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Les croquis, les murs, les hommes, le temps, « tout passe ». C'est ce que Pisco a en tête lorsqu'il réalise une fresque. Graffeur, fresquiste, muraliste, peu importe le terme. Depuis l'âge de 14 ans il trace des lettres et des dessins à la bombe sur les murs de Strasbourg.
Gwladys Porracchia
Pour lui, la fonction d’imam ne s’exerce pas seulement à l’intérieur de la mosquée. Sortir, célébrer des événements religieux, mais aussi organiser des rencontres entre jeunes et moins jeunes, musulmans et non musulmans : telle est l’ambition de Saliou Faye, imam et éducateur dans le quartier de la Meinau, à Strasbourg.
Gaëlle Henry
Le traité de Lisbonne portait le projet d'un affrontement des candidats à la présidence de la Commission, brandissant chacun la bannière d'un europarti tout au long de la campagne. Démotivés, les partis hésitent à adouber leur candidat.
Des panneaux électoraux qui affichent en gros plan le visage de José Manuel Barroso dans les 27 pays de l’Union. Et le slogan : « Si vous soutenez le PPE, vous soutenez aussi la candidature de Barroso à la tête de la Commission ». A côté, une affiche du PSE montrant le danois Rasmussen, ou encore Daniel Cohn-Bendit sur le panneau des Verts européens. Voilà à quoi pourrait ressembler la campagne pour les législatives européennes de juin 2009. L’idée que chaque famille politique présente un candidat pour le poste de Président de la Commission pendant la campagne législative a été pour la première fois formulée par Jacques Delors en 1998. Son objectif était de proposer aux Européens des personnalités qui incarnent des choix politiques clairs sur les enjeux de l’Union, et d’asseoir la légitimité de la nouvelle Commission par un choix des électeurs entre plusieurs concurrents.
Tout, depuis 2004, est en réalité en place pour que ce scénario soit réalisable en 2009. Le Conseil européen, depuis l'entrée en vigueur du traité de Nice, arrête la désignation du président de la Commission à la majorité qualifiée avant de le soumettre au vote du Parlement. Or en 2004 le PPE, arrivé en tête, avait exigé que ce candidat soit issu de ses rangs. Cette condition préalable avait conduit les chefs d'Etat et de gouvernement à proposer José Manuel Barroso (PPE) aux suffrages du Parlement.
L'alibi irlandais
Le traité de Lisbonne ne fait que codifier cette pratique qui rend visible la couleur politique du président de la Commission, et le rôle déterminant des élections européennes dans sa désignation. Il précise désormais que le président de la Commission est "élu" (et non plus "approuvé") par le Parlement. Du coup, il incite ouvertement à faire de son élection l'enjeu central de la campagne électorale, ce qui revient à déposséder le Conseil européen de son droit de nomination au profit des europartis, et à donner aux électeurs celui de trancher.
Depuis des mois, les partis politiques européens sont donc à la recherche de candidats potentiels pour ce poste clé de l’Union, mais le « non » irlandais a douché leur enthousiasme.
Les états-majors des europartis hésitent devant un geste dont ils font valoir qu'ils pourrait être perçu comme une provocation par les opposants au traité. Derrière cette excuse officielle, des préoccupation plus boutiquières.
Pour le PPE, la position officielle est simple: "Il y a un consensus sur la candidature Barroso dans le parti", explique Wilfried Martens, président du PPE. Si elle n'est pas encore formalisée, c'est parce que l’intéressé hésite encore.
En réalité, admet-on au siège du parti, si l'ancien premier ministre portugais prend son temps, c’est que sa réelection à la tête de la Commission est loin d’être assurée. "Barroso est confiant de passer l’étape du Conseil européen : le PPE y détient la majorité qualifiée et les chefs d’Etat apprécient l’action du président sortant qui ne leur a pas fait d’ombre", confie un proche de la direction de l'europarti. "Mais la majorité absolue du Parlement européen n’est pas acquise. Il a un bilan très moyen, et selon moi, il rassemblerait à peine 40% des voix s’il se représentait devant les députés. Le problème c’est que le PPE n’a pas beaucoup d’autres options". Alain Lamassoure, eurodéputé PPE ajoute de son côté "le seul qui pourrait concurrencer Barroso au PPE c’est Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, mais il n’est pas intéressé".
La gauche divisée sur son choix
Les autres partis, PSE (parti socialiste européen) en tête, tardent à décider d'une position. Pour Martine Roure, députée socialiste européenne et vice-présidente du Parlement, "les élus socialistes seraient prêts à lancer un candidat, mais il faut se mettre d’accord sur un nom". Le seul "présidentiable" semblerait être le danois Rasmussen, actuel président du parti. Mais il aurait refusé l’offre pour ne pas sacrifier son avenir politique au Danemark.
Autre problème du PSE: les socialistes se positionnent différemment sur ce sujet selon la situation politique qu’ils occupent dans leur pays. Les Allemands, au pouvoir dans une coalition avec la CDU, sont réticents à voir un affrontement entre un candidat de gauche et un candidat du PPE, qui attiserait les tensions entre socialistes et CDU en Allemagne.
Le parti des Verts européens lui, choisit de faire profil bas. "Nous sommes la quatrième force du parlement, et nous ne sommes pas vraiment légitimes à présenter un candidat car on sait très bien qu’il ne sera pas élu", justifie Juan Behrend, secrétaire général du parti.
L'annonce qui pourrait changer la donne
Face à la réticence générale, les militants de l’Union des Fédéralistes Européens (UEF), reboublent l'intensité de leur campagne "Who’s your candidate ?"(Qui est votre candidat?), lancée il y a un an, afin de faire pression sur les europartis pour qu’ils nomment dès maintenant un candidat.
"Si les partis décident de présenter un candidat, c’est un pas de plus vers la supranationalité", argumente Henrik Kroner, président du Mouvement Européen, partenaire de la campagne. "C’est le moyen de politiser davantage les élections, et de rendre visible les clivages politiques."
Au-delà des distributions de tracts aux abords des réunions des partis, les organisations pro-européennes ont cependant peu de moyen de pression sur les acteurs politiques. Et elles peinent à se faire entendre.
Le PDE (Parti Démocrate Européen) de François Bayrou et Francesco Rutelli pourrait bien bousculer la donne. "Nous allons présenter la candidature d’une personnalité crédible, car nous sommes insatisfaits de la Commission sortante, et nous n’acceptons pas l’idée d’une reconduction automatique de son président", ont déclaré début décembre les deux co-présidents de l'europarti.
Une annonce qui pourrait bien forcer la main des hésitants. Il suffit qu'un europarti se lance, pour que les autres soient soumis à une pression accrue pour présenter un candidat. Le président du groupe PSE, Martin Schultz, a déclaré que la décision de son parti serait définitivement arrêtée en février à l'issue de son Conseil.
Marie Regnier, à Bruxelles
Simon Hix est professeur de politique européenne comparée à la London School of Economics and Political Sciences. Il décrit les principales familles politiques dans l'Union européenne.
Le Parlement européen permet d'identifier cinq grandes familles politiques transnationales et des forces politiques atypiques.
Le plus grand groupe au Parlement est le Parti populaire européen, qui est une coalition de démocrates chrétiens et de conservateurs. Le principal parti de centre-droit de la plupart des pays européens siège au sein de cette famille.
Au centre gauche on trouve les socialistes ou les sociaux-démocrates – les termes sont interchangeables. Ils sont plus cohérents que le PPE car ils forment une alliance moins lâche. Chaque pays en Europe, sauf peut-être en Europe centrale et orientale, a un parti qui s'y intègre bien.
Entre les deux, on trouve l'Alliance des libéraux et des démocrates pour l'Europe, qui est en gros une coalition de libéraux sur le plan social et économique. Certains de ses membres se situent à gauche, comme les libéraux démocrates britanniques, d'autres se positionnent à droite comme les libéraux scandinaves, les libéraux néerlandais et les libéraux belges, d'autres encore au centre comme le parti italien (La Margherita, aujourd'hui intégré au Partito Democratico) et le parti français (le Modem) qui siègent maintenant dans ce groupe. Ils constituent donc une sorte de bouquet mélangé. Cela leur permet de former tantôt une coalition avec les sociaux-démocrates sur les questions environnementales par exemple, tantôt avec le PPE sur les questions de régulation économique du marché.
A gauche nous avons ensuite les Verts. C'est une coalition de partis présents dans un nombre surprenant de pays. Presque chaque pays en Europe possède maintenant un parti Vert. Ils sont membres du parti transnational et beaucoup ont un siège au Parlement. Enfin, à gauche de la gauche on trouve une famille radicale composée d'anciens communistes ou de socialistes tels que le parti danois.
Il y a deux autres forces politiques au Parlement européen qui ne me paraissent pas correspondre à des partis transnationaux.
Nous avons une sorte de groupement anti européen, une alliance sacrée de divers groupes eurosceptiques de gauche et de droite, aux traditions plus religieuses, comme les communistes danois, la Ligue des familles polonaises, ou encore un parti orthodoxe grec.
Puis nous avons une coalition de partis conservateurs, la droite traditionnelle, qui ont choisi de ne pas rejoindre la famille PPE. Certains d'entre eux aimeraient le faire mais n'y ont pas été autorisés, comme Alliance nationale, en Italie ou le Fianna Fail irlandais qui s'interdit de rejoindre le PPE parce que son adversaire national, Fine Gael, y siège.
Enfin, il y a d'autres eurodéputés, issus principalement de la droite radicale comme le Front national français, le Vlaams Belang flamand, le Parti de la liberté autrichien mais aussi de divers partis protestataires, nationalistes et anti européens. Ils ont des difficultés à former une alliance transnationale parce que par définition ils ne croient pas en un projet transnational.
Clarisse Briot, à Strasbourg
Depuis le printemps 2006, le Parti socialiste européen (PSE) s’est doté d’une base militante de plus de 12 000 adhérents. Ceux-ci n’ont cependant que peu d'influence.
Pas de passage par les urnes pour désigner leur leader, ni d'ailleurs de cotisation supplémentaire à verser. Ils sont Allemands, Anglais ou Français, encartés au SPD, au Labour ou au Parti socialiste, et militent au sein du Parti socialiste européen (PSE). Depuis mai 2006, les adhérents des 33 partis membres du PSE peuvent se muer en euro-militants. Au total, plus de 12 000 socialistes, travaillistes et socio-démocrates des 27 pays de l'Union ont été recensés comme militants PSE, dont 4000 Français.
"L'objectif est avant tout de pouvoir rencontrer et échanger avec d'autres militants européens, témoigne Benjamin Lanier, militant PSE des Hauts-de-Seine. Nous faisons venir des camarades en France et vice-versa. Récemment, nous avons organisé un jumelage avec les militants PSE de Bruxelles, et nous avons été actifs lors de la dernière campagne des législatives à Dublin."
Ces euro-militants privilégient ainsi les rencontres, à défaut d'avoir de réelles prérogatives, comme la possibilité d'élire leurs responsables au niveau européen. En effet, le PSE est une fédération de partis nationaux dont les leaders prennent les décisions de manière collégiale.
Treize contributions au Manifesto
Les militants du PSE ont participé à l'élaboration du Manifesto. Lequel constitue le programme du parti pour les élections européennes de juin 2009. "En terme de démocratie participative au niveau européen, c'est une première, souligne Benjamin Lanier. Pour notre contribution, on a organisé deux réunions à Sceaux et à Fontenay-aux-Roses. On a aussi fait venir Pervenche Bérès (députée PSE, présidente de la commission économique et monétaire au Parlement)."
Seules treize contributions de groupes de militants ont été enregistrées. "C'est déjà beaucoup, vu que ces contributions constituent un travail de longue haleine, le fruit de débats et de consultations", juge Cécilia Gondard, qui participe à la gestion des militants au secrétariat du PSE.
Le parti invite régulièrement les militants lors des congrès et conseils - comme celui de Madrid pour l’adoption du Manifesto, début décembre. "On épaule les groupes de militants pour leurs campagnes européennes – en leur faisant parvenir tee-shirts ou flyers par exemple, détaille Cécilia Gondard. Mais le but est qu'ils lancent eux-mêmes leurs actions." Parmi les initiatives dont les militants sont le plus fiers : le blog des adhérents de Paris, ou encore le groupe Facebook (plus de 600 inscrits) de Gabriel Richard-Molard, de la fédération du Bas-Rhin.
Ne pas court-circuiter les partis nationaux
Pour s’inscrire au PSE, un seul critère à remplir : être encarté dans un parti affilié au PSE. Ensuite, il faut s'inscrire sur le site du PSE, en précisant le nom de sa fédération. "On ne cherche pas à court-circuiter les partis en créant une structure parallèle. Le but est de créer des réseaux entre les militants des partis – pour coordonner des actions de campagne, par exemple", souligne Cécilia Gondard. De Lisbonne à Bucarest, de Paris à Berlin, une cinquantaine de "city groups" de militants PSE a ainsi vu le jour. "Les modalités de création de cellules de militants PSE peuvent varier en fonction des pays et de la structure de leurs partis. Au Parti socialiste francais, par exemple, il existe des commissions Europe dans les fédérations qui peuvent choisir de créer, ou pas, un city group", précise Cécilia Gondard. Concrètement, tout militant du Parti socialiste peut fonder un city group, sous réserve que la fédération socialiste locale donne son aval.
Pierre Manière, à Bruxelles
L'Irlandais Declan Ganley lance son parti souverainiste. Objectif : faire des élections européennes un référendum sur le traité de Lisbonne.
« Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de voter sur le traité de Lisbonne, ce sera leur référendum. » Declan Ganley, leader du non en Irlande, a lancé officiellement son parti «Libertas.eu» le jeudi 11 décembre. Le message est clair : le traité de Lisbonne sera le principal cheval de bataille du parti lors de la campagne des européennes. L'homme d'affaire irlandais a choisi de réunir les journalistes à quelques centaines de mètres seulement du Conseil européen chargé d'examiner les solutions au problème irlandais. Le lendemain de son annonce, les dirigeants de l'U.E. suspendent l'avenir de l'Europe au référendum irlandais et le premier ministre irlandais, Brian Cowen, confirme l'organisation d'un nouveau référendum à l'automne. C'est une occasion en or pour Declan Ganley qui veut faire du traité de Lisbonne l'enjeu central des élections européennes.
Anciens de l'ADIE et amis de Bonde
Declan Ganley affiche l'ambition de « présenter des candidats dans les 27 pays de l'Union ». Ses partenaires restent plus mesurés. « Libertas aura des listes dans au moins une quinzaine de pays », estime Paul-Marie Couteaux. Le député européen soutenu par le MPF, assure par ailleurs que Philippe De Villiers « est le représentant de Libertas en France. » Suite à la dissolution de leur parti, les souverainistes de l'ADIE pourraient suivre les Français du MPF et grossir les rangs de Libertas. Le danois Jens-Peter Bonde, qui a quitté sa fonction de député au Parlement européen en mai dernier, est conseiller politique auprès de Declan Ganley. Toujours président d'EUDemocrats, Bonde souhaite une alliance entre les deux partis opposés au traité de Lisbonne. Plusieurs membres d'EUD, étaient d'ailleurs présents à Dublin à la mi-novembre. Le milliardaire irlandais avait alors réuni une cinquantaine de personnalités européennes pour un repas en l'honneur du président tchèque Vaclav Klaus. Le député européen non-inscrit, Hans-Peter Martin, avait lui aussi trouvé place auprès d'entrepreneurs et de personnalités des médias. L'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, où le créneau pour un parti souverainiste n'est pas encore investi, feraient partie des pays cibles de Libertas. Declan Ganley s'appuie aussi sur ses relations en Europe de l'Est, en Pologne et dans les Pays Baltes. En République tchèque, le président Vaclav Klaus a récemment évoqué la possibilité de soutenir un nouveau parti national qui pourrait s'appeler «libertas.cz». Son pays, qui prend la présidence de l'Europe au 1er janvier 2009, n'a toujours pas ratifié le Traité.
« Nous allons nous occuper de Libertas »
Le retour du traité de Lisbonne sur le devant de la scène ne plaît pas à la plupart des grands partis européens, même si aucun ne se sent réellement menacé. « Si les élections deviennent un débat pour ou contre le traité, explique le député européen PPE Alain Lamassoure, c'est évidemment très dangereux. »
« Libertas veut s'occuper de l'Europe. Nous allons nous occuper de Libertas », clamait Olivier Ubéda, délégué aux affaires européennes de l'UMP, lors du bureau politique du PPE à la mi-novembre.
Du côté des Verts, Alain Lipietz estime qu'en créant un parti, Libertas s'isole. « Le non irlandais a gagné en disant : je ne suis pas le patronat et je représente l'avis de tout le monde. (...) Or la position de Ganley est celle du grand patronat irlandais qui a extrêmement peur de l'harmonisation fiscale. Libertas, on va leur faire la publicité qu'il faut sur ce qu'ils représentent, les intérêts qu'ils défendent et la question de leur financement. »
Polémique sur le financement du parti
Les très importants fonds mobilisés par Libertas dans la campagne du non en Irlande intriguent autant que la personnalité de son fondateur. Declan Ganley a fait fortune dans la vente d'aluminium en Europe de l'Est et dans les télécommunications. Sa société américaine, Rivada Networks, vend des services de communication à l'armée et à la garde nationale américaines. « On ne sait pas où Ganley a obtenu ses fonds. La presse irlandaise a parlé d'organisations américaines », rappelle le secrétaire général des Verts, Juan Behrend. Aucune enquête sur le financement de la campagne du non en Irlande n'a été mandatée par le Parlement qui déclare se fier aux autorités irlandaises. « Si Libertas crée un parti, cela lui imposera de clarifier son financement », estime Antonio Lopez-Isturiz, secrétaire général du PPE. Face aux critiques dont il est l'objet, Declan Ganley affirme que « Libertas n'est pas un mouvement eurosceptique mais résolument pro-européen ». Il souhaite maintenant réunir un groupe de travail et élaborer un texte d'une vingtaine de pages, simple et lisible, plus conforme à ses ambitions pour une Europe « plus démocratique ».
Julie Bienvenu, à Bruxelles
Philippe De Villiers n’en fait plus un secret, il sera la tête de liste française de Libertas pour les élections européennes. "Je suis à la disposition de Declan Ganley pour permettre à ce grand mouvement pan-européen d’être présent en France", affirme le président du Mouvement pour la France (MPF).
La surprise n’est pas grande car après sa victoire contre le traité de Lisbonne, Declan Ganley a passé une partie de ses vacances en terre vendéenne, fief de M. De Villiers. Quelques mois plus tard, l’homme d’affaires était reçu aux universités d’été du MPF en île-de-France, où il a été acclamé par plus de 700 militants.
Le 11 novembre dernier, Philippe De Villiers était au diner organisé par Declan Ganley à Dublin. Ce rendez-vous a permis au milliardaire irlandais, de réunir les leaders "euroréalistes" de différents pays européens.
Cette association entre le leader souverainiste français et Declan Ganley ne fait pas l’affaire de l’Elysée. En 1999, une liste souverainiste rassemblant Philippe De Villiers et Charles Pasqua avait recueilli 13,1% des voix, devant la liste conduite par Nicolas Sarkozy qui avait obtenu 12,8 %. Le président de la République a rencontré Philippe De Villiers, le 27 octobre dernier, dans la plus grande discrétion à l’Elysée. Selon Patrick Louis, secrétaire général du MPF, L'UMP espère que De Viliers renoncera à se présenter dans les régions où il n'est pas certain d'avoir des élus, comme en île-de-France.
Pauline Ringenbach, à Strasbourg
Le président de Debout la République, le député-maire de Yerres (91) Nicolas Dupont-Aignan, ne souhaite pas se rallier au mouvement Libertas.
La crise financière et le traité de Lisbonne s'invitent dans les thèmes de campagne.
Tout était calé. Prospérité économique, climat, sécurité, défense et politique étrangère devaient être au cœur de la campagne européenne. Mais l'encre des programmes était à peine sèche que les europartis ont dû revoir leurs plans. En cause, l'arrivée totalement imprévue de deux gros dossiers: la crise financière et le traité de Lisbonne.
D’abord, la crise. Difficile de parler de clivage ici. Les partis sont plongés dans la même incertitude et tentent d’adapter leurs discours aux soubresauts des marchés financiers. Tous sont d’accord sur une chose: il faut désormais repenser le modèle économique européen. Reste à savoir comment.
Ensuite, le traité de Lisbonne. L’émergence du mouvement souverainiste "Libertas", associée à la décision de faire revoter les Irlandais à l’automne 2009, pourrait transformer la campagne en référendum pour ou contre le texte.
Concernant le climat, la défense et la politique étrangère les discussions s’annoncent là aussi complexes. Car sur chacun de ces dossiers, les clivages changent. Droite contre gauche, extrêmes contre partis de gouvernement, divisions au sein d’un même europarti... Les machines politiques doivent régler leurs positions au millimètre pour, à chaque fois, dégager de nouvelles alliances.
Jordan Guéant, à Bruxelles
Personne ne l'attendait. La crise financière a débarqué dans le calendrier en invitée surprise, prenant les partis au dépourvu. Les Verts, par exemple, ont dû ajouter en urgence un paragraphe à leur manifeste, en octobre dernier.
PGE et PVE. Bastion de la gauche anti-libérale européenne, le PGE n'a pas eu besoin de réadapter son discours. Ses positions sont claires: taxe sur les transactions monétaires pour dissuader les spéculateurs (taxe Tobin), hausse des impôts sur le revenu et mise en place d'un contrôle de l'État sur le système bancaire. Dans la même lignée, les Verts (PVE) militent eux-aussi pour des lois anti-monopoles, pour une suppression des donations publiques aux entreprises et pour la taxe Tobin.
PSE. Dès 2006, les socialistes ont évoqué les menaces pesant sur le système financier. Mais faute d'avoir une majorité politique, leurs propositions sont restées sans suite. Elles n'ont même pas été relayées dans les pays dirigés par des gouvernements socialistes. Aujourd'hui, le PSE les reprend dans son "Manifesto". La mesure phare concerne la réforme des fonds spéculatifs et des capitaux d'investissement, que le parti souhaite rendre plus transparents. Les socialistes envisagent de taxer ces
fonds qui agglomèrent des sommes colossales. Suppression des
parachutes dorés et des paradis fiscaux, renforcement de la régulation et réforme du FMI font aussi partie des propositions avancées.
PDE. Les troupes de François Bayrou et Francisco Rutelli souhaitent un renforcement des compétences politiques de l'Union afin d'avoir plus de poids pour contrer la crise. Favorables à une relance, ils entendent revoir à la hausse le budget communautaire. Ils veulent également renforcer la BCE, notamment pour lui confier une mission de surveillance des banques européennes.
ELDR. Difficile d'assumer l'affiliation au libéralisme par les temps qui courent. L'ELDR a donc mis un peu d'eau dans son vin en réclamant un renforcement du FMI. Mais il ne renie pas ses fondamentaux et réfute toute idée de nationalisation, de protectionnisme ou de "sur-réglementation".
Pour Daniel Tanahatoe, le parti "reste plus proche du PPE sur les questions économiques". Et de préciser: "Le problème, c'est qu'il y a deux visions au PPE. Celle de Sarkozy, interventionniste, et celle de Merkel, plus en retrait mais que nous approuvons davantage".
PPE. Changement de ton au sein du parti de droite. Il y a quelques mois, une écrasante majorité de ses membres prônaient le libéralisme, dans la lignée de l'ELDR. Avec la crise, une deuxième voie est apparue. Suivant les
positions françaises, certains ne sont plus hostiles à une dose d'interventionnisme et de régulation : "Ce sont des éléments peu contrôlés de l'économie de marché qui sont à l'origine de la crise. Il faut un arbitre. Pas un intervenant mais un contrôleur. Et sur ce point, je ne vois aucune différence avec le PSE", explique Antonio Lopez-Isturiz, secrétaire général. Mais en terme de programme, la droite reste floue, se contentant de réclamer une réforme du FMI.
A plus long terme, que faut-il faire de la très libérale stratégie de Lisbonne?
Voté en 2000 par les 15 pays membres d'alors, elle a servi depuis de colonne vertébrale à tous les programmes politiques.
Cette stratégie mise tout sur la recherche de la compétitivité dans un contexte de mondialisation galopante. Le retour de l'interventionnisme et de la régulation pourrait définitivement la mettre à mal.
Jordan Guéant, à Bruxelles
Toutes nouvelles nées, les fondations partisanes s'activent à déjà aligner les idées en ordre de bataille, entre deux séances d'aménagement de leurs locaux.
Pas de nom sur l’interphone. La fondation des Verts européens, la «Green European Institute», a son siège au 15, rue d’Arlon à Bruxelles. Mais, au premier abord, difficile de s’en apercevoir. En réalité, il faut sonner à Heinrich Böll Foundation, la fondation proche des écologistes allemands. La fondation des Verts européens se résume pour l'instant à un simple bureau, encombré de cartons, où s'affairent deux permanentes: Heidi Hautala, la présidente, épaulée par une directrice de programme Leonora Gewessler. Le site Internet de l'Institut doit voir le jour en janvier.
«Cela ne fait que quatre mois qu’on travaille réellement, même si la fondation a officiellement vu le jour en novembre 2007», confesse Leonora Gewessler. L’Autrichienne doit s’interrompre pour recevoir les agents de Belga Com qui installent le téléphone.
Même son de cloche au Center for European Studies, la fondation du Parti populaire européen (PPE). Leurs locaux sont indépendants. Des postes restent encore à pourvoir. Un bureau sert à stocker les publications: «C’est le bureau de notre futur administrateur général qu’on est en train de recruter», explique Tomi Huhtanen, le directeur.
Les fondations: puissantes en Allemagne, peu connues en France
Il faut dire que les fondations européennes en sont à leurs balbutiements. En 2007, le Parlement modifie la réglementation sur le financement des partis politiques européens, et octroie des fonds communautaires destinés à la création de fondations européennes.
Un sujet d'étonnement pour un Français, beaucoup moins pour un Allemand. Outre-Rhin, les fondations politiques sont puissantes et leurs budgets se chiffrent en centaines de millions d’euros. Sur ce modèle, les fondations européennes sont des laboratoires d'idées et des partenaires politiques pour les partis. «L'Europe s'est dotée d’institutions, ensuite on a eu les partis politiques européens, et il était normal que ces partis aient leurs fondations», juge Tomi Huhtanen. Indépendantes, les fondations ne peuvent soutenir les partis politiques lors des campagnes européennes.
Le directeur de la fondation du PPE assume ce rôle de «cerveau» du parti populaire. En témoigne ce sondage récent mené par la CES sur l'insécurité de l'emploi en Europe: «On a constaté que les gens sont moins inquiets de perdre leur emploi dans des pays où le marché de l'emploi est plus souple, insiste Tomi Huhtanen. Ce genre d'étude, ça apporte du grain à moudre à notre famille politique.»
Objectif: participer à la formation d'une conscience collective
«Pour 2009-2010, nous avons pour l'heure deux axes principaux de travail : la thématique de l'éducation et l'élaboration d'un vrai corpus théorique d'économie politique de gauche», explique François Isserel-Savary, conseiller politique de la FEPS, la fondation du Parti socialiste européen (PSE). En novembre dernier, la FEPS a ainsi publié des travaux sur la régulation des marchés financiers, en collaboration avec l'université américaine Columbia.
«La fonction des fondations est de rapprocher l'Europe des citoyens en reconnectant les agendas nationaux et européens», poursuit François Isserel-Savary. Pour ce faire, les fondations européennes ont développé leur réseau national. La FEPS s'appuie ainsi sur une «plate-forme» de 29 fondations nationales, dont deux françaises (les fondations Jean Jaurès et Europartenaires). Pensées comme des relais partout en Europe, les fondations souhaitent participer à la formation d'une conscience politique. «On a besoin de politiser l’Europe, analyse Heidi Hautala. Mais aussi d’écouter et de comprendre les citoyens européens.» Séminaires en Pologne ou en République tchèque, congrès, colloques et stages dans les Etats baltes. La plupart du temps, l’objectif est tout simplement de faire découvrir l’Europe aux citoyens.
Pierre Manière, à Bruxelles
La fondation du Parti de la gauche européenne fait preuve d’une activité sans équivalent comparée aux fondations des autres forces politiques au sein de l’UE. Cette originalité s’explique par sa genèse liée à l’explosion des mouvements sociaux au début des années 2000.
Transform, fondation du PGE ? « Attention, nous sommes avant tout un réseau d’organismes, d’instituts, de think tanks de la gauche radicale qui existe depuis 2001, explique Elisabeth Gauthier, responsable de l’association Espace Marx, membre fondateur de Transform. Nos racines ne se trouvent pas dans le monde politique mais dans les mouvements sociaux. » Formulée au troisième étage du siège du parti communiste, place colonel Fabien à Paris, la précision émane d’une membre du bureau national.
Transform englobe plus de 90 composantes. Un rapide coup d’oeil au sommaire de l’épais magazine éponyme, près de 200 pages, suffit pour se rendre compte de la diversité des collaborateurs. Les écrits de chercheurs de la fondation Gabriel Péri, directement affilié au PCF, côtoient le plaidoyer d’un syndicaliste indien pour la régulation du travail dans les mines. Seule contrainte - non écrite - pour chacun : expliquer les enjeux sociaux actuels (précarisation des salariés, contestation sociale...) à travers une analyse marxiste.
PGE-Transform : une union libre
L’année de création, 2001, correspond au premier forum altermondialiste à Porto Alegre au Brésil. C’est au cours de cette rencontre que les réseaux anticapitalistes européens décident de mettre en commun leurs recherches dans le domaine social.
« Espace Marx s’est constitué aussi après un mouvement populaire : les grandes grèves de 1995, précise la responsable du think tank français. L’intérêt principal est de rencontrer des acteurs très différents : syndicalistes, associatifs, politiques, intellectuels, etc. Nous avons voulu recréer cette synergie au niveau européen. » L’équipe de direction de Transform compte trois personnes : Elisabeth Gauthier, Ruurik Holm (Left Forum, Finlande) et Haris Golemis (Nicos Poulantzas Institute, Grèce). Le réseau compte aussi un coordinateur, l’Autrichien Walter Baier.
En 2007, le PGE demande à Transform de devenir sa fondation politique au sein de l’Union européenne. La Portugaise Carmen Hilario, représentante de l’europarti, se joint deux fois par an aux réunions. Mais Transform ne veut pas être assimilé au parti.
Le PC de Bohême-Moravie (République tchèque), qui appartient au PGE et compte six députés européens, n’y est pas représenté. La LCR, qui refuse d’adhérer au PGE, participe elle régulièrement à ses débats. « Pour continuer à fonctionner correctement, nous devons séparer au maximum le domaine du politique et celui de la recherche, insiste Walter Baier, coordinateur de Transform et ancien président du PC autrichien. Le mélange des genres n’est jamais bon. »
L’activité se manifeste par l’utilisation importante du web, outil roi des altermondialistes. Elisabeth Gauthier déclare recevoir jusqu’à 150 courriels par jour provenant du la mailing liste du Forum social européen.
Sur la toile, en ce moment, le débat d’idées s’intensifie en vue du prochain forum social mondial de Bélem, au Brésil, en janvier 2009. A l’ordre du jour : la crise financière.
Mathieu Galtier