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Bien conscients du pouvoir d’attraction que le cinéma génère, les restaurants ont fleuri des deux côtés du canal ces dernières années. Du Memphis Coffee à La Boucherie, en passant par le McDonald’s, l’offre ne manque pas. Ornella, manager de la brasserie Au Bureau, note que sa clientèle allie souvent toile et burger. L’établissement exploite l’opportunité en proposant des tarifs réduits aux usagers du cinéma. Et ça marche. Les lieux grouillent de clients en début de soirée, en particulier le week-end.
Mais, passé 22h, il semble bien compliqué de continuer sa soirée à Rivetoile-Malraux. Seul le Barco Latino reste ouvert jusqu’à 4h du matin. « Ce ne sera jamais comme la Krutenau ou Homme-de-Fer », tranche Ornella. Aujourd’hui, la zone ne semble pas en mesure de concurrencer les hauts lieux de la vie nocturne strasbourgeoise, et ce malgré l’inauguration récente d’une nouvelle péniche. Nommée Cabaret Onirique, elle propose pièces de théâtre, concerts et cirque.
Bon nombre de personnes partagent leur avis. Difficile de nier que le calme règne à Rivetoile-Malraux une fois la nuit tombée. Interrogée sur la diversité de l’offre nocturne à disposition, Aurélie, petite brune d’une vingtaine d’année, affiche un air peu convaincu. Elle avoue n’y venir que pour le cinéma UGC, qui surplombe le quartier. A la sortie de la dernière projection de Knock, avec Omar Sy, les clients sont unanimes : ils ne s’éterniseront pas à Rivetoile.
Le 13 septembre 2014, la place de l’Hippodrome du Port-du-Rhin était inaugurée, offrant un nouveau visage à ce quartier isolé de l’est de la ville. Trois ans plus tard, les travaux de réaménagement continuent, mais l’offre de loisirs proposée aux résidents reste insuffisante ou inadéquate.
C’est un rituel quotidien. A la sortie de l’école du Rhin, au pied du pont qui relie le quartier à Kehl, Halima et les autres animateurs du centre socio-culturel (CSC) Au Delà des Ponts récupèrent les enfants. Jusqu’à 18h, le CSC encadre ces jeunes âgés de six à onze ans dans leurs locaux de la Route-du-Rhin, à travers l’aide aux devoirs et des jeux. Un moment apprécié par les 34 enfants inscrits au centre, malgré le manque de moyens. « Ma fille a plus de choses que ce qu’on a ici, j’ai vraiment l’impression que le Port-du-Rhin est un quartier délaissé», rapporte Halima. Sur les étagères de l’atelier peinture, « on n'a que du rouge, du jaune ou du blanc », déplore l’animatrice de 33 ans, arrivée en mars 2017 avec la volonté de « se rendre utile, ici plus qu’ailleurs ».
Depuis trois ans pourtant, le Port-du-Rhin est en pleine mutation. A proximité de la cité Loucheur érigée en 1931, sur la place de l’Hippodrome, s’est élevé un ensemble de 380 logements privés et sociaux qui ont attiré de nouveaux résidents, dans un quartier souffrant d’une mauvaise réputation. L'inauguration en avril de l'extension de la ligne D du tram jusqu'à Kehl a aussi désenclavé la zone. « C’est comme une lumière, avant c’était le noir », raconte Hifi, bénéficiaire d’un logement social. Devant la nouvelle aire de jeux installée au bas des immeubles, très peu fréquentée, le jeune papa surveille ses enfants et se réjouit de la transformation du quartier où il a grandi.
Entre l'Ill et le Rhin, les pêcheurs du front de Neudorf viennent chercher le calme au milieu de l'agitation de la cité. Casquette ou béret, les ambiances changent en fonction des spots qu'affectionnent ces passionnés.
Dans la zone piétonnière de Rivétoile, les horaires restreints et le manque d'espaces de déchargement compliquent le travail des livreurs. L’Eurométropole souhaite minimiser l’affluence de véhicules pour faire la part belle aux autres usagers et réduire la pollution.
Rivetoile, 9h du matin, les livreurs s’affairent. La zone souterraine de livraison est en effervescence, des véhicules stationnent, feux de détresse allumés au bord de l’avenue du Rhin, à cheval sur le trottoir. De chaque côté du centre commercial et de la presqu’île Malraux, le problème d’accès aux commerces est le même. Les livreurs s’adaptent comme ils peuvent pour respecter leurs délais, quitte à enfreindre les règles. Certains vont même jusqu’à traverser la passerelle piétonne en voiture, ou utiliser les accès pompiers.
« Au sous-sol de Rivetoile, on reste bloqués pendant des heures, il n’y a pas de place réservée et parfois il y a même des clients qui vont dans la partie livraison. Du coup je me mets sur le trottoir, au moins je suis tranquille », témoigne Serkan, livreur UPS. Tous les jours, il livre une vingtaine de colis aux boutiques du centre commercial.
Nombreux sont, comme Serkan, les livreurs qui dénoncent les difficultés pour desservir ce secteur. L’obstacle principal : un nombre trop restreint de zones de livraisons. Le souterrain est trop petit comparé aux flux de véhicules, il est vite encombré par les poids lourds, chaque commerce réceptionnant en moyenne huit fournisseurs différents par jour.
Le quartier Rivetoile-Malraux se verrait bien comme un centre névralgique de Strasbourg. Animé le jour, il est pour l’instant loin d’attirer les noctambules locaux.
Il est 19h50 et le Barco Latino n'affiche pas complet. En ce jeudi soir, pourtant propice aux soirées étudiantes, seules trois des tables de l’imposante terrasse colorée de la péniche cubaine sont occupées. La petite bande à Julie, qui vit à Strasbourg depuis deux mois, ne voit pas que des côtés négatifs à cette faible affluence. « Au moins, ici, on fait pas la queue, constate la jeune fille. Et puis les mojitos sont pas chers ! », ajoute en rigolant son amie Solange, un verre à la main. A la table d’à côté, Alice et ses amis sont plus critiques. « C’est un peu mort le soir ici », confie l’étudiante de 22 ans. Le groupe se rejoint là pour la première fois, plutôt par commodité que par volonté. « C’est ce qui nous arrangeait le plus, c’était à mi-chemin entre nos appartements respectifs », reconnaissent-ils.
Outre les installations fixes, les ateliers temporaires attirent aussi les familles. En 2016, plus de 200 000 visiteurs, petits et grands, se sont rendus au Vaisseau. Cette saison, l’animation Envole toi ! fait découvrir le vol mécanique et naturel à travers la fabrication de petits objets. « Qu’est-ce que je peux bien faire avec une bouteille ? s’interroge un garçon. J’ai besoin d’une cisaille ! » Au centre de la table, pots de yaourt, plumes et papier crépon sont mis à disposition. Les enfants laissent parler leur imagination. « Je fais de la magie scientifique ! », crie un autre marmot en voyant sa création s’élever dans les airs.
Au Shadok, ce sont les cultures numériques qui sont à l’honneur. Le FabLab met à disposition du public de multiples machines-outils pilotées par ordinateur. Sur les étagères trônent des catapultes miniatures en bois, fabriquées par les enfants. Tout au long de l’année, des formations alliant plaisir et découverte leur sont proposées, à l’image de Scan ta face, où les plus jeunes créent leur photo en 3D.