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La campagne pour les municipales à Strasbourg vient de connaître son premier gros coup de théâtre. Mathieu Cahn, à la tête de la liste « Strasbourg ville solidaire et vivante », soutenue par le Parti socialiste, a décidé de se retirer, mercredi 5 février, à moins de deux mois du premier tour des élections.
« Les conditions ne sont plus réunies pour que je puisse continuer à diriger notre liste sereinement, a annoncé le candidat lors d’une conférence de presse. Je me retire pour pouvoir me défendre librement et publiquement si l’on m’attaque personnellement sur l’affaire Patrick Gerber. »
Lire aussi : Revivez la conférence de presse de Mathieu Cahn
« Je ne suis pas mis en cause »
En mars 2019, Patrick Gerber, alors directeur de la maison des associations de Strasbourg, a été accusé d’harcèlement et d’agression sexuelles par deux de ses salariées et une stagiaire. Mathieu Cahn, président du conseil d’administration de la Maison, lui avait aussitôt renouvelé sa confiance, avant de le licencier, un mois plus tard. Le dossier est aujourd’hui entre les mains de la justice.
« Le calendrier judiciaire fait que le procès doit se tenir en mars, entre les deux tours des élections municipales. Je veux dès lors être totalement libre de mes modes d’action, de ma parole, sans que cela n’engage l’ensemble des colistiers et déstabilise la liste socialiste », justifie l’adjoint au maire, qui rappelle que s’il est « partie prenante de l’affaire », il n’est pas directement mis en cause.
Mathieu Cahn a cependant refusé de préciser les « attaques » dont il ferait l’objet. Il est resté également évasif sur sa soudaine décision de retrait, alors qu’il aurait pu le faire dès novembre 2019, date à laquelle le procès de Patrick Gerber était initialement prévu.
Trautmann reprend le flambeau
Sans surprise, Mathieu Cahn cède sa place à sa numéro 2 : Catherine Trautmann, ancienne ministre et par deux fois maire de Strasbourg (de 1989 à 1997 et dix mois entre 2000-2001). « J’ai toute confiance en Mathieu, il ne doit pas se laisser traîner dans la boue, a-t-elle tenu à réagir. J’ai souhaité qu’il puisse poursuivre avec nous : il figurera en deuxième position dans la nouvelle liste. »
L’actuelle vice-présidente de l’Eurométropole rendra publique la nouvelle équipe en fin de semaine, tout comme le nouveau projet et le nouveau nom. « Je ne suis ni une revenante, ni un fantôme. Je suis bien vivante. Et si je n’avais pas prévu du tout d’être dans cette position, je dois assumer aussi cette responsabilité. Mon ambition, c’est que nous gagnions. »
Lire aussi : Le portrait de Catherine Trautmann
Une liste socialiste en difficulté
L’ancienne figure politique strasbourgeoise aura fort à faire : dans un sondage Ifop-Fiducial publié le 23 janvier dernier, la liste PS (alors menée par Mathieu Cahn) était créditée de 9% des suffrages. Bien loin des 27% de Jeanne Barseghian (EELV) et des 25% d’Alain Fontanel (LREM).
Une autre inconnue subsiste : les soutiens à la liste PS suivront-ils ? Roland Ries, maire socialiste de Strasbourg, ne se positionne pas pour l’instant et Robert Herrmann, président socialiste de l’Eurométropole, se montre particulièrement indifférent à l’égard de la liste socialiste. Quant aux colistiers de Mathieu Cahn, beaucoup ont appris le remplacement de leur candidat à deux heures de l’annonce officielle. Au PS de Strasbourg, on a connu meilleure ambiance.
Nicolas Arzur
Mathieu Cahn a annoncé qu’il renonçait à porter la liste PS aux municipales à Strasbourg. Il cède sa place à Catherine Trautmann, sa numéro 2 et ancienne maire de la ville.
Après une première étude sur les pesticides en 2017, l'Association pour la protection de la nappe phréatique de la plaine d'Alsace (Aprona) s'attaque aux micropolluants organiques de synthèse. Ces substances, présentes à de très faibles concentrations dans l'eau, sont mal connues. Pourtant, l'étude de Ermes (Evaluation de la ressource et monitoring des eaux souterraines) le montre : elles sont présentes partout. Explications de Baptiste Rey, chargé d'étude à l'Aprona et co-responsable du projet Ermes.
Après les pesticides, pourquoi s'intéresser aux micropolluants ?
Parce que, comme les pesticides, elles restent durablement dans l'environnement et peuvent dégrader les milieux aquatiques – ou même avoir un impact sanitaire. Ces substances, plutôt d'origine urbaine (domestique et industrielle), sont présentes à de très faibles concentrations dans l'eau – souvent en-dessous d'un microgramme par litre. Mais elles sont moins facilement détectables que les pesticides, auxquels nous nous étions intéressés dans notre précédente étude [publiée fin 2017 cf site Aprona ndlr]. Les progrès réalisés par les laboratoires permettent désormais de s'y intéresser.
Comment avez-vous procédé ?
Nous nous sommes concentrés sur les molécules les plus utilisées en Alsace. Nous en avons sélectionné 400 – sur les quelques 100 000 substances commercialisées à l'échelle de l'Union européenne. Ce sont, par exemple, les composés perfluorés, utilisés dans les emballages ou le textile, mais aussi les substances pharmaceutiques, que l'organisme n'a pas entièrement capté et qui sont rejetés dans les urines ou les excréments. Ainsi, la carbamazépine, utilisée dans des médicaments anti-épileptiques, est particulièrement soluble et résistante. C'est le résidu médicamenteux qu'on retrouve le plus dans les eaux usées.
Si ces substances sont présentes en très petites quantités dans l'eau, en quoi posent-elles problème ?
D'abord, elles peuvent être toxiques, même à faibles doses. Mais il est difficile d'établir si oui ou non la concentration de micropolluants dans l'eau est préoccupante car leurs effets ne sont pas encore bien connus ni analysés. Par ailleurs, nous disposons de très peu de données d'études sur de possibles effets cockails. Une fois ensemble, certains composés peuvent s'avérer plus ou moins toxiques. Une question émerge de notre étude : comment évaluer la dangerosité potentielle de l'eau ? Nous retrouvons des substances polluantes jusque dans les eaux souterraines et les nappes phréatiques. Cela doit au moins donner lieu à des interrogations.
Concrètement, qu'attendez-vous de cette étude ?
Avec cette étude, nous avons cherché à pointer du doigt le problème de la qualité des eaux souterraines pour sensibiliser les élus et les acteurs de l'eau. Mais le rôle de l'Aprona n'est pas de décréter que telle molécule est dangereuse. Ce travail revient à l'Etat via notamment la Direction générale de la santé qui peut saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) pour établir si possible des seuils réglementaires. A partir de là, les puissances publiques peuvent mener une campagne pour limiter le rejet de ces micropolluants dans l'environnement, en impulsant par exemple un changement de pratiques. Elles peuvent aussi réglementer l'usage de telles substances ou tout bonnement en interdire certaines. Il faudrait peut-être aussi remettre aux normes les stations d'épuration : conçues avant tout pour traiter les gros déchets organiques, elles ne sont pas efficaces pour retenir les micropolluants.
Propos recueillis par Nicolas Massol