La crise ukrainienne continue de faire couler de l’encre. Malgré les efforts diplomatiques pour apaiser les tensions, le président américain a averti que « les choses pourraient vite s’emballer » dans une interview accordée à la chaîne NBC ce jeudi. Il a répété qu'il n'enverrait pas de soldats sur le terrain en Ukraine, même pour évacuer des Américains dans l'hypothèse d'une invasion russe, car cela pourrait déclencher « une guerre mondiale ».
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a assuré, vendredi 11 février que la Russie amassait encore plus de troupes à la frontière avec l’Ukraine et a averti qu’une invasion « pourrait commencer à tout moment ». Quelques heures plus tard, le Kremlin déclarait que les discussions avec Paris et Berlin n'ont produit « aucun résultat ». Qu’en pense la presse internationale ?
Izvestia : « Dudakov, politologue : l'appel de Biden aux Américains de quitter l'Ukraine n'est que des mots »
Izvestia est un quotidien de référence en Russie. Créé au cours de la révolution de 1917, il s’agit d’un des titres les plus importants du pays, avec la Pravda. Dans un article, le quotidien donne la parole au politologue russe Malek Dudakov. Les annonces alarmistes du président américain mêleraient bluff et opportunisme.
« De tels avertissements et appels ne vont pas au-delà des discussions verbales. (..) Comme l'a souligné la partie russe, de telles accusations sont utilisées comme prétexte pour déployer autant d'équipements militaires de l'OTAN que possible près des frontières de la Fédération de Russie [...]. Une provocation organisée par l’Occident pourrait avoir lieu sur le territoire de l’Ukraine…»
Moscow Time : « Biden exhorte les Américains à quitter l'Ukraine alors que les craintes d'une invasion russe augmentent »
De son côté le Moscow Time, un journal indépendant et occidental diffusé en anglais, n’a fait mention des propos de Joe Biden que de façon très factuelle. Le quotidien généraliste et gouvernemental Rossiyskaya Gazeta mise, lui, sur la censure et n’évoque aucun aspect de la crise ukrainienne : du déploiement des forces russes en passant par les réactions internationales, comme celle de Joe Biden.
Segdonia : « Biden fait peur aux américains »
Segodnia est un quotidien ukrainien de langue russe, au moment de la guerre du Donbass il était connu pour ses prises de position en faveur de la paix entre la Russie et l’Ukraine. Dans un article paru ce vendredi matin, le journal fustige les propos du président américain :
« Washington continue de faire tourner le tourbillon d'hystérie en répandant de fausses prédictions d'une invasion russe en Ukraine.[... ] Le dirigeant américain n'a pas oublié d'ajouter que l'armée américaine n'ira en Ukraine sous aucun prétexte, sinon il y aura une nouvelle guerre mondiale. [...] Et là, vous pouvez assister à un spectacle très divertissant où les Slaves s'entretuent avec la main légère des Anglo-Saxons. »
Argoumenty i Fakty : « Les choses peuvent rapidement s’emballer » et « Pourquoi les Américains ont-ils été invités à fuir l’Ukraine ? »
Même son de cloche du côté d'Argoumenty i Fakty, un hebdomadaire en langue russe d'information générale. Il fait paraître une édition internationale, imprimée en Allemagne et diffusée dans divers pays d'Europe et au-delà, qui est appréciée de la dispora russophone. Le site web a totalement fait l’impasse sur la crise ukrainienne dans la matinée : aucune trace de l’interview de Joe Biden avant 14 heures. Mais le média a fini par publier un article, pas des plus tendres envers les occidentaux :
« Les États-Unis font monter les enchères. Les politiciens européens ne sont pas sérieusement préoccupés par l'évolution de la situation. [... ] Le représentant allemand au format Normandie a même voulu se promener avec son chien pendant les discussions. « Les Anglo-Saxons préparent quelque chose » [...] Nous sommes le 11 février, et pourtant certains analystes des médias occidentaux ont prédit qu'une « invasion » russe de l'Ukraine commencerait dès janvier. Ils fixent désormais une nouvelle date pour le « déclenchement de la guerre » : la fin des Jeux olympiques d'hiver à Pékin. Après tout, si l'on en croit les sources anonymes « secrètes » de CNN, le président chinois Xi Jinping a personnellement demandé au président russe Vladimir Poutine de reporter l'invasion afin de ne pas gâcher l'événement sportif chinois. »
Le média ukrianien tourne en dérision le ton alarmiste de Joe Biden. Un écho clair à la position adoptée par le gouvernement ukrainien qui a minimisé l’appel aux ressortissants américains à quitter l’Ukraine : « Il n'y a rien de neuf dans cette déclaration », a relativisé le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.
Pour la sénatrice Les Républicains du Bas-Rhin Elsa Schalck, qui a parrainé la candidature de Valérie Pécresse, les trahisons politiques ne doivent pas cristaliser les débats publics. Aussi douloureuses soient-elles.
A l’occasion de la Journée mondiale du malade, trois personnes atteintes de la sclérose en plaques racontent leur quotidien et leur vécu. Ils constatent et alertent sur la méconnaissance de la maladie.
« Tu vois le câble qui relie le PC et ton écran ? Imagine qu’un chat vienne le mordiller, jusqu’à que les fils conducteurs rompent et que tout se mette à bugger. C’est un peu ça la sclérose en plaques. » Colline a conçu cette métaphore ce jour de décembre 2020 où elle a été diagnostiquée de cette maladie chronique auto-immune affectant le système nerveux central. La veille, son chat avait grignoté le câble de son ordinateur, qui ne fonctionnait plus au grand dam de cette gameuse invétérée. Désormais, elle interprète cette bêtise féline comme un signe. Et a depuis rebaptisé le minou « Sclérosette ».
Tout a commencé par un geste anodin du quotidien, que cette trentenaire fait après chaque shampoing : relever ses cheveux dans la serviette. « Tout con hein ? Oui, mais non : je ne me sens pas bien, le monde tourne dans tous les sens, plus de repères, et j’ai plus aucun équilibre ! J'attends quelques jours que ça passe, en vain. Le mal de mer continuel. » C’est le début du cauchemar, quatre poussées (des crises de symptômes sévères) se suivent en neuf mois : elle a une forme « rémittente » de la maladie. La sclérose en plaques (SEP) se manifeste notamment par une fatigue extrême, des paralysies ou faiblesses musculaires, des troubles de l’équilibre, de la sensibilité, de la vision et cognitifs. Chaque tâche de la journée, travail, ménage, toilette, habillage, chaque sortie de loisir devient une épreuve.
Un diagnostic compliqué
La cause de ces nombreux symptômes est difficile à identifier pour les médecins généralistes. Ils attribuent parfois cela au stress, ou à d’autres maux temporaires. Les malades subissent alors une errance diagnostique, pouvant durer plusieurs années. C’est le cas de Morgane, étudiante toulousaine de 25 ans. Son diagnostic a été un grand soulagement : « J'avais enfin la réponse que j’attendais depuis de nombreuses années sur ce qui n’allait pas chez moi. J’avais des symptômes lourds depuis 2016 qui m’empêchaient souvent d’étudier ou de voir mes amis. » Un soulagement qui s’est vite mué en peur pour Pascal, 58 ans et atteint d’une forme progressive (sans poussées) depuis dix ans : « Cette maladie je ne la connaissais que de nom, je l’associais à quelque chose de grave et incurable comme la polio, et je me voyais déjà mort dans un fauteuil. » Aujourd’hui, il est devenu un expert de la SEP et participe à des actions de sensibilisation.
Ces trois patients réclament une meilleure formation des médecins sur le sujet pour faciliter le diagnostic et le traitement des malades. Ils regrettent la méconnaissance de la maladie dans la société, qui peut provoquer des attitudes désobligeantes : « Très souvent les gens m’arrêtent en me disant : “Bah alors ma p'tite dame qu’est-ce qui vous arrive ?” Puis quand je leur explique, j’ai le droit au “Je suis vraiment désolé pour vous”, comme si j’allais mourir demain. Je fais preuve de patience à chaque fois mais ça peut être pesant au quotidien. » Morgane, elle, a fait le choix de ne plus croiser les regards obliques des passants : « Au début j’en avais honte, surtout quand je n’avais pas de diagnostic. Maintenant, je l’ai accepté. Je marche bizarrement mais ça ne doit pas m’empêcher de sortir. »
Vaccin en vue ?
Moderna a annoncé il y a un mois le démarrage d’un essai clinique pour un vaccin à ARN messager contre le virus d'Epstein-Barr, qui aurait un lien de causalité avec la sclérose en plaques. Ce que certains patients récusent, comme Colline, puisque dans son cas elle n’a pas été infectée par le virus. La recherche sera longue et pourrait être prometteuse, mais Morgane préfère rester prudente : « L’avenir nous dira si en faisant ce fameux vaccin on verra beaucoup moins de cas de sclérose en plaques. C’est un espoir pour les autres personnes dans le futur. Mais je ne me fais pas d’illusion, on peut déchanter très vite. »
Rafaël Andraud
Édité par Emma Bougerol