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La crise migratoire en trame de fond
Si la cause des droits des femmes rassemble, le débat s’inscrit dans un contexte de crise des migrants que l’Union européenne peine à gérer. Les clivages entre les États membres ainsi qu’entre les différents groupes politiques se sont exprimés tout au long de la session plénière.
La présidente de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres, la députée Iratxe Garcia Perez, S&D (sociaux démocrates) n’a pas cherché à nier ces divisions. « Il ne fait aucun doute que la crise des réfugiés est celle qui menace de détruire le projet européen lui-même » a-t-elle ainsi déclaré en débutant son intervention.
Certains députés ne se sont pas privés de critiquer le rapport d'initiative qui risquerait selon eux d'attirer davantage de migrants et cautionnerait un débat sur le genre. Très hostile au texte, l’eurodéputé Mireille D’Ornano, ENF (extrême droite) a conclu son discours en ces termes : « En tant que femme d'Europe, je suis attristée par l'utilisation pernicieuse que vous faites de la condition des femmes au nom de votre dictature morale. »
Ces réserves n’ont cependant pas empêché le rapport d’être adopté par les parlementaires.
Un long chemin est encore à parcourir
Le texte n’a cependant aucune valeur contraignante. Il ne s’agit que d’une incitation à agir. Le bureau de Mary Honeyball s’attend à ce que certaines mesures soient rapidement prises par les États membres concernant les aspects les plus urgents du dossier, à savoir la sécurité des femmes sur le terrain. D’autres, concernant par exemple l’intégration du genre dans les démarches des demandeuses d’asile, devraient prendre plus de temps.
Durant le débat, quelques voix n’ont pas manqué de dénoncer la faible capacité d'action de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres. Comme un rappel qu’au sein même de l’Union Européenne, le statut de la femme n’est pas toujours considéré. « Cela montre pourquoi nous avons encore besoin d’une journée internationale de la femme », conclut le bureau de Mary Honeyball.
Juliette Buchez
Chloé Duval
À l’occasion de la journée internationale de la femme, mardi 8 mars, les députés européens ont adopté un rapport visant à protéger les réfugiées et demandeuses d’asile. Si la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres voulait mettre la vulnérabilité de ces femmes en avant, le débat au sujet de la crise migratoire a souvent pris le dessus.
Selon le dernier rapport du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), les femmes et enfants réfugiés et demandeurs d’asile constituaient 55% des arrivées en Grèce en janvier et février 2016. Cette tendance est nouvelle puisque jusqu’alors, les hommes représentaient la majorité des arrivées sur le sol européen.
Mardi 8 mars, le Parlement européen a consacré la matinée de la journée internationale de la femme à un débat puis au vote d’un rapport d’initiative sur la situation des réfugiées et des demandeuses d’asile. Le texte présenté par l’eurodéputée Mary Honeyball (S&D, sociaux démocrates) a été adopté par 388 eurodéputés, 150 ont voté contre et 159 se sont abstenus.
Rappelant que les questions migratoires et les régimes d’asiles sont souvent examinés sous le seul angle masculin, le rapport d’initiative présenté au nom de la commission parlementaire aux droits de la femme et à l’égalité des genres interpelle la Commission européenne et les États membres sur l’urgence de déployer des dispositifs adaptés aux besoins spécifiques des femmes. Sont par exemple demandés, la présence d’interlocutrices féminines (enquêtrices et interprètes) formées à un dialogue avec des femmes aux profils très hétérogènes, l’accès à des soins de santé, une meilleure protection de leur intégrité physique, la possibilité de demande d’asile sans le conjoint et, plus simplement, des sanitaires, des douches et des logements séparés.
Une urgence constatée sur le terrain
Les acteurs au contact des réfugiées en France constatent également sur le terrain l’urgence de prendre des mesures pour mieux accueillir ces femmes, plus exposées aux violences, à la fois dans leur pays d’origine, lors de leur périple et à leur arrivée.
L’ONG Gynécologie Sans Frontières (GSF) intervient depuis le mois de novembre dans le Nord et le Pas-de-Calais. Au début de son action, elle identifiait environ 10% de femmes dans les camps de réfugiés, soit environ 500 à 600 femmes. « C’est indéniable qu’il y en a bien plus aujourd’hui » selon le gynécologue-obstétricien Richard Matis, vice-président de l’association. Amener les femmes à parler des violences qu’elles ont subies n’est pas chose facile. Les membres de GSF utilisent un jeu de cartes portant sur la sexualité afin de créer le dialogue et d’agir comme acteurs autant que comme soignants. « On commence à avoir des témoignages sur les violences, les avortements, les viols... »
Le constat est le même pour le collectif Réseau pour l’autonomie des femmes immigrées et réfugiées (Rajfire) qui accompagne près de 70 femmes par an dans leurs demandes d’asile à Paris et en Île-de-France. Les bénévoles écoutent et écrivent le récit de ces femmes pour constituer le dossier déposé à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). « Les femmes vivent à la fois le traumatisme de ce qu’elles ont subi dans leur pays, l’angoisse d’avoir laissé leurs enfants, la précarité de leur situation et l’incertitude de leur avenir, explique Claudie Lesselier, militante de l’association. Nous demandons que la sécurité des femmes soit garantie sur notre territoire. On a des témoignages de violence dans des centres d’hébergement et autour, dans la rue. »
La prise en compte de ces persécutions liées au genre constitue l’un des points centraux du rapport sur les demandeuses d’asile adopté par les parlementaires. Le texte invite à mieux prendre en compte les violences sexuelles et à caractère sexiste dans l’accueil des réfugiées et le processus de demande d’asile.
Visite à la treizième édition de la Foire internationale d'art moderne et contemporain de Karlsruhe
Enric Bonet
Christelle Pravixay, Elodie Troadec
Ce vendredi soir, c'est le coup d'envoi de la septième édition du festival Avant-Première, au sein de la Haute école des Arts du Rhin (Hear). Les étudiants, à l'origine de cette initiative, présentent des projets diversifiés, de l'édition au "tuning de fauteuils roulants". Présentation de trois des salles de l'exposition qui se tiendra jusqu'à dimanche.
La treizième édition de la Foire international d'art moderne et contemporain de Karlsruhe a ouvert ses portes ce jeudi 18 février. Plus de 50 000 visiteurs sont attendus jusqu'à dimanche à la deuxième foire d'art la plus importante de l'Allemagne. Un succès qui s'est consolidé en à peine une décennie.

La foire de Karlsruhe montre autant l'art d'avant-garde du début du XXeme siècle que les dernières tendences artistiques
Après des années d'hésitation, le galeriste strasbourgeois Frédéric Crozier, responsable de la Galérie Radial, s'est décidé de traverser le Rhin cette année. Il sera présent jusqu'à dimanche prochain à la treizième édition de la Foire internationale d'art moderne et contemporain de Karlsruhe, malgré ses réticences à participer à "cette foire immense où c'est très difficile de se faire une place". Fondé en 2003, ce salon artistique a réussit en à peine une décennie à devenir l'un des marchés artistiques les plus performants d'Allemagne.
Avec plus de 50 000 visiteurs attendus pour quatre jours, la Foire internationale de Karlsruhe réunit cette année près de 200 exposants sous les 35 000 mètres carrés du palais des expositions. Elle est ainsi coude-à-coude avec la foire de Cologne, l'autre grand marché artistique allemand, et talonne l'Art Basel, la référence mondiale. "Notre développement est remarquable. On a commencé avec seulement une salle d'expositions et 20 000 visiteurs", affirme Britta Wirz, la directrice du salon.
Une ascension fulgurante
"Je me souviens encore du climat de défiance auquel nous avons été confrontés lorsque nous préparions la première édition", explique Edward Karl Schrade, le commissaire artistique de la foire. La bonne gestion de ce prestigieux galeriste allemand a favorisé le développement du salon. Et notamment son pari d'exposer conjointement l'art d'avant-garde et les grands noms de la scène artistique actuelle. Lors de cette édition, les tableaux de l'artiste expressioniste allemand du début du XXeme siècle, Ernst Ludwig Kirchner, qui peuvent atteindre les 500 000 euros, côtoient les images du photographe brésilien Sebastiao Salgado.
Contrairement à la Documenta de Kassel, le grand festival d'art organisé tous les quatre ans en Allemagne, la foire de Karlsruhe "ne vise pas à exposer les tendances artistiques des prochaines années, mais à montrer des oeuvres de qualité que les visiteurs peuvent acheter", assure Britta Wirz. La foire profite en effet la bonne santé économique du Bade-Wurtemberg, région la plus riche d'Allemagne, où "prédominent les entreprises familiales, une structure économique favorisant la présence de petits collectionneurs d'art", affirme-t-elle.
Un pont franco-allemand
"Dans le monde de l'art, Karlsruhe représente un pont entre la France et l'Allemagne", explique la galeriste parisienne Cécile Charron. Nombreuses sont les galeries françaises qui viennent au salon, afin de se faire une place dans le performant marché artistique allemand. C'est le cas de la galerie Colmar Rémy Bucciali, dont les ventes en Allemagne représentent 30% de son chiffre d'affaires. Rémy Bucciali, le propriétaire de la galerie, explique qu'il n'a raté aucune édition de la foire depuis l'origine, car celle-ci "se situe dans une localisation privilégiée entre la frontière française, allemande et suisse".
"Il y a dix ans, je vendais à peine cinq oeuvres à Karlsruhe et maintenant presque une trentaine", se réjouit le galériste parisien Roy Sfeir. Il attribue ce succès à la grande assiduité d'un public amateur, qui n'est pas obnubilé par les grand noms artistiques. "Le public allemand s'investit plus facilement vis-à-vis des nouveaux artistes et il réfléchit moins son acte d'achat", affirme le strasbourgeois Fréderic Crozier, qui espère que sa première participation à la foire sera un succès.