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Michel Barnier et les eurodéputés se sont accordés sur un point : le Royaume-Uni est un partenaire stratégique et doit le rester. Mais pas à n’importe quel prix. "Je continuerai, avec détermination, à défendre l’intégrité du marché unique", a martelé le Français. Dans l’hémicycle, les questions de la pêche et des services financiers ont marqué les débats sur les contours d’un futur accord.

L’accès aux eaux renégocié ?

Premier sujet qui a inquiété les députés dans l’hémicycle : la pêche. Michel Barnier l’a rappelé lors du débat : "L’accès réciproque des eaux territoriales et des marchés sera un point indissociable de l’accord de commerce." "La question de la pêche est certainement le problème le plus urgent du dossier du Brexit", abonde Manuel Pizarro, député (S&D, sociaux-démocrates).

"Il faut continuer à parler du Royaume-Uni comme un partenaire et non comme un concurrent commercial." L’eurodéputé Barry Andrews (Renew Europe, centre libéral) a résumé, mardi 11 février, l’ambition des parlementaires pour la définition des futures relations avec le Royaume-Uni. Le débat a donné lieu mercredi à l’adoption d’une résolution par 543 voix contre 39 fixant les lignes rouges du Parlement européen, devant Michel Barnier. Présent dans l’hémicycle lors des discussions, le négociateur en chef de l’Union européenne a rappelé l’issue possible des prochaines négociations : "Si nous ne trouvons pas d’accord, ce ne sera pas le statu quo." Après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 janvier, les deux parties ont en effet jusqu’au 31 décembre pour définir leurs futures relations, notamment commerciales.

Présentation : Sophie Mercier
Rédaction en chef : Stacy Petit

Au sommaire de cette édition :

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Johan Van Overtveldt (gauche), le président ECR de la commission parlementaire du budget et le rapporteur PPE José Manuel Fernandes (droite), ont présenté mardi 11 février leur vision du budget de l'UE.  © Claire Birague

L’eurodéputée néerlandaise Tineke Strik (Verts) dans son bureau du Parlement européen, à Strasbourg. © Lucie Caillieret

Les eurodéputés ont débattu, mercredi 12 février, de la situation migratoire aux frontières extérieures de l’Union. Face aux accusations de violents refoulements à la frontière croato-bosniaque, l’eurodéputée Tineke Strik s’est rendue sur place avec deux autres collègues du groupe Verts/ALE. L’élue néerlandaise dresse un bilan alarmant. 

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La Commission européenne propose un budget à hauteur de 1135 milliards d'euros, soit 1,1 % du Revenu national brut. © Léa Giraudeau

En 2019, selon le Conseil, 14 000 personnes ont franchi illégalement des frontières sur la route des Balkans. Qu'avez-vous constaté lors de votre mission d'observation à la frontière croato-bosniaque début février?

C’était la seconde fois que je me rendais en Croatie et en Bosnie depuis mars 2019 et j’ai le sentiment que la situation est identique, voire qu’elle a empiré. Particulièrement au niveau des violences, désormais communément admises par tout le monde, à l’exception du gouvernement croate. Nous avons rencontré des mineurs et des familles qui nous ont dit avoir été blessés par les militaires qui les avaient refoulés. Cette violence envers les migrants est inexcusable. 

Mercredi 12 février, le Parlement européen a rejeté la proposition de la Commission autorisant l’introduction de plomb dans le plastique recyclé.

C'est un camouflet pour la Commission européenne. Alors qu’elle souhaitait autoriser l’introduction de plomb comme stabilisant dans le PVC recyclé, elle a été désavouée par une importante majorité au Parlement (394 voix pour), mercredi 12 février.

Ajouter du plomb dans le processus de recyclage du plastique est actuellement interdit. La mise en décharge ou l’incinération étant, selon la Commission, plus dommageable pour l’environnement et ne réduit pas les risques sanitaires pour le consommateur. La Commission proposait de lever l’interdiction afin d’encourager l’industrie plastique à recycler davantage.

Une justification trop faible pour le Roumain Martin Hojsík (Renew Europe, centre libéral). Il craignait que la proposition de la Commission provoque "un cercle toxique plutôt qu’un cercle vertueux". Pour lui, les principes de l’économie circulaire peuvent se retourner contre les citoyens si les précautions sanitaires ne sont pas suffisantes : "Un plastique contaminé au plomb dans une économie circulaire. C’est du plomb en boucle pour les consommateurs." L’économie circulaire - modèle économique prônant le réemploi des déchets pour produire de nouveaux biens - fait partie des priorités de la Commission depuis 2015 et l’adoption d’un plan d’action soutenu par un investissement de 10 milliards d’euros.

Ces mesures demeurent, aux yeux de l’eurodéputée belge (S&D, sociaux-démocrates) Maria Arena, nettement insuffisantes. Elle critique une Commission qui "ne fait pas assez bien en terme de management des produits chimiques. Trop souvent, elle demande d’autoriser des produits chimiques par simple manque d’informations".  Les deux eurodéputés ne cachent pas leurs critiques vis-à-vis de l'équipe d'Ursula von der Leyen, qu’ils jugent trop dépendante du volontarisme des entreprises.

Comment améliorer la situation ? Première proposition des eurodéputés : favoriser le recyclage chimique, à même d’écarter le plomb du PVC. Un minimum pour Martin Hojsík, d’autant plus que la nouvelle Commission entend se montrer "leader dans l’innovation environnementale" comme elle l’a déclaré lors de se présentation du Green Deal. Cette nouvelle stratégie de croissance, portée par la Commission et un investissement de 100 milliards d’euros, vise l’avènement d’une économie européenne neutre en émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Valentin Bechu

"Il y a besoin d’un renforcement du cadre légal"

D'autres voix, à l'inverse, réclament une régulation plus forte, autant au niveau de la mise sur le marché des IA que de la surveillance des données. Les Verts considèrent que la réglementation est vertueuse pour l'innovation dans cette industrie : "La régulation mène à l'innovation. Avec de nouvelles normes naissent de nouvelles réponses, affirme Petra de Sutter, l’eurodéputée belge. Une législation européenne pourrait être précurseure en matière de standards sur l’intelligence artificielle et pourrait inspirer la Chine et les États-Unis."

Représentant des consommateurs à Bruxelles, Johannes Kleis, directeur de la communication sur le numérique au Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) détaille : "Le consommateur doit être informé dès qu’une donnée est utilisée, par qui et pourquoi. L’important c’est qu’un consommateur sache vers qui se tourner en cas de problème. C’est pourquoi il y a besoin d’une surveillance et d’un renforcement du cadre légal."

La balle est à présent dans le camp de la Commission. Les eurodéputés souhaitent voter une nouvelle réglementation d’ici à la fin 2020. Ils pourront alors juger si leurs demandes ont été entendues par l’exécutif européen.

Léo Bensimon et Guillaume Carlin

 

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