C'est une caverne d'Alibaba, un mini musée de la photographie argentique que renferme le Labo 1000 de Schiltigheim. En ballon de foot sur une étagère, en jeu de sept familles dans une vitrine ou en abat-jour au plafond, la couleur jaune de Kodak est partout. Partout dans ces reliques oui, mais beaucoup moins dans les frigos de pellicules à la vente. Car depuis quelques temps, les stocks sont rares et depuis début janvier, les prix ont considérablement augmenté.
En fin d'année dernière, la compagnie a annoncé l'augmentation de ses tarifs, d'une moyenne de 20%, prévue début 2022. A celle-ci s'ajoute celle de certains magasins, car pour continuer de fournir sa clientèle, « nous faisons la tournée des fournisseurs, mais quand ils n'ont plus rien, nous allons chercher sur le net », raconte Jean-Jacques Strauss. Il ne bénéficie donc plus des tarifs avantageux des grossistes : « On achète au même prix que le consommateur normal, donc une fois que l'on met une marge on est plus cher que sur le net. Il nous est même arrivé de dépanner un magasin photo qui n'en trouvait plus auprès de son grossiste. »
Kodak en quasi monopole sur les pélicules couleur
Depuis que Fujifilm se retire du marché, Kodak doit assumer le report de sa demande et n'a plus de quoi y répondre. Le vendeur Parallax Photographic Co-op rapporte que Kodak entend investir et répercute donc ses besoins financiers sur le consommateur.
Mais attention, la situation concerne spécifiquement les pellicules couleur, où Kodak est en situation de quasi monopole. Jean-Jacques Strauss sort de son frigo les films noir et blanc dont il regorge : du Ilford, Fomapan, quelques Fujifilm encore. « Il y a plus d'acteurs dans le noir et blanc, explique-t-il. On a souvent l'impression qu'on achète un film comme on achète une boîte de petits pois, mais ce n'est pas une boîte de petits pois », insiste le laborantin, car fabriquer un film couleur est beaucoup plus complexe.
Face à cette double peine de pénurie et de prix, les photographes sont contraints de s'adapter. Angélique Hubster utilise ponctuellement la couleur argentique dans ses projets personnels. Elle a d'abord modifié sa façon d'acheter au sein même de la gamme Kodak : « Les portra sont devenues presque introuvables, donc je suis partie sur les gold. »
Un nouveau public en demande
Dans sa boutique de Bourg-en-Bresse, Timothé Rimbert n'a reçu, lui, que « dix peloches » Kodak gold depuis octobre. Il constate que ses « clients habituels continuent d'en demander malgré le prix, mais ils en prennent moins ». C'est le cas du photographe Ranx, basé à Lyon : « Mes moyens financiers ne me permettent pas de stocker, donc je vais continuer d'acheter comme avant, juste moins de Kodak. Je vais plutôt prendre des films chez Lomography maintenant. » Quant à son collègue Eiikkii, du collectif « Globe children », il a plutôt choisi de réduire sa part de photographie couleur, au profit du noir et blanc.
Jean-Jacques Strauss se veut encore confiant. « Nous allons continuer de payer cher pour que l'entreprise puisse continuer à produire, si elle s'arrête on a plus rien. » S'il espère voir d'autres entreprises se lancer dans la production de films couleur, il sait combien la tâche est ardue. Au début de la décennie 2010, l'arrivée du numérique a failli mettre fin à l'argentique, mais le charme de la pellicule est parvenu à séduire à nouveau les plus jeunes ces dernières années. Avec des acteurs modernes comme Lomography, cette génération a pris la relève pour s'installer comme une clientèle stable. Jean-Jacques Strauss se montre rassuré : « On peut se dire désormais qu'il est acquis que l'argentique va rester. »
LAURA REMOUÉ
C’est après un long parcours législatif, débuté en juin 2020, que la réforme de l’adoption devrait être votée à la majorité ce mardi 8 février par l’Assemblée nationale. Un texte « cohérent avec l'évolution de la société », à déclaré Adrien Taquet. L’article 2 de cette réforme, principal apport du texte soutenu par le secrétaire d’Etat chargé de l'enfance et des familles, ouvre l’adoption aux couples non mariés. Les personnes liées par un PACS et les concubins pourront donc désormais prétendre à l’adoption. Une mesure vivement critiquée par l’aile droite de l’hémicyle et notamment par la députée (NI) Emmanuelle Ménard qui estime que cette disposition n’est pas conforme « l’intéret supérieur de l’enfant ».
L'âge minimum pour adopter fixé à 26 ans
Autre point de blocage qui s’est manifesté par l’échec de la commission mixte paritaire (réunion des députés et sénateurs afin de trouver un compromis sur le texte) à l’automne dernier : l’article 9 bis de la réforme. Cette disposition introduit la reconnaissance de la filiation en cas de procréation médicalement assistée (PMA) réalisée à l'étranger. En pratique, lorsqu’un couple de femmes décide de réaliser une PMA à l’étranger, le texte dispose que celle qui porte l’enfant ne pourra pas s’opposer à l’établissement d’un lien de filiation entre sa conjointe et l’enfant « sans motif légitime ». Le sénateur Thibault Bazin, fermement opposé à cet article ,explique que cela « revient à se passer du consentement de la mère qui a accouché dans des conditions trop floues ».
Autres apports du texte : l'abaissement de l’âge minimum légal pour adopter un enfant passe à 26 ans, contre 28 ans auparavant et l’article 3 fixe pour la première fois un écart d’âge maximum de 50 ans entre l’adopté et le plus jeune des adoptants.
Sauf coup d’éclat parlementaire de dernière minute, l’Assemblée nationale à majorité présidentielle devrait adopter le texte sans trop de difficulté en début de soirée. Sans surprise, les députés Les Républicains ainsi qu’Emmanuelle Ménard devraient s’opposer à l’adoption de la réforme. Remanié de nombreuses fois par le Sénat, les députés qui ont le dernier mot dans le processus législatif ont réhabilité le texte qu’ils avaient voté en première lecture.
Juliette Lacroix
Le 29 janvier, les opposants au pass vaccinal et aux restrictions sanitaires se sont réunis dans un convoi de la liberté à Ottawa, au Canada, pour bloquer le pays. Après avoir fait des émules en Nouvelle-Zélande, le mouvement débarque en France.
De quoi s’agit-il ?
Ce mouvement anti-vax a démarré au Canada le 22 janvier 2022. Environ 500 camionneurs partis de toutes les provinces du pays, de Toronto à Québec City, se sont rassemblés sur la colline du Parlement à Ottawa, la capitale, le 29 janvier. L’annulation de l’obligation vaccinale pour traverser la frontière américaine, le retrait des mesures sanitaires ainsi que la démission du Premier ministre, Justin Trudeau, sont les principales revendications des convoyeurs canadiens. Après dix jours de mobilisation, le maire d’Ottawa a déclaré l'état d’urgence.
Comment le mouvement s’est exporté jusqu’en France ?
C’est Rémi Monde, porte-parole de « Convoi France », qui a lancé l’initiative. Ce mouvement se veut apolitique même si cette action est soutenue par des membres de l'extrême droite comme Florian Philippot, patron des Patriotes, Jean-Frédéric Poisson, ancien candidat à la primaire Les Républicains qui a récemment rejoint Eric Zemmour, ou encore l'essayiste Idriss Aberkane, nouveau porte-voix des antivax. Des membres de la sphère complotiste canadienne et française ont participé au partage de l'événement. Des convois de camions, voitures ou encore camping-cars vont partir de plusieurs endroits en France pour rejoindre Paris et tenter de bloquer les routes de la capitale. Les premiers camionneurs partiront demain, à 9 h, de Nice. Jeudi 10 février, un autre départ se fera de Brest. Enfin, les derniers camionneurs partiront de Strasbourg, le 11 février. Les plus courageux relieront Paris à Bruxelles, le 14 février, pour rejoindre les convois de différents pays.
Quelles sont les différences, dans ce mouvement, entre le Canada et la France ?
Le mouvement en France est différent de celui au Canada. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique les camionneurs sont soumis au pass vaccinal, obligatoire depuis le 15 janvier. Dans l’Hexagone, et plus largement dans l’UE, les camionneurs peuvent circuler librement et manger dans les relais routiers sans présenter de pass vaccinal. En France, le mouvement rassemble entre autres des gilets jaunes, routiers, restaurateurs, « insoumis », militants du Rassemblement national, Anonymous de gauche radicale internationale, naturopathes, opposants aux vaccins anti-Covid-19 et promoteurs de traitements alternatifs contre l’épidémie (hydroxychloroquine, ivermectine). Les revendications sont aussi plus étendues. Elles rappellent celles portées par les gilets jaunes en 2018. Les lanceurs du mouvement français demandent la suppression de toutes les règles sanitaires ainsi que des taxes sur l'essence et le gasoil, la suspension de toutes les directives européennes, l’augmentation des salaires nets, la démission des députés, sénateurs, ministres et du président de la République, et enfin l’instauration du référendum d’initiative populaire.
Camille Bluteau
Le ministère de l’Intérieur a lancé, mardi 8 février, un nouveau Service d’information des armes. Hadrien Neumayer, armurier à la Tour du Pin (38), revient sur le lancement de cette nouvelle plateforme.