Partir en Arménie pour venir en aide aux victimes sonnait comme une évidence. Né en 1993 dans une localité située à 130 kilomètres d’Erevan, il avait à peine dix ans quand sa famille a fui les hostilités dans la région et est arrivée en France. « On a vécu la guerre. Mon père risquait d’être enrôlé dans l’armée et voulait un avenir meilleur pour nous. » Il a caché ce dernier périple à ses parents : « Je ne voulais pas les inquiéter, j’ai dit que je prenais des vacances en Espagne. »
Sur fond de tirs d’artillerie et du tumulte des chars, l’Alsacien rencontre des militaires à la fois déterminés et traumatisés. « Nous sommes allés dans les tranchées où les soldats sont positionnés. Tous m’ont dit “On est prêts à partir pour nos terres“. J’en pleurais de les voir chanter, danser. Et en même temps, il n’y avait pas de tranquillité sur leur visage. »
Privilégier l’action plutôt que l’attente
Voskan Danielyan a aujourd’hui le sentiment que les discussions diplomatiques tournent en rond et que le gouvernement arménien abandonne le Haut-Karabakh. « Nous avions beaucoup d’espoir quand il est arrivé au pouvoir [en 2018]», se rappelle-t-il à propos du Premier ministre arménien. « Mais contre toute attente, au bout des quarante-quatre jours de guerre en 2020, Nikol Pachinian a retiré les 25 000 hommes sur le front du Haut-Karabakh », se mord les doigts Voskan Danielyan. Une décision vécue comme une immense trahison.
« Il aurait pu ne pas y aller, témoigne admiratif son cousin Youri Avanyan, 21 ans. Comme lui, la diaspora arménienne doit se bouger. On n’a plus le temps de dialoguer. » Le sportif de haut niveau, revenu le 27 septembre à Strasbourg, veut désormais profiter de sa notoriété au sein de la diaspora locale pour rassembler des fonds. Il a monté une cagnotte en ligne pour l’occasion. Il espère retourner en Arménie dans dix jours pour contribuer, encore une fois, à l’aide humanitaire.
Zoé Dert-Chopin
Édité par Clara Grouzis
Tout juste arrivé de Nice, l’étudiant en cinéma attend des amies parties tourner une petite scène dans le hall d’un bâtiment de Strasbourg. « Oui, bien sûr que je me suis déjà fait contrôler. Mais pas ici, plutôt chez moi, à Nice. » Toujours la même histoire. À chaque contrôle, Marco se baladait avec des amis, la nuit : « quand ça m'arrive, je suis toujours accompagné de mes collègues, qui sont noirs ou rebeux. C’est eux, vraiment, qui intéressent les flics. Pas moi. » Après réflexion, il estime « avoir été contrôlé parce que j’étais avec eux. J’étais pris dans le tas. » D’ailleurs, la seule fois où Marco s’est fait contrôler, il était seul, à la sortie d’un train. « J’étais pas spécialement visé, c’était un contrôle de routine.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? », se demande Voskan Danielyan avec un ami, tout juste sorti de l’avion. Ce 23 septembre, il est 22 heures à Erevan. Les deux compères ont un objectif en tête : atteindre Goris, la dernière localité avant la frontière qui sépare l’Arménie du Haut-Karabakh. Depuis la reddition de la république autonome arménienne le 20 septembre, des milliers de réfugiés affluent, fuyant l’enclave désormais aux mains de l’armée azerbaïdjanaise. Jeudi 28 septembre, sa dissolution a été officiellement annoncée.
« On a fait des courses de première nécessité, on a acheté de quoi subvenir aux besoins de 35-40 personnes », raconte aujourd’hui l’homme à la carrure imposante, accoudé à la table d’une brasserie strasbourgeoise. « Un ami sur place nous a ensuite emmenés à Goris. Nous y sommes arrivés à une heure du matin. » Pour y parvenir, ils ont dû emprunter une route dangereuse, revendiquée par l’Azerbaïdjan bien qu’étant sur le territoire souverain arménien. « On pensait que notre dernière heure allait arriver », se remémore le trentenaire à l’œil vif. Mais l’appel de la solidarité est plus fort. « Dieu m’a donné des mains, des jambes. C’est pour en faire quelque chose », soutient le fervent chrétien et également champion de street workout, un sport mélangeant gymnastique et musculation.
« C’était irréel, on revivait 1915 »
Arrivés à Goris, Voskan Danielyan et ses amis sont abasourdis. « C’était irréel, on revivait 1915 », dit-il en faisant référence au génocide dont son peuple a été victime. « La Croix rouge courait de partout. » Après s’être signalé auprès des autorités locales, le groupe est redirigé vers un gymnase, où des femmes et des enfants se reposent. « Le soldat qui montait la garde s’est effondré en larmes devant moi », se rappelle Voskan Danielyan, ému.
Tout comme l'Eurométropole de Strasbourg ou la métropole de Lyon, la région Nouvelle-Aquitaine ambitionne d'expérimenter le congé menstruel dans les mois à venir.
16 h 20 : C'est la fin de ce direct
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