Vous êtes ici

La pollution de l’air est responsable de près d’un décès sur dix en Île-de-France en 2019. Cela a été confirmé par une étude d’Airparif et de l’Observatoire régional de la santé qui a été publiée ce jeudi. Pourtant, près de 8 000 décès auraient pu être évités chaque année si la France avait respecté les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Des chiffres qui interpellent, mais pas Thomas Bourdel, médecin et fondateur du collectif Strasbourg Respire : « Ça ne me choque pas, c’est un problème connu. »

L’étude d’Airparif a analysé la pollution de l’air en Ile-de-France entre 2010 et 2019. La dynamique est plutôt positive : « Le nombre annuel de décès attribuables à l’exposition prolongée aux particules fines est passé de 10 350 à 6 220, et a donc baissé de 40 %. »  

Qualité de l'air, « la France (...) a du retard »

Selon une statistique de l’Agence européenne pour l’environnement de cette année, la France n’est pas la pire nation sur le continent européen en ce qui concerne la pollution de l’air. Cependant, « il n’y a pas assez de progrès », critique Thomas Bourdel. Selon l’expert, « la France n’est pas vraiment une bonne élève et on a du retard. » Cela se voit par exemple dans le fait que les particules ultrafines, qui viennent des voitures ou des usines, ne sont pas encore mesurées. Ainsi, on ne peut pas détecter tous les dangers.  

L'Ile-de-France ne représente évidemment pas à elle seule toutes les disparitions annuelles. Près de 30 000 personnes meurent chaque année dans tout le pays à cause de la pollution de l'air. Strasbourg fait partie du top 10 des villes françaises les plus polluées. Il y a environ huit ans, la ville occupait la première place, entre-temps la cinquième ou la huitième. Thomas Bourdel explique qu'à Strasbourg, la combinaison d'un manque de vent et de pluie, d'une circulation trop dense et d'un trop grand nombre d'usines est à l'origine de cette mauvaise situation.

La technologie bientôt au service de la dépollution

En 2014, il a fondé le collectif Strasbourg Respire dont l’objectif était avant tout d’alerter les politiques. Mais depuis, la situation changé : « Ils nous ont entendus. J’ai l’impression que sur Strasbourg, pas mal de choses se passent. » Cela est probablement dû, entre autres, au changement de cabinet municipal, passé vert depuis l'été 2020.

« TrapAparT » est un projet lancé par une société strasbourgeoise. L'objectif ? Une filtration passive des particules fines. En janvier, des pièges ont été installés sur deux sites : à Paris et à Strasbourg. L'installation d'un piège coûte environ 1 000 euros. Stephane Wambergue, directeur du projet, a expliqué à France Bleu qu'il s'agit d'une technologie très respectueuse de l'environnement : « Les particules sont tout simplement projetées dans les pièges par le vent. » La technologie sera testée pendant environ un an. Ensuite, d'autres pièges seront installés, « pour avoir un impact significatif », raconte Stephane Wambergue. 

Selon Thomas Bourdel, de tels projets vont être très importants dans l'avenir, surtout s'ils ne nécessitent pas d'énergie supplémentaire. Mais il est clair qu'il faut faire plus : « On manque encore d'une politique courageuse. » De plus, pour lui, les études comme celle d’Airparif n’incluent pas tout le monde. « Je pense à tout ce qu’on ne voit pas comme les maladies qui n'entraînent peut-être pas la mort, mais qui augmentent », spécifie le médecin.

Alina Metz

Édité par Juliette Lacroix

Pour le moment, la proposition de Valérie Pécresse ne dit pas à combien d'élèves allophones les quotas seront limités. © Amanda Mills

Pécresse 2022 : limiter les non-francophones à l’école, une proposition démago ?

10 février 2022

Pécresse 2022 : limiter les non-francophones à l’école, une proposition démago ?

Fixer des quotas d’élèves non-francophones par classe, voilà ce que propose la candidate LR pour garantir la qualité de l’enseignement des écoles publiques. Une mesure qui ...

 «Vous avez l’habitude de vous balader à Strasbourg avec un tournevis?»

10 février 2022

«Vous avez l’habitude de vous balader à Strasbourg avec un tournevis?»

Un duo de voleuses, originaire des Balkans, a jeté son dévolu sur un immeuble du centre-ville dans la nuit du 8 février. Les deux femmes ont comparu au tribunal correctionnel.

Opération repas gratuit à Strasbourg :  «J'en ai rien à faire de faire perdre de l'argent au resto U»

10 février 2022

Opération repas gratuit à Strasbourg : «J'en ai rien à faire de faire perdre de l'argent au resto U»

Personne n'a payé son repas à Paul-Appell ce 10 février. Une action à l'initiative d'un collectif d'étudiants en lutte contre la rénovation de la cité attenante au restaurant, prévue pour mars et jugée ...

Chaque année, des milliers de Français meurent à cause de la pollution de l'air. Malgré différents projets, le progrès est très faible. © DR

Proposition discrète dans le programme de Valérie Pécresse, « inciter les établissements scolaires à limiter le nombre d’élèves non-francophones par classe ». Ce n’est certes pas une des mesures phares de Valérie Pécresse en matière d’éducation. Elle est même reléguée à la fin de ses propositions pour stopper l’immigration, entre la lutte contre le séparatisme et l’enseignement des valeurs de la République. Mais elle a de quoi interroger.

Qu’englobe le clan Pécresse derrière l’expression « élèves non-francophones » ? « C’est quelque chose que nous n’avons pas encore défini », reconnaît Irène Weiss, déléguée nationale des Jeunes Républicains. Dans le jargon de l’Éducation nationale, on utilise plutôt le terme « allophone » pour désigner ces élèves qui parlent une autre langue que le français. Un néologisme qui met en avant la richesse de l’autre langue (allo- est dérivé du latin alter-). « Parler de “non-francophone”, c’est souligner la lacune de ces élèves, qui se présenteraient à nos portes avec un manque à combler, alors que ça peut aussi être une force dans une classe », explique un professeur des écoles seine-et-marnais qui souhaite rester anonyme. À son arrivée sur le territoire, un enfant allophone est obligatoirement inscrit à l’école dans une classe « ordinaire » puisqu’en France, l’obligation scolaire s’applique de la même façon pour tous les élèves. 

Une mesure pour qui, une mesure pour quoi ?

La déléguée des Jeunes Républicains ne sait pas dire à combien d’élèves sa candidate prévoit de poser la limite. « Nous ne sommes pas encore au pouvoir, nous attendons d’être force de proposition pour nous pencher sur les détails de cette mesure en consultant les équipes pédagogiques. » Un quota pour renforcer l’intégration des élèves allophones, oui, « mais surtout pour assurer la qualité des apprentissages, ajoute-t-elle. Une classe avec trop de non-francophones est une classe dont le niveau baisse, puisque les enseignants sacrifient du temps pour s’occuper individuellement de ces élèves. » Mais du coup, garantir les enseignements pour qui ? Pour les allophones et leurs conditions d’apprentissage du français, ou le reste de la classe qui pâtirait de leur présence ? « En limitant leur nombre, tous les enfants seront gagnants, les francophones comme les autres. »

N’existe t-il pas déjà un nombre limité d’élèves allophones par classe ? « Pas vraiment, confie Patrice Leguérinais, enseignant syndiqué au SNUipp-FSU du Val-de-Marne. Mais lorsqu’ils sont nombreux dans un même établissement, on les répartit intelligemment entre les classes ». Si l'établissement le propose, ils peuvent bénéficier d’une prise en charge renforcée, avec cours de français en petit groupe limité à une quinzaine d'élèves, grâce au dispositif d’accompagnement UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). Sinon, une solution « de proximité » est proposée aux enfants pour qu'ils puissent recevoir des cours de français langue seconde ou de scolarisation. En 2021, les UPE2A ont remplacé les classes d’accueil et d’initiation pour non francophones — qui les regroupaient entre eux —, avec pour objectif de renforcer leur inclusion dans le système scolaire.

Camille Lowagie

Édité par Nils Sabin

Pages