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Un mois après le meurtre du pilote jordanien Maaz el-Kassasbeh par Daesh, Abdallah II, roi de Jordanie, s'est exprimé, mardi, devant le Parlement européen réuni en assemblée plénière, pour appeler à l'unité contre l'islamisme extrémiste.
« Notre monde fait face à l'assaut de terroristes aux ambitions impitoyables », a déclaré mardi le roi de Jordanie, Abdallah II, devant le Parlement européen. Leur « motivation n'est pas la foi, mais le pouvoir », a-t-il affirmé, marquant sa distance avec l'idéologie expansionniste des islamistes radicaux.
Ce discours avait une sonorité particulière, un mois après le meurtre du pilote jordanien, Maaz el-Kassasbeh, dont le supplice avait été filmé et diffusé sur Internet par Daesh. Si celui-ci est l'ennemi de la Jordanie, « le combat [contre Daesh] doit être mené en premier par les nations musulmanes. Un combat interne à l'Islam ».
Mais « le danger que représente l'extrémisme doit être vu pour ce qu'il est : un danger mondial », a-t-il ajouté. Le souverain Hachémite a appelé à former un front uni contre un ennemi commun : celui qui « commet des meurtres au nom de Dieu et de la religion pour justifier des actions diaboliques qu'aucune religion ne tolère .
« Ce n'est qu'en coopérant que nos régions parviendront à réduire à néant les sources de soutien aux terroristes et les empêcher d'accomplir leurs desseins » estime Abdallah II, qui a mis l'accent sur trois défis majeurs pour ll'emporter sur l'extrémisme religieux global: la résolution de la question palestinienne, la lutte contre l'islamophobie et la sécurité économique.
« Pourquoi le monde ne défend-il pas les droits des Palestiniens ? »
« Pourquoi le monde ne défend-il pas les droits des Palestiniens ? » C'est à partir de cette question qu'Abdallah II a souligné que le blocage du processus de paix israelo-palestinien « a fourni aux extrémistes un puissant cri de ralliement. Ils exploitent les injustices et les conflits lancinants pour se construire une légitimité et recruter des combattants étrangers en Europe et dans le monde ».
Après plus de 60 ans de conflit, des dizaines de résolutions votées par les Nations Unies, la situation actuelle ne semble pas s'améliorer : « toujours plus de constructions de colonies, et moins de respect pour les Palestiniens occupés », s'est indigné Abdallah II. Cette stagnation serait l'explication d'une perte de confiance en la politique internationale qui pousserait à la radicalisation et accentuerait « la haine, la violence et la terreur dans le monde ».
Il a exhorté les pays européens à présenter avec son pays « accord final et compréhensif » pour mettre un terme à ce conflit qui attise les passions de la région.
« Le futur réside dans l'unité et le respect, et non pas dans la division et les stéréotypes »
Le roi Abdallah a encouragé l'Union européenne à poursuivre ses efforts pour « mettre un frein à la montée de l'islamophobie dans le monde entier ». « En attaquant et en excluant les autres, en insultant les autres peuples et leurs croyances et convictions, il n'y pas de possibilités d'aller de l'avant. Le futur réside dans l'unité et le respect et non pas dans la divisions et les stéréotypes », a-t-il ajouté.
Plus important encore, il est nécessaire, aujourd'hui, de faire la différence entre les extrémistes « qui ne respectent pas les valeurs de l'Islam ni les valeurs humaines » et les musulmans du monde qui sont devenus leur « cible la plus importante », a ajouté Abdallah II avant d'affirmer, avec vigueur, au nom des musulmans, « nous ne les laisserons pas prendre en otage notre religion ».
Il a condamné sévèrement les attaques contre les chrétiens et minorités religieuses de certains pays, qu'il considère comme une « offense contre l'humanité ». La Jordanie peut se présenter comme exemple, à ce sujet. Historiquement, les communautés chrétiennes y sont profondément enracinés, bien que ne représentant que 6 % d'une population jordanienne majoritairement musulmane.
Un partenariat plus avancé et un soutien financier
La radicalisation de jeunes « se nourrit de l'instabilité économique et de l'exclusion». Le troisième pilier de lutte contre la radicalisation, proposée par Abdallah II repose sur la « création d'un espoir plus profond ». « Les gens ont besoin d'opportunités pour réaliser leurs potentiels et se construire une bonne vie ».
Dans ce but, le roi jordanien a souligné l'importance du partenariat économique et commercial qui existe entre son pays et l'Union Européenne. Il a, par ailleurs, annoncé sa volonté de « travailler [avec l'Union européenne] pour un partenariat encore plus avancé ».
La Jordanie a d'autant plus besoin du maintien de l'aide européenne que la crise humanitaire au Moyen-Orient s'aggrave. Celle-ci a un impact majeur sur le pays depuis le début de la guerre civile en Syrie, en 2011. Le royaume Hachémite a offert « un refuge à 1 400 000 réfugiés syriens, soit 20 % de la population jordanienne, en quelques années ».
La situation du pays va en s'aggravant avec les exactions de l'organisation de l'État islamique qui pousse les syriens à fuir vers le pays voisin. La Jordanie est devenu « le 3ème plus grand pays d'accueil pour les réfugiés dans le monde ».
En introduction de l'allocution, Martin Schulz, le président du Parlement a rappelé la présence du roi Abdallah II et de sa femme, lors de la marché républicaine le 11 janvier à Paris. Il a finalement salué le rôle joué par le royaume Hachémite dans la sécurité de la région, pour conclure cette allocution solennelle.
Marie-Charlotte Roupie
3 000 chômeurs européens vont recevoir 6,3 millions d'euros d'aide à la réinsertion dans le cadre du Fond européen d'ajustement à la mondialisation, qui profite largement à la région belge de Wallonie. Le Parlement l'a approuvé mardi.
Avec trois-quarts de ses exportations vers des pays de l'Union, la Belgique subit de plein fouet la crise et la faible croissance du vieux continent. Les secteurs de l'acier, des machines ou encore du verre automobile sont en première ligne. Le Fond d'ajustement européen à la mondialisation (FEM) vient en aide aux salariés licenciés des pays membres pour les aider à trouver un nouvel emploi. Mardi, il a été accordé aux chômeurs originaires de trois Etats, principalement des Belges.
En raison d'une baisse de la demande et des investissements en Europe , la firme américaine Caterpillar a délocalisé sa production de machines dans des pays à faible coût de main d'oeuvre. Le site de Gosselies en Wallonie a ainsi du réduire sa production et licencier 630 employés. La région est la plus pauvre de Belgique, et le chômage y touche 13,2% de la population active.
La baisse des ventes et de la production automobile à aussi été fatale à l'usine belge Saint-Gobain Sekurit, qui produisait du verre pour vitres et pare-brises dans la province de Namur. Sous-traitant pour Ford et Volvo, l'entreprise a été victime de la baisse des ventes de ces deux constructeurs depuis 2007 et de l'accroissement des parts de marché des concurrents asiatiques. 257 personnes ont ainsi été licenciées.
Le FEM apportera aussi assistance à trois entreprises belges du secteur métallurgique. 701 salariés des entreprises NLMK et Duferco, situées dans l'ancien bassin minier et sidérurgique du Hainaut, ont perdu leur emploi et bénéficieront de l'aide financière.
La Belgique a effectué une autre demande d'aide financière concernant les licenciements survenus au siège liégeois de ArcelorMittal. La production d'acier dans l'UE a chuté de 20,9% entre 2007 et 2013, et sa part de marché mondial a elle aussi diminué. La baisse de la demande secteur européen de l'automobile et la hausse du coût des matières premières dans l'union n'ont fait qu'accentuer le phénomène.
Les salariés licenciés de l'entreprise allemande, Aleo-solar, et d'une entreprise polonaise, Zachem, bénéficieront eux aussi de l'aide du FEM.
Le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (FEM) a été créé pour fournir un appui complémentaire aux travailleurs licenciés à la suite de modifications majeures de la structure du commerce mondial résultant de la mondialisation ou de la crise financière, et pour les aider à retrouver un nouvel emploi
Antoine Magallon et Gaëtan Plenet
Etat membre | Entreprise |
Nombre de salariés bénéficiaires |
Montant de l'aide |
Secteur concerné
|
Belgique |
Saint-Gobain Sekurit Benelux SA |
257 | 1 339 928 € |
Verre pour l'industrie automobile |
Belgique |
ArcelorMittal Liège S.A. |
910 | 1 591 486 € | Acier |
Belgique |
Caterpillar Belgium S.A. |
630 | 1 222 854 € | Fabrication de machines |
Belgique |
Duferco et NLKM |
701 | 981 953 € | Acier |
Allemagne |
Aleo Solar et deux filiales |
476 | 1 094 760 € | Modules solaires |
Pologne |
Zaklady Chemiczne Zachem et deux fournisseurs |
50 | 115 205 € | Industrie de la chimie |
Conservateurs, socialistes, libéraux, voire eurosceptiques : les familles politiques représentées au Parlement européen, à la Commission et au Conseil.
Les voies de la reprise de l’économie européenne et la réponse de l’Union aux menaces qui s’accumulent dans son voisinage dominent l’agenda de cette semaine de session parlementaire, au cours de laquelle Strasbourg reçoit mardi le roi Abdallah de Jordanie.
Lundi, Francfort et dix-sept banques centrales nationales de la zone euro entament leur programme de rachat massif d’obligations publiques sur le second marché. Destinée à restaurer la confiance, cette opération dite d’assouplissement quantitatif à hauteur de 60 milliards d’euros mensuels, intervient au moment où les indicateurs de la croissance, du chômage et de l’inflation se redressent. Néanmoins les banques nationales grecque et chypriote, les deux pays encore sous assistance financière, ne participent pas à ce lancement.
La Grèce et Chypre figurent en haut de l’ordre du jour de l’Eurogroupe, qui se réunit lundi soir à Bruxelles. Le ministre des finances grec Yanis Varoufakis devrait y préciser les mesures à court terme que son gouvernement entend adopter pour ouvrir la voie au versement de 7,2 milliards d’euros, toujours suspendus à la bonne fin du programme d’ajustement conclu avec ses créanciers publics. Le trésor grec, à court de liquidités, fait face à 4,2 milliards d’euros d’échéances d’ici à la fin mars. Pour recevoir la tranche d’aide à laquelle elle prétend, Chypre doit de son côté rassurer ses pairs sur la mise en œuvre d’une loi sur les saisies immobilières, différée depuis des mois.
L’Eurogroupe entendra également le ministre des finances français Michel Sapin, qui doit notamment lui exposer les mesures d’économies supplémentaires de 4 milliards qu’il envisage dès cette année pour se conformer aux recommandations de la Commission, que le Conseil Ecofin devrait avaliser mardi. Celui-ci devrait aussi atteindre un accord politique sur l’établissement du Fonds européen d’investissements stratégiques qui financera le “plan Juncker”.
La stratégie économique de l’Union, qui adjoint désormais ce projet de mobilisation de 315 milliards d’investissements à l’assainissement budgétaire et aux réformes structurelles, sera aussi en vedette à Strasbourg. Mardi, les eurodéputés adopteront le rapport législatif d’Alain Lamassoure (PPE, France) qui vise à attirer fonds de pensions, assurances et particuliers vers les investissements à long terme dans les infrastructures, les équipements et la recherche. Ils prendront aussi position sur la politique monétaire de la BCE, et sur son nouveau rôle de superviseur de l’Union bancaire.
Mercredi, les parlementaires débattront du prochain Conseil européen, qui clôture la première phase du semestre européen, devenu l’instrument principal de la coordination des politiques économiques et budgétaires. Ils adopteront à cette occasion trois résolutions réclamant une plus grande implication de parlements nationaux ainsi que des avancées rapides vers l’Union de l’énergie et l’Union des marchés de capitaux.
La réévaluation des relations de l’Union avec ses voisins de l’Est et du Sud, dont se saisira le Conseil européen des 18 et 19 mars, occupera aussi l’attention des députés tout au long de la semaine.
Lundi, le commissaire Hahn, en charge du dossier, débattra avec la commission des affaires étrangères du chantier de la révision de la politique de voisinage. Celle-ci devrait aussi adopter le rapport du français Arnaud Danjean (PPE) sur la politique de sécurité et de défense européenne, pour laquelle les chefs d’État et de gouvernement attendent des propositions de progrès décisifs en juin, au moins sur le terrain industriel.
Mardi, après avoir entendu le roi de Jordanie, dont le pays ploie sous l’afflux de réfugiés syriens et irakiens, les eurodéputés se saisiront des progrès des pays candidats des Balkans vers une adhésion désormais repoussée au delà de 2020. Ils se prononceront aussi jeudi sur le bilan peu convaincant de la politique étrangère de l’Union, qu’ils souhaitent « plus pro-active et crédible » après un débat avec Féderica Mogherini qui évoquera l’accord de coopération anti-terrorisme en cours avec la Ligue des États Arabes et l'assassinat de Boris Nemtsov, principale figure de l’opposition russe à Vladimir Poutine.
Le contentieux Union-Russie sur l’Ukraine s’invite d’ailleurs dès lundi à Strasbourg, puisque la session s’ouvrira par une question à Violeta Bulc, commissaire aux transports, sur les effets des contre-sanctions russes sur les transporteurs routiers. Le Parlement s’y fait le porte-parole d’une profession qui, à l’instar des agriculteurs, entend bien elle aussi être compensée des dommages qu’elle subit au nom des intérêts de l’Union.
Nicolas Serve