Vous êtes ici

Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.

Véritable déflagration. Lorsque Julien Assange, à la tête de Wikileaks, publie en 2010 des documents confidentiels révélant certaines dérives de la politique militaire américaine et des crimes perpétrés en Irak et en Afghanistan, il secoue le monde entier. Condamné par les États-Unis pour espionnage, il se réfugie d’abord dans l’ambassade d’Équateur à Londres, avant de finir incarcéré en 2019 dans une prison anglaise. Il fait aujourd’hui l’objet d’une procédure d’extradition vers les États-Unis, où il encourt 175 ans de prison. Mais les énièmes rebondissements de cette affaire tentaculaire ont fini par perdre l’opinion publique. Quatorze ans plus tard, plus grand monde ne semble s’inquiéter du sort de Julien Assange, ou presque. Au parlement européen, une petite poignée de députés tente de faire porter sa voix à travers une exposition : L’affaire Assange : prix et distinctions.

« Cette exposition est une manière de témoigner un soutien institutionnel à travers le parlement européen », affirme Sabrina Pignedoli entre un bout de sandwich et un verre de jus d’orange. Attablée à la cafétéria du parlement, ce jeudi midi, la députée italienne du Mouvement 5 étoiles est de passage à Strasbourg pour assister aux séances plénières. D’une pierre deux coups, Sabrina Pignedoli a profité de ce séjour express pour alerter sur la détention du fondateur de Wikileaks.

« Les patrons des institutions européennes ne sont pas très solidaires »

Cette exposition est aussi « une manière de souligner notre soutien à Julien Assange en attendant le 20 février », assure Sabrina Pignedoli. Date décisive, le 20 février sonne l’alarme de l’ultime appel de Julien Assange pour empêcher son extradition. La Haute-cour britannique statuera au terme de deux jours d’audience sur la recevabilité de l’appel du journaliste incarcéré. En cas de refus, Julien Assange a la possibilité de contester la décision auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, mais cette possibilité reste encore très compromise, car elle dépend du respect de la procédure de la part du Royaume-Uni.

Une affiche de l'AFGES placardée sur le campus de l'Esplanade, le 7 février. © Jade Lacroix

« Nos entreprises n’en peuvent plus », alerte Benoît Ostermann, secrétaire général adjoint de la fédération française du bâtiment du Bas-Rhin (FFB67). Le 6 février, les FFB ont envoyé des lettres à leur préfet dans chaque département. Ils réclament des mesures de la part de l’État pour sortir leur secteur d’une crise qui semble s’installer, après avoir lancé une première alerte en septembre. Ils demandent le retrait de la hausse de la fiscalité du gaz non-routier, le rétablissement du prêt à taux zéro pour la construction de logements et la simplification du dispositif MaPrimRenov. Ils attendent aussi plus de commandes de logements neufs de la part des pouvoirs publics.

Benoît Ostermann dénonce une situation aberrante. « Il y a 2,4 millions de ménages en attente de logement social, et ceux qui y habitent aimeraient sûrement en sortir. Il faut construire plus, mais les gens ne peuvent pas acheter à cause de la hausse des taux d’intérêt et des coûts de construction. » Pour lui, « 80 % des solutions peuvent venir de l’État. Aujourd’hui, le bâtiment est oublié, il est nié, c’est une erreur. Réindustrialiser la France c’est bien, mais où loger les gens qui vont la réindustrialiser ? Quand on prend un emploi la première chose qu’on regarde c’est le logement ». La fédération observe un nombre de mises en chantier au plus bas depuis 1991, les carnets de commandes se vident.

1500 emplois supprimés dans le Bas-Rhin

Dans le Bas-Rhin, les professionnels du secteur qui emploie environ 30 000 personnes constatent aussi une baisse d’activité. « En 2023 dans le département on a déjà perdu 1 500 emplois », poursuit Benoît Ostermann. « Ces gens qui perdent leur emploi on ne le voit pas, c’est dans les petites entreprises ». Et selon lui, dans les crises, « ce sont les entreprises de gros œuvre qui prennent en premier, on a déjà des défaillances chez nous ».

Yassine Maadjou est chargé de projet chez Intéris, une entreprise locale d’intérim qui travaille surtout avec des PME. Il constate une certaine baisse d’activité, surtout dans le secteur du gros œuvre : « si l’année passée on me demandait 50 profils, aujourd’hui c’est plutôt 20 » par semestre. Une partie de ceux que son entreprise plaçait ont dû chercher du travail ailleurs. « On a des gars qui vont dans le tertiaire, ou dans les supermarchés ».

Changer d’activité, « c’est infaisable »

Si certains intérimaires sont contraints de se recycler, il est plus difficile pour une entreprise de changer de secteur d’activité. Benoît Ostermann explique que les entreprises du gros œuvre ont été incitées à se positionner sur le marché de la rénovation énergétique. « Ce marché on nous l’a vendu comme un paradis mais ça ne l’est pas. Les clients n’ont pas d’argent pour investir dans leur logement et il n’y a pas assez d’accompagnateurs pour MaPrimRenov », le dispositif qui aide les particuliers à rénover leur logement en leur versant une prime. Les entreprises de gros œuvre possèdent aussi des engins lourds qu’elles doivent rembourser, elles emploient des travailleurs avec des compétences spécifiques. Dans ces conditions il semble impossible de réorienter son activité d’après le secrétaire général adjoint de la FFB67 : « c’est ridicule, ça n’a aucun sens, c’est infaisable ».

Hervé Kintzelmann dirige une entreprise spécialisée dans le gros œuvre, Construction Kintzelmann à Dettwiller, qui emploie 16 salariés. Si son carnet de commandes n’est pas vide, il l’explique surtout par la multi-activité. Spécialiste de la construction de logements neufs, il travaille aussi dans la rénovation. Pour autant, il ne peut pas laisser son activité de construction de côté, « lorsqu’on a du matériel de coffrage ou des grues de chantier, il faut les faire tourner sur de la construction ». Avec un secteur en difficulté, il est pourtant amené à « limiter les prévisions d’investissement » pour le matériel de construction, sans pouvoir abandonner le secteur.

Max Donzé

Édité par Jade Lacroix

« Ces propos sont clairement diffamatoires mais on ne les calcule pas, on ne veut pas faire monter les tensions », tempère, tracts en mains devant le Studium, le président de l’EMF Fahad-Raja Muhammad. Il a repris l’association il y a six mois et c’est la première fois qu’il participe à une élection Crous. « Le climat est clairement tendu. Il y a de la violence des deux côtés, pas que de l’UNI. Nous, on fait des prises de paroles pour apaiser tout le monde, on dit aux adhérents de faire attention et on essaye de profiter au maximum de ce moment », explique-t-il.

Du côté de l’Alternative étudiante Strasbourg (AES), Rayane Slimani, le porte-parole de l’association, se rappelle de moments de tensions lors des blocages liés à la réforme des retraites : « On s’est senti en danger. Il y a eu des insultes, des intimidations physiques de la part de l’UNI. » L’étudiant en physique, membre de l’AES depuis 2022, ne connaissait pas l’organisation en arrivant à Strasbourg en 2021. « Depuis cette rentrée, on les voit plus, au niveau de la fac de droit, de Sciences Po. J’ai peur pour mes camarades. Mais ça donne encore plus de sens à notre mobilisation. On doit tout faire pour que l’UNI n'ait pas de siège », assure-t-il en regardant d’autres membres tracter devant le restaurant universitaire de l'Esplanade. 

« L’UNI tracte devant l’assemblée générale »

Le 7 février, une assemblée générale sur la loi immigration rassemblait plusieurs organisations syndicales à l’Institut Le Bel sur le campus. Solidaires, qui y est alors présente, indique, peu de temps avant la réunion, mettre en place un barrage filtrant. En plus, trois agents de sécurité, sous contrat avec l’université, surveillent les alentours. À l’intérieur, la réunion commence avec du retard. Rapidement, les violences récentes sont inscrites à l’ordre du jour. Un syndicaliste de la CGT, dont les cheveux blancs contrastent avec la cinquantaine d’étudiants réunis, prend la parole et propose de voter une motion pour condamner les violences, autant celle devant le restaurant univeristaire que l’agression antisémite. Rapidement, le débat se concentre sur ce premier épisode. Certains étudiants argumentent sur l’absence d'un caractère discriminatoire. D’autres sur l’UEJF qui serait « problématique » de par notamment son soutien à Israël. La motion qui condamne les deux violences ne sera finalement pas votée. 

S’ensuivent différents points, avant qu’une nouvelle commence à circuler dans les rangs : des membres de l’UNI seraient devant les portes. Un étudiant présent raconte : « La personne qui gère la parole à la tribune a expliqué que les membres de l’UNI tractaient dehors. Plusieurs personnes de Solidaires et de FSE sont sorties pour les empêcher. La majorité a décidé de continuer la réunion et de ne pas sortir.» Mais finalement, aucun membre de l’UNI n’était présent devant l’amphithéâtre de l’Institut Le Bel, évitant ainsi une nouvelle altercation.

Jade Lacroix

Édité par Adélie Aubaret

 

Le communiqué indique qu’un « militant a été roué de coups pendant de longues minutes » et qualifie Solidaires de « révolutionnaires du dimanche » et de « voyous ». L’organisation dit également avoir alerté la police. Une information que confirme Solidaires. Contacté sur l’altercation, l’UNI n’a pas répondu à nos sollicitations. 

Une réaction mesurée de l’Université et du Crous

À la suite de l’altercation, qui a lieu devant sa résidence et son restaurant universitaire, le Crous de Strasbourg a publié un communiqué le 6 février. Il rappelle que « toute forme de violence, de diffamation ou de manipulation est strictement prohibée ». 

Un communiqué auquel a répondu Solidaires sur le même réseau social : « Comme c’est simple de cacher son immobilisme derrière la condamnation de la violence sans jamais condamner les auteurs ni leurs idées réactionnaires. » Contactée, l’Université nous a indiqué qu’elle allait recevoir les étudiants concernés pour en savoir plus et réaliser un message commun avec le Crous.

L’association SOS France Victimes 67 a l’habitude d’intervenir auprès des étudiants. Elle organise des ateliers de prévention en majorité sur les violences sexistes et sexuelles. Elle tient aussi une permanence à la Maison de la proximité, juste en face du campus de l’Esplanade. « Je suis en poste depuis 5 ans et c’est la première fois qu’il y a de telles violences entre les organisations syndicales », s’étonne Faouzia Sahraoui, directrice générale de l’association.

Une agression antisémite une semaine auparavant

En une semaine, ce n’est pas la première agression physique qui a eu lieu sur le campus de l'Esplanade. Dans la nuit du dimanche et du lundi 29 janvier, trois étudiants juifs ont été agressés alors qu’ils étaient en train de coller des affiches appelant à la libération des otages du Hamas en Israël. Un des trois étudiants, membre de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), a été roué de coups. Selon les victimes, le groupe a été injurié de « fascistes sionistes » à plusieurs reprises. Lundi 29 janvier, les trois étudiants ont déposé plainte, pour « violences aggravées » et « injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion ou de son origine », relate Rue89 Strasbourg. 

Solidaires se veut anti-raciste et affiche clairement son soutien à Gaza. Au contraire de l’UNI, qui recouvre fièrement de ses affiches les messages « Halte au massacre à Gaza ». L’organisation avait vivement réagi suite à l’agression jugée antisémite : « Une fois de plus, l'islamisme a frappé des étudiants juifs sur le campus de l’université .» Dans la publication, elle avait apporté son soutien aux victimes et avait incité à voter « contre l’islamo-gauchisme ». L'organisation est soutenue par les figures de l’extrême-droite locale. Sur X (ancien Twitter) le compte Haut-Rhin du parti politique d’Eric Zemmour, Reconquête!, appelait à voter pour UNI dans un post daté du 1er février. Tout comme le responsable Rassemblement national de la 3e circonscription du Bas-Rhin. 

Un climat de tension ressentie par les autres organisations 

Dans un communiqué publié sur son compte, l’UNI assimile l’association des Étudiants musulmans de France (EMF) aux Frères Musulmans. Elle accuse : « L’EMF adopte une allure respectable [...] mais pour camoufler en réalité sa volonté d’islamiser progressivement le campus. »

Pages