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Cartographie. Dans un rapport paru le 23 janvier 2025, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié pour la première fois une liste rouge des écosystèmes de forêts de montagnes menacés. Dans le massif des Vosges, c’est une marée verte : quatre écosystèmes sont menacés.   

"On est assez pessimistes sur la survie du hêtre qui n’arrive pas du tout à s’adapter", reconnaît Jean Claude Tissaux, chargé de mission à l’ONF pour la reconstitution et l’adaptation des forêts au changement climatique dans le Grand Est. "L’espèce qu’on a dans le Grand Est est inféodé à des climats frais, et des pluies régulières. Avec le changement climatique, le hêtre est en péril sur le long terme."

Mais ce n’est pas le seul écosystème à être menacé par les effets du changement climatique. Dans la liste rouge de l’UICN,  deux forêts mixtes montagnardes acidophiles et neutrophiles constituées majoritairement de hêtres communs et de sapins blancs sont classées "vulnérables", ainsi que les sapinières montagnardes hyperacidiphiles.

"On a beaucoup de dépérissements assez violents par endroits", pointe du doigt Jean Claude Tissaux. "Quand on a des périodes de sécheresse longues et surtout pluriannuelles, les arbres - pour éviter les pertes d’eau - vont fermer leurs stomates qui sont les mécanismes qui permettent la photosynthèse. Et donc plus les sécheresses se prolongent, plus les stomates sont fermés longtemps, moins la photosynthèse est effective. Ça induit des gros problèmes dans les réserves d'amidon et de de sucre de la plante qui est fragilisée."

"Limiter la casse"

Pour ne rien arranger, la nature des sols en milieu montagneux est généralement acide à très acide, ne favorisant pas la prolifération de nutriments dans lesquels pourraient piocher l’arbre pour se nourrir. Et parce que ces sols sont "intrinsèquement pauvres",  il est aussi plus dur pour les organismes de protection des forêts d’intervenir. "On n’a pas beaucoup de solutions à apporter dans ces milieux", reconnaît Jean Claude Tissaux. Si ce n’est miser sur la sylviculture en favorisant l’arrivée de la pluie sur le sol grâce à la diminution de la densité d’arbres par hectare.

Malgré tout, il demeure pour le spécialiste "énormément d'incertitudes. A chaque fois qu'on va faire des régénérations naturelles ou des plantations, on est sur un cycle de au moins 80 ou 100 ans. Notre seule quasi-certitude c’est qu’il n’y a pas de solution unique. Notre objectif, c'est de limiter la casse pour essayer de léguer aux générations futures des choses qui ont marché, mais avec une grande humilité."

La réintroduction de l’épicéa menace les écosystèmes forestiers

Et avant d’y parvenir, il y a déjà eu quelques ratés. Notamment lorsque le scolyte, parasite dont la reproduction a été grandement favorisé par les épisodes de sécheresse ces vingt dernières années, a décimé les populations d’épicéas. Pour tenter de préserver l’espèce, l’épicéa a été réintroduit bien plus en altitude que dans son milieu naturel, notamment dans les forêts montagnardes neutrophiles désormais menacées. Car, selon le rapport, ces plantations forcées rendent justement l’écosystème plus vulnérable aux bouleversements de l’environnement.

Si l’épicéa, le hêtre ou le sapin étaient amenés à disparaître, les conséquences sur la biodiversité seraient dramatiques :  "Peu importe l’espèce, c’est un effondrement de l'habitat, avec son cortège d'espèces structurantes. Dans ces cas-là, c’est au moins 50% de la biodiversité de l’écosystème qui disparaît". Malgré une réintroduction très débattue du Grand Tétras en avril 2024, la disparition des anciennes forêts montagneuses, qui constituaient pour cet oiseau fragile un refuge de tranquillité, semble avoir scellé son extinction.

Fanny Lardillier

Édité par Paul Ripert

Première à Strasbourg, la résidence "les Pot'âgés" a été inaugurée jeudi 6 février. Arrivés depuis peu, les locataires prennent leur temps pour apprendre à se connaître et investir pleinement les lieux.

Fin 2024, Donald Trump affirmait que Javier Milei était son "président préféré". Dessin Yanis Drouin

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Carte réalisée par Fanny Lardillier et Adèle Pétret.

LEGENDE

Pour observer des espèces "reliques" de l’ère glaciaire, pas besoin de remonter dans le temps. Il suffit de prendre de l’altitude, et d’arriver dans le Jura alsacien ou dans les Vosges. Dans l’ombre des hêtres et des sapins, on y trouve encore le seigneur des forêts vosgiennes : le Grand Tétras, un coq préhistorique au plumage sombre teinté de reflets bleu acier, surmonté d’un sourcil écarlate. Apparu il y a 2,5 millions d’années, il est aujourd’hui menacé de disparition dans les Vosges avec seulement 50 spécimens, et en déclin continu dans le reste de la France. En cause ? la disparition d’écosystèmes anciens de forêts montagnardes, principaux refuges de cet oiseau.

Trois écosystèmes classés vulnérables dans les Vosges

C’est ce que dénonce le rapport paru le 23 janvier réalisé par l’ Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), conjointement avec l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). L’organisme a différencié les différents écosystèmes forestiers en fonction de leur emplacement, altitude et topographie. Sur les 19 écosystèmes forestiers de montagnes observés dans l’hexagone et en Corse, dix sont menacés. Au sein de ce groupe dont les catégories varient de "vulnérable" à "danger critique", quatre écosystèmes sont présents dans les Vosges.

C’est en milieu subalpin, soit à partir de 1400 mètres d’altitude, que les écosystèmes composées d’hêtraies sont les plus menacés puisqu’ils ont été classés "en danger" par l’UICN. Alors que les températures sont globalement plus chaudes toute l’année, avec des sécheresses répétées, les espèces qui poussent sur ces sommets froids et peu accueillants ne peuvent pas migrer davantage en altitude et disparaissent progressivement.

Forêts des Vosges : les écosystèmes des épicéas, hêtres et sapins en danger

07 février 2025

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L’une des problématiques étant l’exposition fréquente des jeunes à des publicités ou mises en avant de l'alcool et de sa consommation, notamment via les influenceurs. Selon le site officiel du gouvernement, 30,7 % des jeunes de 17 ans déclarent une exposition à la publicité pour de l’alcool via internet de façon hebdomadaire ou quotidienne. D’après une étude de l’association Addictions France, ce chiffre monte jusqu'à 79 % des 15-21 ans.

Une législation dépassée

"Alors oui, on a la loi Evin (du 10 janvier 1991, qui encadre la vente et la promotion de l'alcool et du tabac, ndlr) mais elle a été rédigée dans les années 1990 où la TV était toute puissante, et elle n'est plus adaptée à notre époque où les jeunes sont accrochés à leurs smartphones (...) et les influenceurs trouvent sans cesse des parades pour contourner l'interdiction de la publicité", justifie la députée Karine Lebon à l’AFP. 

La loi de juin 2023 encadrant l'activité des influenceurs n'allait pas assez loin selon les porteurs du texte, puisqu'elle rappelait seulement aux influenceurs qu'ils devaient respecter la loi Evin et faire explicitement mention de leurs collaborations commerciales. Or, ces pratiques promotionnelles auprès des jeunes sont encouragées par les alcooliers d’après Stéphanie Pierre : "Les jeunes sont pour eux un vivier de futurs consommateurs. Ils investissent massivement pour les toucher. Ce n’est pas anodin."

Interdire les pubs près des écoles

Le texte propose également d’interdire ces publicités dans un périmètre de 250 m autour des établissements scolaires et recevant des mineurs (gymnases, terrains de sport...). Cette mesure est proposée après le dépôt d’une plainte "symbolique" contre la RATP de France Assos Santé "contre le matraquage publicitaire sur l’alcool dans le métro, notamment dans des stations desservant des écoles", précise Stéphanie Pierre.

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Par ailleurs, les porteurs de la proposition de loi ne jugent pas assez dissuasive l'amende maximale encourue pour les infractions à la loi Evin — 75 000 euros — et proposent de la relever à 300 000 euros. Le texte pourrait être inscrit à l'ordre du jour et débattu à l’Assemblée nationale lors de la semaine transpartisane du 10 mars.

Tristan Vanuxem

 

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