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Le communiqué de la préfecture de police de Paris interdisant l'action des hijabeuses. © @leshijabeuses

Le collectif des hijabeuses a reçu le soutien de certaines associations féministes comme Nous Toutes. © @leshijabeuses

Des arguments que le collectif,  juge « scandaleux » et reposant sur « une confusion politique délibérément entretenue ».

La décision intervient dans une ambiance agitée. L’Assemblée nationale doit examiner ce mercredi une proposition de loi portant sur le sport. Le débat se concentre particulièrement sur un amendement interdisant les signes religieux apparents en compétition. Le sujet fait depuis plusieurs semaines l’objet d’une passe d’armes entre députés et sénateurs, qui s’opposent sur la question.

Originellement voté en chambre haute le 19 janvier, l’amendement a été rejeté lors du vote à l’Assemblée. En l’absence de consensus, une nouvelle lecture est prévue dans l’hémicycle parlementaire. Les sénateurs devront à leur tour réexaminer le projet de loi le 16 février.

La question avait déjà surgi lors des débats autour du  projet de loi sur le séparatisme, en mai 2021. Les sénateurs souhaitaient étendre au sport les dispositions de la loi de 2004, qui interdit le port de signes religieux ostensibles à l’école. Une disposition à laquelle la ministre des sports Roxana Maracineanu s’était opposée, préférant laisser aux fédérations le soin de trancher.

Que dit la loi sur le port du hijab ?

Selon les textes, l’obligation de laïcité s'applique principalement aux agents des services publics. Considérés comme des représentants de l'État, ces derniers s’engagent à respecter une neutralité religieuse pendant leurs horaires de service. Le port de signes religieux ostensibles par les usagers est autorisé. Seules deux limitations sont prévues par la loi : les signes discrets sont autorisés dans les établissements scolaires (de la maternelle au lycée), et la dissimulation du visage est prohibée dans l’espace public. 

Pour le moment, les clubs sportifs sont libres d’encadrer ou non le port de signes visibles dans le cadre d’une pratique sportive. Les opposants à l’interdiction du hijab lors des compétitions craignent une mise à l’écart des musulmanes voilées, qui seraient limitées dans leur accès au sport. 

Leïna Magne

Debout derrière son comptoir entre les valises et les ceintures, son masque retroussé sur le menton le temps d’une pause déjeuner express, Luigi est seul dans sa boutique, qui donne pourtant sur la rue principale de Kehl. Quand on lui demande ce qu’il pense de l’assouplissement des mesures sanitaires dans le Bade-Wurtemberg, sa réponse est sans appel : « Das Beste ! », « le meilleur ». Le maroquinier soutient qu’il a perdu 60% de sa clientèle depuis décembre et l’entrée en vigueur, pour les commerces de détail, de la règle des 3G (« geimpft, genesen, getestet », pour « vacciné, guéri, testé »), qui imposait aux clients de présenter une preuve de vaccination ou de guérison ou un test négatif au Covid-19.

Le 8 février, à la surprise générale, le gouvernement de ce Land du sud-ouest de l’Allemagne, frontalier de la France, a annoncé la levée des restrictions d’accès aux commerces de détail dès le lendemain. La raison : malgré l’incidence élevée du Covid-19 dans la région (1 540 sur sept jours mardi 8 février), les services de soins intensifs ne sont plus saturés grâce à la prédominance du variant Omicron, qui, couplé à la vaccination, provoquerait moins de formes graves. D’autres allégements ont été décidés, comme l’augmentation des jauges pour les manifestations publiques et la fin des tests obligatoires dans les écoles pour les enseignants et élèves vaccinés. L’accès aux cafés et restaurants reste, en revanche, réservé aux seuls vaccinés.

À Kehl, les commerçants sont unanimes : la fin de la règle des 3G est « un soulagement pour tout le monde ». Du maroquinier à une vendeuse de glaces, tous témoignent d’une baisse drastique de la fréquentation et du chiffre d’affaires depuis qu’ils doivent scanner le passe sanitaire des clients à l’entrée de leur boutique. Et espèrent des relations apaisées avec leur clientèle.

Traité d'Arschloch

« Gardez vos distances », « Masque obligatoire », « Ici 3G »… Les portes vitrées des boutiques sont recouvertes d’affichettes, ratifiées à la main au gré de l’évolution des règles, qui informent d’une réglementation parfois obsolète. La complexité des règles, leur modification selon les taux d’incidence et des listes d’exemptions longues comme le bras ont compliqué la tâche des commerçants. Certains endroits étant exemptés des 3G, comme les supermarchés, les traiteurs ou même un copy shop, au motif qu’il disposait d’une boîte postale, les commerçants de détail ont souvent dû refuser l’entrée à des personnes surprises et mécontentes. 

« Beaucoup de clients sont devenus agressifs, raconte Karolina, vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter. Nous, les employés, avons été plusieurs fois agressés verbalement par des clients. Ils ont dirigé contre nous leur colère envers le gouvernement. » Luigi corrobore : « Un client m’a même traité de trou du cul ! » (« Arschloch » en V.O.). En Allemagne, 74% de la population est totalement vaccinée, ce qui la place au 15e rang des pays européens. Chaque lundi soir, des dizaines de milliers de personnes, toujours plus nombreuses et plus énervées, battent le pavé pour protester contre les mesures sanitaires.

Désormais, pour faire du shopping à Kehl, seul un masque FFP2 est nécessaire. Vaccinés ou non, les clients du centre commercial s’en réjouissent. Luigi aussi, qui garde quelques masques sous son comptoir pour ne pas avoir à fermer sa porte aux acheteurs, surtout français, qui n’en auraient pas.

Yasmine Guénard-Monin

 

En Allemagne, le Bade-Wurtemberg allège ses restrictions contre le Covid. À partir du 9 février, les commerçants ne sont plus tenus de contrôler le pass sanitaire de leurs clients.

Dans un bulletin alarmant, l’Établissement français du sang tire la sonnette d’alarme et affirme que les stocks sont inférieurs au seuil de sécurité depuis plusieurs jours. À long terme, une pénurie pourrait entraîner de graves conséquences sanitaires.

Sur la porte d’entrée, une énorme goutte de sang fait office d'ouverture. Mais ce 9 février, à peine franchi le seuil de l’Établissement français du sang à Strasbourg, la goutte prend plus des allures de gouttelette. « Vous n’imaginez pas à quel point la situation est compliquée en ce moment », souffle la personne en charge de l’accueil. Compliquée ? Même critique, à en croire le communiqué publié par l’EFS ce 8 février 2022.

En effet, pour la première fois de son histoire, l’organisme publie ce mardi un « bulletin d'urgence vitale » et appelle à une mobilisation de tous les citoyens à donner leur sang dès que possible. « Le stock de produits sanguins est en dessous du seuil de sécurité et cela depuis plusieurs jours », indique l’EFS. Les réserves actuelles ne dépassent pas 70 000 poches de sang, alors qu’il en faudrait au minimum 100 000. Ce chiffre correspond au seuil minimal, car il faut en moyenne 10 000 dons de sang chaque jour pour soigner les patients.

« Forcément des morts »

La situation « pourrait s'avérer dangereuse à court terme pour soigner les patients » précise l’EFS. Pour le moment, les établissements de soin n’ont pas encore repris leur activité normale. « Mais si le besoin en poche de sang revient au même niveau d’avant la pandémie, on risque de ne pas pouvoir subvenir aux besoins, déplore à CUEJ-info Oriane Kopp, de l’EFS Strasbourg. Aucun produit à l’heure actuelle ne peut se substituer au sang, et si les donneurs ne se mobilisent pas, on arrivera très rapidement à une situation très critique. »

Lors des attentats de 2015, la prise en charge médico-chirurgicale des nombreux blessés hospitalisés avait rapidement grignoté les stocks de poches de sang. Mais dans un élan de solidarité nationale, l’EFS avait vu son nombre de donneurs augmenter de 55 % dans le même temps. Cependant, les poches de sang récoltées sont utilisées de plusieurs manières, et pas seulement lors de graves accidents. « 30 % des transfusions sanguines sont réalisées sur des patients atteints de cancer, rappelle Oriane Kopp. Plus globalement, les poches sont réparties entre 54 % de transfusions programmées, 34 % de patients en urgences relatives et 12 % concernent les urgences vitales. »

Les effets de ce genre de pénurie pourraient s’avérer désastreux. « Sans poches de sang, on ne pourrait plus procéder à des transfusions, donc il y aurait forcément des morts » affirme l’hématologue France Campos-Gazeau, médecin au Centre Hospitalier de Haguenau. Elle redoute particulièrement l’impact pour « les patients qui ont besoin de transfusions de manière chronique ». Dans son service, au moins deux poches par jour sont utilisées. « Ce serait particulièrement grave pour les patients atteints de maladies des globules rouges, comme la drépanocytose, ou des thalassémies, des maladies génétiques liées à l’hémoglobine. »

Emilien Hertement

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