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Depuis deux ans, Laurent et Vanessa Fenin tentent de trouver un terrain pour installer leurs deux tiny houses mais se heurtent aux refus systématique des communes bas-rhinoises. © Enzo Dubesset

Des centaines d'années de guerre, des dizaines d'années d'amitié : les Français et les Allemands se retrouvent depuis toujours confrontés l'un à l'autre. Il n'est pas surprenant s'ils ont aussi chacun eu une influence particulière sur la langue du pays voisin. Maike Daub vous donne quelques exemples en vidéo.

Marie Failla construit sa tiny house à Koenigshoffen © Eiman Cazé

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Depuis six mois, Marie Failla a décidé de construire sa propre tiny house. Un des adhérents de l'atelier partagé de la Fabrique à Strasbourg lui vient en aide. © Enzo Dubesset 

Deux générations qui ne cohabitent pas

Le couple ne retrouve même plus l’esprit qu’ils ont connu au début de leur aventure. Ils parlent même d’un "remplacement" d’une génération par une autre : "Il y a deux ans, sur les groupes Facebook, on ne voyait que des gens comme nous, des minimalistes qui font ça par nécessité, qui construisent leurs tiny grâce à des chantiers participatifs. Aujourd’hui, c’est devenu du business. Des gens s’inspirent de notre modèle pour faire du Airbnb", soupire Laurent. Cette amertume les a même poussés à quitter ces fameux groupes, qui forment pourtant le cœur de la communauté tyniste, et à refuser les visites de leur propre micro-maison. 

La difficulté croissante pour trouver des terrains ne refroidit pas les espoirs des plus jeunes et les vidéos Youtube narrant les aventures des "digital nomads" font toujours autant de vues. Quand on évoque le sujet avec elle, Maria, la future tyniste lève les yeux au ciel : "Ça, c’est la grosse question. On a déjà demandé à quatre communes si on pouvait s’installer chez eux. Les quatre nous ont toutes refusées."

Enzo Dubesset et Eiman Cazé 

"Gitans, clodos, marginaux…"

Mais Laurent et Vanessa en sont convaincus, un autre phénomène, plus insidieux, est à l’origine des multiples refus qu’ils ont essuyés : la connotation, pas toujours positive, des habitats alternatifs. "On nous a fait des remarques comme quoi on était des gitans, des clodos, des marginaux…  Ou alors c’était inverse, on nous prenait pour des gens aisés, et donc on cherchait à nous arnaquer", déplore Laurent. Et Vanessa de renchérir : "On nous proposait 150 euros pour un simple pré qui vaut à peine dix balles l’année. On nous disait que ce prix pour un rêve, c’était rien. Personne ne comprend que, pour nous, ce n’est pas un rêve".

Un casse-tête administratif

La question émergente des habitats alternatifs relève effectivement du casse-tête pour les élus. Un technicien chargé de l’aménagement et de l’habitat dans une communauté de communes du nord du département, qui préfère conserver l’anonymat, se défend de tout immobilisme : "Nous sommes ouverts à ce genre de questions, c’est un vecteur d’attractivité". Néanmoins, il ne cache pas avoir donné un avis négatif à plusieurs maires l’ayant consulté sur le sujet. Pour se justifier, il pointe du doigt la question de l’équité fiscale – les habitants de tiny house ne payant pas de taxe foncière – et celle du Plan local d’urbanisme (PLU) "qu’il faudrait réviser alors qu’on a déjà mis quatre ans à l’élaborer."

Laurent et Vanessa ont essuyé 62 refus d'installation sur un terrain depuis qu'ils se sont lancés dans leur projet il y a deux ans  © Eiman Cazé

Le choix de l’illégalité

Désespéré, Laurent se déclare être prêt "à aller sur le prochain terrain où le propriétaire sera d’accord, même sans l’autorisation de la mairie" quand Vanessa envisage "d’écrire une lettre à la préfecture" pour faire connaître leur situation. "On pense que notre cause est juste et on a l’impression d’avoir tout fait, d’avoir épuisé toutes nos cartouches", résume l’artisan.   

Ce choix de l’illégalité, Lars Herbillon, l’a déjà fait depuis plusieurs mois. Il vit aujourd’hui sur une parcelle agricole, aux confins d’une commune dont le maire ignore sa présence et tente de garder son optimisme : "Ça me fait pas peur je trouverai une solution le temps voulu. Je suis flexible, s’il me faut quitter l’Alsace, alors je le ferai."

Pour le jeune homme de 20 ans, cette situation s’explique par la volonté des mairies "d’éviter les précédents juridiques". S’ils acceptent une tiny house, "ils font une exception au plan local d’urbanisme et ne seront plus en mesure de dire non aux autres", explique-il. Et de pointer un problème de génération : "Souvent, les maires ne sont pas les plus jeunes, donc ce ne sont pas les plus tournés vers l’avenir. Les tiny, pour eux c’est l’inconnu, donc ça leur fait peur."

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