Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
Le Parlement européen a adopté, mardi 14 mars, un rapport d’initiative qui vise à établir des normes minimales pour le bien-être des lapins d’élevage. Le texte, porté par l’eurodéputé Stefan Eck, prévoit l’abandon progressif des cages en batterie.

Plus de 320 millions de lapins sont abattus chaque année pour leur viande dans l’Union européenne. Lundi 13 mars, l’eurodéputé allemand Stefan Eck (GUE/NGL, gauche radicale) a défendu devant le Parlement européen un rapport d’initiative qui entend mettre progressivement fin à l’élevage de lapins en cages, pour le remplacer par un système alternatif de parcs collectifs. Le texte fait valoir qu’améliorer les conditions de vie des léporidés permettrait de mieux prévenir les maladies, et donc de réduire l’usage intensif d’antibiotiques.
La résolution a été adoptée par une majorité d'eurodéputés mardi 14 mars. Pour Stefan Eck, c’est une « incroyable victoire » des consommateurs contre l’agriculture intensive. Pour arriver à ce résultat, les associations de protection des animaux et une partie des eurodéputés de gauche ont mené une intense campagne auprès de leurs collègues. Plus de 20 000 mails leur ont été envoyés pour les convaincre de l’utilité d’une telle résolution.
Les premiers détracteurs du rapport Eck sont les éleveurs des principaux pays producteurs de lapins comme la France, l’Italie ou encore l’Espagne. En France, les éleveurs s’opposent à un texte qu’ils jugent caricatural et non abouti. « La description faite dans le rapport des élevages ne correspond pas à la réalité française », déplore Dominique Le Cren, directrice du Comité lapin interprofessionnel pour la promotion des produits français (CLIPP). Elle souligne aussi que dans le contexte économique actuel, les agriculteurs ne peuvent pas se permettre d'investir dans de coûteux systèmes de parcs.
Au sein du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE, centre-droit) s'est fait l'écho de ces réserves. Pour la majorité de ses membres, légiférer sur une filière qui ne représente que 1,1% de la production de viande dans l’UE est inutile. L’eurodéputée slovaque Anna Záborská (PPE) estime ainsi qu'il faut que l'Union européenne s’en tienne à des sujets jugés plus « importants », comme les droits de l’homme. « J’aimerais être inondée d'emails pour le bien-être des citoyens européens plutôt que de messages sur le bien-être animal. »
Il revient désormais à la Commission européenne de décider des suites législatives à donner au rapport Eck.
Texte et Photo: Camille Langlade
L’Europe sans cap
La fin de l’Europe politique. Cette idée s’installe dans l’Union, alors que le déclenchement du Brexit a été validé mardi 14 mars par les parlementaires britanniques et que le sentiment eurosceptique semble gagner du terrain. Que les dirigeants européens ne s’y trompent pas, la victoire toute relative du libéral Mark Rutte aux législatives néerlandaises, au lendemain du vote britannique, ne met pas fin à la crise de confiance envers l’Union Européenne.
Pourtant, la machine législative communautaire fonctionne encore. Qu’il s’agisse de définir des règles plus strictes pour l’acquisition d’armes à feu, de renforcer les objectifs de réduction des déchets ou d’encourager la gouvernance responsable des entreprises, les eurodéputés, réunis en session plénière du 13 au 16 mars à Strasbourg, sont parvenus au consensus en surmontant les luttes intestines. La majorité des textes a été adoptée.
Mais légiférer ne suffit pas. Encore faut-il que l’horizon politique de l’UE s’éclaircisse. Pour cela, les Etats membres doivent se mobiliser ensemble. C’est le message adressé par Donald Tusk, le président du Conseil européen, aux eurodéputés. L’incapacité des dirigeants de l’Union à s’accorder sur les grands enjeux européens lors de leur dernière rencontre inquiète les parlementaires. Alors que certains parlent sans complexe d’une Europe à plusieurs vitesses, Donald Tusk prévient : « Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin. » Reste à trouver un cap. Les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas apporté de réponse claire et il y a urgence à s’entendre.
Laurent Rigaux