imposée, il reste à payer le chauffage, l'électricité, l'eau ou encore le gaz: «150 euros, cela représente à peu près deux mois d'électricité, sans compter les nombreuses taxes...»
La paroisse a mis en place d'autres actions pour trouver d'autres sources de financement. Une fois par mois, elle organise des concerts et des spectacles. Des collations y sont vendues et les bénéfices reviennent à la paroisse. Mais le manque de bénévoles empêche le conseil de diversifier sa programmation. «S'il n'y a plus d'argent, il n'y a plus d'argent. Ça ne nous est encore jamais arrivé mais il faudra se débrouiller.»
Louise Claereboudt