Les sirènes hurlent. Un son prolongé résonne crescendo dans les oreilles et dans le cœur. Le rythme cardiaque s'accélère. Le corps passe en mode survie. Mais les Strasbourgeois, eux, continuent de boire leur café, d'attendre patiemment chez le boulanger, de travailler. En France, les sirènes du premier mercredi du mois, c’est normal.
Dans les pays voisins, seuls les Pays-Bas gèrent leur système d’alerte de la même façon, sauf que cela se passe chaque premier lundi du mois. Ce mercredi 5 février, les sirènes ont également hurlé au Liechtenstein et en Suisse. Mais ces deux pays ne les font retentir qu'une fois par an, comme c'est le cas aussi en Allemagne.
Outre-Rhin, le signal sonore se déclenche le deuxième jeudi de septembre. L'idée, c’est aussi qu'un test trop fréquent pourrait manquer d'efficacité en cas de véritable urgence. Les gens y seraient habitués et l'effet serait atténué. Entre la fin de la guerre froide et le Covid-19, le réseau de sirènes avait été fortement réduit. Depuis le retour d’une journée d’alerte nationale, des messages d’urgence sont également envoyés sur les portables. Selon l'Office fédéral de la protection de la population et de l'aide en cas de catastrophe, les trois quarts des Allemands peuvent ainsi être atteints.
Atteindre le plus grand nombre et au plus vite
En Italie, le téléphone est le mode d’alerte privilégié, avec les médias, le pays ne disposant pas d'un réseau national de sirènes. La Belgique a aussi fait le choix de renoncer aux sirènes en 2018 et se concentre sur les alertes par SMS, email ou messages vocaux. Outre-Manche, les avertissements sonores ne sont utilisés que dans certaines zones industrielles à haut risque.
En France, depuis 2013, le système d’alerte et d’information de la population (SAIP) peut aussi envoyer des messages d'urgence sur les portables des personnes susceptibles d'être concernées. L'objectif général des gouvernements reste d'atteindre le plus rapidement possible le plus grand nombre de personnes et, dans l'idéal, de les informer précisément sur l'urgence.
Lorsque la sirène retentit en France – 1 minute et 41 secondes – et qu'il n'est pas midi le premier mercredi du mois, il faut se mettre à l'abri, se rendre dans un endroit clos, fermer les fenêtres et les aérations, attendre les instructions des gouvernements et écouter la radio, recommande le ministère de l'Intérieur. D’où l’importance de posséder une radio à piles. Mais c'est encore mieux s'il s'agit d'une fausse alerte.
Orry Dreyer
Édité par Liza Hervy-Marquer
Le thermomètre affiche des valeurs négatives, ce mercredi 5 février à Strasbourg. Pour s’offrir une promenade dans la capitale alsacienne, il valait donc mieux sortir l’attirail d’hiver. Nichées fièrement aux sommets des arbres du parc de l’Orangerie, les cigognes, elles, n’ont que leurs plumes pour affronter les températures glaciales. Certaines reviennent d’une virée au cœur de l’air chaud de la péninsule ibérique ou du Maghreb. D’autres ont passé l’hiver en Alsace.
À cause du réchauffement climatique, l’épisode de migration des cigognes blanches se raccourcit d’année en année. "En théorie, elles partent de septembre à mars, mais depuis deux, trois ans, c’est plutôt d’octobre à janvier", explique Dominique Klein, ornithologue lorrain, avant d’ajouter que 30 % de la population de l’espèce est devenue sédentaire.
"Elles sont partisanes du moindre effort"
En plus de la hausse globale des températures, un autre facteur vient expliquer la baisse de la mobilité des cigognes. L’oiseau quitte moins l’Europe pour le froid que pour dégoter de la nourriture. Leurs proies invisibilisées par le gel en hiver, les cigognes trouvent leur bonheur dans les zones industrielles.
"Elles ont bien compris qu’il y avait des centres d’enfouissement alimentaires partout. Elles sont partisanes du moindre effort. Nous aussi, les humains, quand on trouve un magasin à 2 km, on n’a pas besoin d’aller plus loin", compare Dominique Klein. À Strasbourg, les cigognes envahissent le Port du Rhin. "On en a une cinquantaine par jour d’habitude, un peu moins en hiver. Elles viennent piocher dans les tas de déchets ménagers, au sein desquels il y a une forte présence de restes alimentaires", explique un employé de Sardi, entreprise spécialisée dans la collecte, le recyclage et la valorisation des déchets.
Des modifications alimentaires à risque
Le volatile a aussi été aperçu dans le secteur du côté de Suez Organique. Le centre de méthanisation d’aliments, qui réalise des travaux d’extension sur son hangar, a couvert ses bennes à déchets d’une tente bâchée. "Il y a des produits invendus, et dont certains n’ont pas passé le contrôle qualité. Pas de quoi fournir un restaurant cinq étoiles aux cigognes", blague Catherine Millot, salariée de l’agence.
La nourriture périmée ne fait pourtant pas partie du régime alimentaire originel de l’oiseau totem de l’Alsace. L’espèce, dont la Ligue pour la protection des oiseaux dénombrait 5 000 couples en 2024, consomme habituellement des petits mammifères, mais surtout des batraciens et des lombrics. "Les cigognes ont une très bonne vue. Mais dans un centre d’enfouissement, elles confondent souvent les vers de terre et les élastiques, témoigne Dominique Klein. Si elles en mangent en trop grande quantité, elles sont incapables de les régurgiter et elles meurent."
Malgré les risques, la présence de cigognes s’intensifie autour des décharges sauvages à ciel ouvert. En Alsace, d’après les résultats d’une enquête participative réalisée par France Info, il en existait huit en 2019.
François Bertrand
Édité par Lucie Campoy
Le président de la première puissance mondiale est un habitué des déclarations tonitruantes. Depuis le début de l’année 2025 et son arrivée à la Maison Blanche le 20 janvier, il a multiplié les polémiques avec ses annonces. S’il souhaite imposer sa vision du monde à l’intérieur des frontières des États-Unis en s’en prenant aux personnes transgenres, aux exilés et à l’IVG, le président tout juste élu remet également en question la souveraineté de nombreux pays.
Angellina Thiebelmont
Édité par Liza Hervy-Marquer
Conséquence du réchauffement climatique, une partie des cigognes blanches ne migre plus pendant l’hiver. À Strasbourg comme dans le reste de l’Europe, l’oiseau pioche dans les déchets alimentaires des centres de tri ou de transformation pour se nourrir en période de grand froid.