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En 2013, un feu de forêt touche San Pedro de Melipila au Chili. © Claudio Aguilera O / MINAGRI

À l’instar des innovations dans la pêche au leurre, que Jean-Luc Vigié tente de développer avec son entreprise Fishing Box à Montaigu (Vendée). Cette pratique, qui vise à attirer des poissons carnassiers (brochet, perche, sandre) à l’aide d’un appât factice, bénéficie aujourd’hui de produits de plus en plus variés : des couleurs et des tailles différentes, jusqu’à certains modèles capables d’émettre des vibrations. « Aujourd’hui, environ 80 % des 15-45 ans choisissent la pêche au leurre, ils aiment beaucoup ces nouveaux objets », justifie-t-il.

Des outils modernisés

De même avec l’émergence d’une large gamme d’outillage électronique, qui optimise la pratique de la pêche : « Les jeunes veulent de plus en plus utiliser ces technologies modernes. Ils s’inspirent notamment de l’émission de Cyril Chauquet sur RMC Découverte [NDLR : Mordu de la pêche]. Dans un autre salon, à Clermont-Ferrand, il y avait des gamins de 5 à 10 ans qui venaient le voir pour une dédicace ! », explique Christophe Soares, qui s’apprête à réaliser sa septième année sur le salon.

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Jean-Luc Vigié (à gauche) et Michael Teterycz (à droite) se retrouvent pour la troisième fois à l’occasion du salon multi-pêche. © Quentin Celet

Un cheval à bascule usé par le temps et une playlist qui alterne entre chansons tradis allemandes et françaises. Dans cette petite salle d’exposition strasbourgeoise le temps semble suspendu au début du siècle dernier. Ce que l’on vient voir ici, c’est l’exposition « Chambre noire », une centaine de portraits en noir et blanc, accrochés aux murs.  Religieux, jeunes enfants, nouveaux mariés, militaires, sapeurs-pompiers, patriarche moustachu, tous y sont passés, posant fièrement, souvent de trois-quarts et le regard au loin. Des photographies, « symboles de la société de l’époque », note Alain Berizzi, à l’origine de cette exposition.

Comme souvent pour Alain Berizzi, l’aventure a commencé dans une brocante. Ce chargé de communication, fervent collectionneur depuis 40 ans, écume les marchés aux puces de la région à la recherche de nouvelles trouvailles. C’est lors d’une de ses maraudes hebdomadaires dans Strasbourg, qu’il découvre au fond d’un sac en plastique, ce lot d’une centaine de plaques de verre photographiques.

Après six mois d’enquête, le collectionneur identifie le studio de photographie où les portraits ont été pris. Un studio strasbourgeois, anciennement situé sur la grande île qui fut successivement tenu par Émile Lorson père entre 1880 et 1917 et repris à sa mort par Émile Lorson fils jusqu’en 1945. Une plongée dans l’histoire alsacienne.

Les portraits, le miroir des changements sociétaux

« L’atelier photographique est un miroir de la société qui se développe, avec ses complexités historiques », affirme Alain Berizzi en balayant sa salle des yeux. Entre 1871 et 1945, le peuple alsacien a connu pas moins de trois conflits franco-germaniques et cinq changements de nationalité. Cette situation a causé des problématiques identitaires, dans ce territoire tantôt français, tantôt allemand. Une oscillation qui se remarque dans les portraits d’Émile Lorson, surtout fils.

« Émile Lorson fils a par exemple pris ce portrait dans les années 1930 », pointe Alain Berizzi en s’approchant du portrait de deux jeunes femmes, représentant les allégories de l’Alsace et de la Lorraine. « Avec leurs cocardes bleues, blanches, rouges, elles sont ici le symbole de la France victorieuse. »

De l’autre côté de la salle, c’est un tout autre public qu’il a photographié dans les années 1940. Côte à côte, des portraits de jeunes militaires allemands arborant au bras des croix gammées ou d’autres symboles belliqueux, à l’instar de ce très jeune soldat, pris de plein pied, les insignes de la célèbre bataille de Barbarossa accrochés sur la poitrine.

Le photographe, simple observateur ?

À l’arrière de certains portraits de militaires nazis, ce collectionneur a été surpris de découvrir des coupures de journaux de l’époque. « Dans cet article, il est écrit par exemple  que 80 000 étoiles jaunes ont été distribuées », traduit-il de l’allemand. « Cela prouve que le photographe était au courant de l’actualité. Et il sait que l’histoire laisse des traces, il sait qu’il y a des choses terribles qui sont en train de se passer devant lui. » Mais alors, « le photographe s’est-il à un moment posé la question de ce qu’il faisait avec son travail ? », Alain Berizzi n’a pas encore toutes les réponses à ses questions.

Et puis, il y a une photographie qui détonne. Quatre jeunes hommes en rang d’oignon, vêtus de pseudo robe de juge portant des barbes postiches, un maquillage clownesque et de hauts chapeaux, parfois avec une tête de mort. « Peut-être des étudiants qui ont réussi leurs études ou une caricature de ce rôle », avance Alain Berizzi. Une ambiance carnavalesque qui rompt avec ce havre de sérieux et d’esthétisme.  

Camille Gagne Chabrol
Édité par Tara Abeelack

À Strasbourg, le collectionneur Alain Berizzi expose jusqu’à fin mars une série de portraits d’intérieurs intitulée « Chambre noire ». Prise entre 1880 et 1945, dans un studio alsacien, elle plonge dans l’histoire de la région. 

« Chambre noire » : explorer l'histoire de l'Alsace par la photo

17 février 2023

« Chambre noire » : explorer l'histoire de l'Alsace par la photo

Un collectionneur strasbourgeois expose une série de portraits pris entre 1880 et 1945. Plongée dans l'histoire de la région.

C’est le plus grand évènement consacré à la présentation de matériel de pêche dans le Nord-Est de la France. Ce samedi et dimanche, 12.000 personnes sont attendues dans les allées aménagées du Zénith de Strasbourg, pour mettre à l’honneur les 105 exposants venus des quatre coins du pays, de Suisse ou d’Allemagne.

Matériel de pêche, nautisme et nouvelles technologies sont les trois grands axes de vente du salon. Pour écouler leurs stocks, les commerçants ont misé sur des produits tournés vers une clientèle de jeunes actifs. En effet, la nouvelle génération a investi en masse la pratique, au point d’en redynamiser le marché : « On s’éloigne de plus en plus du cliché du papi qui va pêcher ses cinq carpes seul sur son bateau », remarque Michael Teterycz, co-fondateur de l’association Les Carnassiers Boerschois, organisatrice de cette réunion des acteurs du monde de la pêche.

Un vivier qui rajeunit

Selon les derniers chiffres de la Fédération nationale de la pêche en France, les moins de 18 ans représentaient par ailleurs près du tiers des adhérents à une carte de pêche en France, séduits par les nouveaux modèles qui émergent sur le marché. Et tout particulièrement derrière les stands du salon multi-pêche.

« C’est un peu la librairie que j’aurais aimé avoir plus jeune près de chez moi. » Le choixpeau magique de Poudlard trône en haut d’une étagère, une sculpture de visage ricanant sépare deux tomes de l’américain Stephen King et une grande horloge dans la veine steampunk égrène les secondes derrière le comptoir. Rue Munch à Strasbourg, Antoine Gateau vit « un rêve d’adolescent », entouré de ses 4000 ouvrages mêlant science-fiction et horreur. À 47 ans, cet ancien garde-forestier à l’Office national des forêts a rangé ses bottes au placard pour se plonger dans le monde des livres. À Strasbourg, où se côtoient plusieurs boutiques spécialisées en mangas et polars, il manquait tout de même une référence en matière de « littérature de l’étrange ». Avec Obscurae, le public peut maintenant se donner rendez-vous aux rayons fantasy, hantise ou encore ufologie, une discipline qui se rapporte aux ovnis. « Je ne propose pas que du divertissement, il y a aussi des ouvrages plus sérieux avec par exemple des analyses universitaires qui prennent des textes sous le prisme historique ou politique. »

Un lectorat à attirer

Si le libraire novice sait qu’il pourra majoritairement s’appuyer sur un public fidèle et avisé déjà amateur de grands évènements comme le Festival européen du film fantastique de Strasbourg, il espère attirer une frange de lecteurs plus habitués à entendre parler des œuvres par le biais du cinéma et des séries télévisées, à l’instar des récents Sandman ou Les anneaux de pouvoir qui explorent le monde créé par Tolkien : « On pense que la littérature de l’imaginaire est une sous-culture, or elle domine actuellement. » Le gérant cherche à tordre le cou à certaines idées reçues qui renverraient dos-à-dos la littérature blanche, ou classique, à une littérature peuplée de créatures fantastiques, jugée plus « légère ». « Jules Verne fut ma première lecture. Et on l’a vu, ce fut un précurseur. Ses textes sont bien écrits, il y a un vocabulaire détaillé, une documentation importante », souligne celui qui rêve par ailleurs d’inviter Maxime Chattam. Antoine Gateau mise sur la richesse de son catalogue, mais aussi sur la particularité de ses lieux « accueillants, mais qui sortent de l’ordinaire ».

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