La Commission européenne a annoncé mercredi 5 février le lancement d’une enquête contre le vendeur chinois de vêtements en ligne Shein. L’enseigne de mode classée préférée des Français en 2024, selon une étude de l’application de shopping Joko, est soupçonnée de ne pas respecter le droit européen sur la protection des consommateurs.
La marque, créée en 2008, est devenue le symbole des dérives sociales et environnementales des entreprises de la fast-fashion. Produire encore et toujours plus vite, la plateforme séduit par son immense quantité de produits pour des sommes dérisoires. Mais c’est loin d’être sans conséquences. On fait le point.
16,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an
Un désastre. On ne voit pas un autre mot pour qualifier les conséquences environnementales du géant de la mode. Shein produit et ajoute sur son site en moyenne plus de 7 200 modèles de vêtements par jour selon un rapport publié par l’ONG Les Amis de la terre, publié en 2023. Il estime à 470 000 le nombre approximatif de vêtements disponibles en temps réel sur le site. “C’est au minimum un million de vêtements produits, soit entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2 émises par jour”, ajoute l’ONG. 2 700 litres d’eau sont consommés pour la fabrication d’un t-shirt, soit la consommation moyenne d’un Français pour 17 jours.
Une atteinte aux droits humains
Plusieurs ONG et parlementaires américains accusent la plateforme de fast-fashion d’avoir recours au travail forcé. Une enquête de Bloomberg, publiée en 2022, révèle notamment l’utilisation contrainte des Ouïghours, une minorité musulmane persécutée en Chine. Le gouvernement américain envisage d'ajouter les plateformes chinoises de ventes en ligne Shein et Temu à la liste des entreprises suspectées de recourir au travail forcé.
L’ONG Public Eye Researcher a enquêté sur le sujet et estime que les ouvriers des usines Shein travaillent 11 à 12 heures quotidiennement et produisent 120 pièces en moyenne par jour. Aucun jour de repos, et les normes de sécurité ne seraient pas non plus respectées selon l’ONG.
Interrogé à plusieurs reprises sur ce sujet, Shein affirme que “ les partenaires fournisseurs doivent aménager les horaires de travail de manière raisonnable et se conformer aux lois et réglementations locales.”
Des produits toxiques retrouvés dans les vêtements
En 2022, Greenpeace Allemagne a fait analyser 42 produits vendus par Shein. Dans 15 % des cas, l’ONG a trouvé des produits dangereux en quantité inquiétante dépassant parfois les limites européennes, entre 100 et 600 fois au-dessus des normes.
Un taux record de phtalates, des perturbateurs endocriniens et métaboliques, plus de 650 fois le taux réglementaire, a été retrouvé dans une paire de bottes de neige noires selon l’ONG.
#Sheinstolemydesign
Shein a été accusé à plusieurs reprises de voler le design de créateurs et de s’approprier illégalement leur travail. L’une d’entre elles, Cassey Ho, avec plus de 3,2 millions d’abonnés, a posté sur ses différents réseaux et sur son site Blogilates un coup de gueule. “C'est finalement arrivé. Ils ont volé mon design. SHEIN A VOLÉ MON DESIGN. J'aimerais pouvoir dire ‘Je ne peux pas y croire’ mais j'ai vu de nombreuses vidéos et articles écrits sur Shein volant carrément les créations de designers indépendants”, écrit-elle en accompagnant de photos et de captures d’écran d’une jupe. Son modèle, et celui sur Shein sont extrêmement similaires, dans les moindres détails.
L'Assemblée nationale a rejeté la motion de censure déposée par LFI. Seuls 128 députés ont voté pour, moins que la majorité, fixée à 289 voix, requise pour faire tomber le gouvernement.
Lucie Campoy
Édité par Mélissa Le Roy
Dans leur propre rôle, les 22 cinéastes sont à la fois les narrateurs et les histoires. Si le décor change à chaque fois, le spectateur a l’impression de faire du surplace : camp de réfugiés, ruines, bord de mer et marchés. Tout comme le peuple palestinien, nous sommes coincés dans la bande de Gaza, sans aucun moyen d’échapper aux tirs.
24 heures d’Alaa Damo raconte comment Musab a survécu à trois bombardements dans la même journée. Il perd successivement son cousin, ses frères et sœurs, ses parents et d’autres membres de sa famille. Dans l’horreur, ne reste plus qu’à constater et à témoigner. "Le cinéma peut conserver la mémoire pour les générations futures, je veux que ces films soient de l'action sur la durée, pas simplement une réaction", explique Rashid Masharawi, pour qui le travail continue. D’après le réalisateur de 63 ans, dix longs métrages documentaires sont en train d’être tournés dans la bande de Gaza.
Guerre militaire et guerre de l’image
Avec des vidéos d’archives, des marionnettes, des dessins ou encore de la musique, les cinéastes livrent avec émotion des témoignages que chacun devrait écouter. Des témoignages parfois sans parole, car les images suffisent, comme dans Jour de classe d’Ahmed Al Danaf. Le protagoniste Khaled se faufile entre les tentes du camp, les décombres et les marchés, jusqu’à son école inexistante. Parce qu’il est bien question de ça : la privation. D’éducation, de nourriture, d’eau, d’innocence. "Nous serons en morceaux", lance une fillette avec une lucidité qui fait froid dans le dos. Les enfants, voix effacées du conflit et lourd tribut – plus de 14 500 tués depuis quinze mois selon l’Unicef –, sont les protagonistes de Peau Douce de Khamis Masharawi. La mère de cette petite fille a écrit son nom sur le bras de ses enfants, pour identifier leur corps s’ils se font bombarder.
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Dans cette guerre autant militaire que bataille d’images, From Ground Zero offre une bouffée d’air frais. Loin des clichés qui inondent les réseaux sociaux, les courts-métrages tournés avec les moyens du bord permettent d’humaniser les bilans qui nous parviennent en Occident. "Le but du film est de transformer ces chiffres en visages, en êtres humains, en personnes qui ont des vies et des projets", résume Rashid Masharawi. Les Palestiniens souffrent, mais gardent espoir aussi, comme Hana Eleiwa dans son documentaire Non : "Je rejette le désespoir, la frustration, la laideur. Non à tout ce qui nous détruit."