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Toujours out

Les relations entre la Turquie et l’Union européenne sont tendues depuis plusieurs années. Cette semaine, les eurodéputés ont critiqué le recul de la démocratie et des libertés dans le pays. 

« Il faut que la Turquie retrouve le chemin de la démocratie ». L’eurodéputé espagnol Nacho Sánchez Amor (S&D, sociaux-démocrates) a donné le ton du débat sur les relations entre cet Etat et l’Union européenne qui s’est tenu mardi 18 mai à Bruxelles. Les eurodéputés ont pointé la « régression des libertés fondamentales et des droits de l’homme » qui éloigne de plus en plus le pays des objectifs d’adhésion.

La Turquie est candidate pour intégrer l'Union européenne depuis 1987. Les négociations, d’abord fructueuses, ont connu un premier coup d’arrêt au milieu de la décennie 2000, lorsque certains gouvernements européens ont commencé à se montrer hésitants sur l’opportunité d’un élargissement turc. Puis les relations se sont considérablement dégradées après la tentative de coup d’Etat en Turquie en 2016, qui a conduit à la dérive autoritaire du régime du président Recep Tayyip Erdogan. Les critiques du Parlement interviennent à un moment où les relations tendent à s'apaiser, notamment suite à la visite du président du Conseil, Charles Michel, et de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, le 6 avril dernier à Ankara. 

Divisions autour du processus d’adhésion 

Si tous les groupes politiques s'inquiètent du recul des libertés en Turquie, certains parlementaires veulent durcir le ton. L’eurodéputée allemande Öezlem Demirel (GUE/NGL, extrême-gauche) demande ainsi à ce que « les violations des droits de l’homme aient plus de conséquences ». L’eurodéputé français Arnaud Danjean (PPE, centre-droit) va encore plus loin en appelant à « mettre fin au mythe du processus d’adhésion ». 

Pour la majorité des eurodéputés, il n’est toutefois pas question d’arrêter les négociations : le processus se poursuit mais ils ont fait savoir qu’ils resteraient vigilants sur le dossier. « Avoir les Turcs sur la liste d’attente et engagés dans le processus d’adhésion permet de garder un instrument d’influence sur les positions internes de la Turquie, en usant tour à tour du bâton et de la carotte » estime ainsi l’eurodéputé polonais Witold Jan Waszczykowski (ECR, conservateurs), en accord avec la stratégie jusqu'ici privilégiée par la Commission européenne.

Séverine Floch

Vue d'aidant

Ce mercredi 19 mai, le Parlement européen a interpellé la Commission sur les conflits d’intérêts du Premier ministre tchèque Andrej Babis. Les députés demandent plus de transparence et de contrôle dans l’allocation des fonds européens. 

« Babis ne peut pas être à la fois un oligarque, un Premier ministre et le plus grand bénéficiaire des fonds de l'Union européenne en République Tchèque », a martelé l'eurodéputé roumain Siegfried Muresan (S&D, sociaux-démocrates). Lors d’un débat organisé le 19 mai, les eurodéputés ont interpellé la Commission sur les conflits d’intérêts du Premier ministre tchèque, Andrej Babis. Celui-ci a fait fortune grâce à sa holding Agrofert, leader de l’agro-alimentaire dans son pays. Entré au gouvernement en 2017, il avait alors annoncé renoncer à la propriété d’Agrofert. Cependant, en 2018, des documents révèlent qu’il est dans les faits toujours à la tête du conglomérat et, qu'en tant que Premier ministre, il aurait influencé l’attribution de subventions européennes en sa faveur. En 2019, l’Union européenne a demandé le remboursement de 17,4 millions d’euros de fonds européens ainsi mal perçus. 

Divers audits et missions d’observation de la Commission et du Parlement européen ont mis en avant un problème plus global de manque de transparence sur les destinataires des aides européennes. Aujourd’hui, aucune législation ne permet de savoir qui sont les réels bénéficiaires des fonds européens : « nous sommes en train de travailler sur les bases de données pour mieux savoir qui ils sont, nous avons besoin d’un registre transparent », explique l’eurodéputé tchèque Tomás Zdechovsky (PPE, centre-droit). 

De son côté, l’eurodéputée allemande Monika Hohlmeier (PPE, centre-droit) regrette que « sur cette problématique qui est récurrente, on ne parvient toujours pas à s'entendre sur une réglementation solide ». Avec d’autres parlementaires, elle réclame la mise en place d’un mécanisme de contrôle plus strict pour éviter les conflits d’intérêts. 

L’ONG Transparency International EU partage les préoccupations des députés. Mais, pour le directeur adjoint de l’organisation, Nicholas Aiossa, « des mesures existent déjà et la Commission pourrait les utiliser pour augmenter la transparence. Il semble surtout y avoir un manque de volonté politique ». 

Depuis 2018, les députés européens adoptent des résolutions pointant les détournements de fonds agricoles en Tchéquie. « Nous sommes tous d’accord [au Parlement] : la Commission et les États devraient maintenant agir » estime Viola Von Cramon-Taubadel, députée allemande (Verts/ALE, écologistes). Le Parlement a prévu de voter une nouvelle résolution à ce sujet lors de la prochaine session plénière en juin, afin de presser la Commission à, enfin, passer à l’action.

Clara Pierré

Religion : sorcière

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