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Politiquement, l’Union européenne est au point mort. Et il ne faut pas compter sur la France pour relancer le débat constitutionnel. Depuis le 29 mai 2005 et jusqu’en juin 2007, Paris est aux abonnés absents pour cause de “non” et d’élections intérieures. C’est pourtant à la France, qui prendra la présidence de l’Union en juillet 2008, qu’il incombera de trouver un compromis sur la réforme institutionnelle. Ainsi en a décidé le Conseil européen en juin 2006. Pendant six mois, Paris mènera les négociations avec une obligation politique de résultat. S’en donne-t-elle les moyens ? Fin 2004, soucieux du déficit d’information des Français sur l’Union, Jean-Pierre Raffarin avait commandé un rapport au député Michel Herbillon. Après six mois d’enquête, le diagnostic de fracture remis à Dominique de Villepin au lendemain du référendum est sans ambiguité : « Pour l’homme de la rue « l’Europe, c’est loin », dans la mesure où les affaires européennes demeurent des affaires étrangères dans les esprits, dans les structures gouvernementales comme au Parlement et dans les médias.»

« Une simple réforme sémantique »
Le 17 octobre 2005, Matignon s’en inspire dans un décret qui veut améliorer la transparence du travail gouvernemental au sein de l’UE. Il revitalise le Conseil interministériel pour les questions de coopération économique européenne, rebaptisé “Comité interministériel sur l’Europe” (CIE). Sous la houlette du premier ministre, il réunit une fois par mois les ministres des Affaires étrangères, de l'Economie, et des Affaires européennes, ainsi que ceux «concernés par l’ordre du jour». Une composition qui date à peu près de sa création en... 1948. Son secrétariat général, qui, depuis plus d’un demi-siècle, coordonne au niveau administratif les positions françaises sur chaque dossier examiné par le Conseil de l’Union, devient le Secrétariat général pour les affaires européennes (SGAE). « C'est une simple réforme sémantique qui ne fait que perpétuer une structure inadaptée », se désole Jean-Luc Sauron, haut fonctionnaire et ancien conseiller juridique du SGCI, l’ancêtre du SGAE. Selon lui, l’existence même du CIE est « un aveu ». La politique européenne devrait figurer à l’ordre du jour du conseil des ministres, chaque mercredi. L'Union encadre en effet près de 80% des compétences de ceux et celles qui y siègent: les affaires européennes sont des affaires internes.

Un ordre de bataille obsolète
SGAE et Représentation permanente à Bruxelles, chargée de mener les négociations au jour le jour : la « gouvernance européenne » de la France repose pour l’essentiel sur ces deux bastions administratifs, terrains de manoeuvre des grands corps de l’Etat, connus des seuls initiés. Conçue à une époque révolue pour faire triompher à la hussarde les intérêts de la République dans la Communauté, à l’heure du Conseil tout puissant, du veto roi et de la domination française, la superbe machine de guerre affiche de beaux restes. Mais les deux séismes causés par l'Acte unique de 1986 puis la chute du Mur en 1989, ont disloqué sa raison d’être et exposé l'anachronisme dangereux de son monopole. En multipliant, pour construire le marché intérieur à marche forcée, les domaines de vote à majorité qualifiée, et en transférant parallèlement un pouvoir législatif croissant au Parlement européen, l’Acte Unique a rendu obsolète son ordre de bataille. L'effondrement du mur de Berlin, redessinant les frontières du continent jusqu’aux confins de l’Asie centrale, a fait déferler sur elle une mondialisation qui remise son rêve d’Europe tricolore au magasin des archives. Qu’importe ! Sur un terrain de jeu récemment élargi, la France s’essaie à une tactique périlleuse: jouer avec de nouvelles règles sans changer la composition de son équipe. Quitte à risquer les cartons rouges.  

 

Paris-Bruxelles, match retour

24 décembre 2006

Politiquement, l’Union européenne est au point mort. Et il ne faut pas compter sur la France pour relancer le débat constitutionnel. Depuis le 29 mai 2005 et jusqu’en juin 2007, Paris est aux abonnés absents pour ...

Le meneur de jeu

24 décembre 2007

Le Secrétariat général des Affaires européennes

Carton rouge

24 décembre 2007

78 millions d'euros pour des poissons trop petits. C'est la sanction record infligée par la Cour de Justice et réglée en 2006 par le contribuable français. La faute à qui ? Ou comment la tête qui décide ignore la ...

Il faut signaler le caractère très ciblé de la percée de Tuncer Saglamer. Le bureau de vote 603, celui où l'abstention est la plus forte de tout Strasbourg, est également celui où le chef de file du Mouvement citoyen de Strasbourg réalise son meilleur résultat. Il y a donc un fort lien entre l'abstention élevée – observée dans les quartiers où la population issue de l'immigration est importante – et le vote pour Saglamer. Ceci est notable dans plusieurs autres bureaux de vote du canton : 602, 604,612, 613, 615, 616, 618. Tuncer Saglamer, dirigeant d'une agence immobilière né en Turquie en 1970, considère sa liste comme ''citoyenne'' et non communautaire. Cependant, c'est là où la population musulmane d'origine turque est très présente que les résultats de sa liste sont les meilleurs. A la Cité nucléaire de Cronenbourg, qui compte une grande communauté turque, elle rallie 20,6 % des suffrages dans le bureau 602 et 23,8 % dans le 603. Les résultats de la liste de Tuncer Saglamer sont en revanche négligeables là où l'abstention est plus faible (1,4% et 9 voix dans le bureau 606). C'est-à-dire dans les quartiers moins populaires et où la population issue de l'immigration extra-européenne est moins nombreuse.

Nathan Kretz
Sous la direction de stephanie peuriere
Assistance technique : Guillaume Bardet
Merci a françois delencre


Autre fait, observable dans d'autres quartiers de Strasbourg (Meinau et Montagne-Verte par exemple) : le Front national réalise des scores plus importants dans les zones pavillonnaires situées à proximité des quartiers très populaires que dans les cités elles-mêmes. Ainsi, dans le bureau 606, le FN réalise 4 points de plus que dans le 603 (13,3% contre 9,4 %) où il obtient son deuxième score le plus bas du canton, inférieur d'un point à sa moyenne de la ville. Ce même phénomène s'observe dans les bureaux de vote 609, 610 et 617 (qui correspondent au quartier pavillonnaire Saint-Antoine situé entre la Cité nucléaire de Cronenbourg et la cité de Hautepierre), où le FN réalise au minimum 14% des suffrages et 22,4% dans le bureau 609.

LE SUCCES TRES LOCALISE DE TUNCER SAGLAMER 

Le vote pour Tüncer Saglamer dans le canton 6 (1er tour 2014)

Dans le bureau 606, Fabienne Keller et Roland Ries sont au coude à coude mais Fabienne Keller est en tête dans six bureaux (605, 608, 609, 610, 617, 619) qui correspondent à des quartiers qui accueillent des foyers légèrement ou nettement plus favorisés : l'est ou le centre de Cronenbourg et plus à l'ouest, le quartier Saint-Antoine (route de Mittelhausbergen) qui sépare la Cité nucléaire de la cité de Hautepierre.

La comparaison entre les bureaux 603 et 606 renseigne également sur l'électorat centriste et écologiste. François Loos (UDI) et Alain Jund (EELV) réalisent, dans le bureau 606, des scores – 7,9% et 11% - qui sont supérieurs à leur moyenne strasbourgeoise. Ces deux forces politiques ne parviennent pas à se faire une vraie place dans le bureau 603 (et dans les autres bureaux populaires) où ils enregistrent de très mauvais résultats – 0,8% et 2,5%.

LE FN, PLUS FORT DANS LES ZONES PAVILLONNAIRES VOISINES DES CITES                                                                             

Le vote pour Jean-Luc Schaffhauser dans le canton 6 (1er tour 2014)

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