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Répartition du programme d'aide 2012-2014. Source : Commission européenne.

Le Parlement veut relancer l'Union pour la Méditerranée

"Depuis plusieurs années, l'Union européenne rate des occasions historiques et je ne veux pas que l'on connaisse cela à nouveau. Le Parlement européen l'a compris, au contraire d'une partie de l'Union." La pique est signée Martin Schulz (S&D), l'homme fort du Parlement et tout nouveau président de la délégation à l'Assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée (UpM), qui se réunissait hier après-midi à Strasbourg.

"Nous allons travailler dur"

Pour son premier discours devant la délégation, Martin Schulz a affirmé son ambition de relancer l'initiative euro-méditerranéenne. "J'ai l'intention de développer le rôle du Parlement européen pour forger des dialogues et par ce biais lancer de nombreux projets, a-t-il détaillé. Hôpitaux, rues, universités, infrastructures, agriculture durable... Ces pays en ont besoin." Le partenariat économique est donc au cœur du projet. Pour financer ces futurs investissements, l'idée d'une nouvelle banque d'investissement euro-méditerranéenne, propre à l'UpM est débattue. Elle recueille l'approbation de nombreux eurodéputés. Autres projets évoqués : l'encouragement du micro-crédit et le développement de l'université Euro-Méditerranéenne (EMUNI). La députée Tokia Saïfi (PPE), très impliquée dans la délégation de l'UpM, a par ailleurs tenu à ce que la diplomatie ne soit pas la grande oubliée. L'élue française réclame une "déclaration extrêmement forte à l'encontre du régime syrien. Il faudra aussi pousser nos voisins du Sud à être plus vigoureux face à cet assassinat." Toutes ces questions seront débattues dans deux semaines, à Rabat. La délégation parlementaire de l'UpM s'y réunira pour sa huitième session, les 24 et 25 mars. "Nous allons travailler dur", assure Martin Schulz.

Quelle crédibilité pour l'UpM?

Au cours de cette réunion, les eurodéputés se sont montrés particulièrement critiques à l'encontre de la diplomatie européenne. "Ca fait des années que nous tirons la sonnette d'alarme", s'est désolée Tokia Saïfi. "Avons-nous vraiment aidé les foules qui descendaient dans la rue? Avons-nous apporté les bonnes réponses à ces gens?", a renchéri Pier Antonio Panzeri (S&D). Pour le député italien, la discrétion de l'UE – en particulier celle de Catherine Ashton - durant les révoltes arabes pose le problème de la "crédibilité" de l'UpM. Après avoir soutenu et reçu les despotes déchus Moubarak, Kadhafi ou encore Ben Ali, elle doit regagner la confiance de ses partenaires du sud de la Méditerranée. Martin Schulz partage cette analyse - "j'avoue, notre soutien a été ambigu" – mais estime que l'incertitude planant sur l'avenir de nos voisins sud-méditerranéens nécessite de tirer un trait sur le passé. Pour le président du Parlement, "si les gens lient la démocratie à moins de sécurité, moins de perspective économique, ils risquent de retourner vers les anciens régimes ou chez les fondamentalistes." Face aux échecs successifs de l'UpM, les eurodéputés espèrent que la bonne volonté témoignée hier sera enfin suivie de faits.

 

Alors que l'Union européenne récupère la coprésidence de l'Union pour la Méditerrannée, Martin Schulz, président de la délégation à l'Assemblée parlementaire de l'UpM souhaite impulser une nouvelle dynamique aux relations euroméditerranéennes. En tirant les leçons de quatre années d'échecs successifs et des erreurs de conceptions de 2008.

R. Obiols : "Une initiative trop politisée"

Pour l’eurodéputé espagnol Raimon Obiols (S&D), l’Union pour la Méditerranée paye aujourd’hui ses erreurs passées et une conception bancale. Membre de la délégation à l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée, il n’hésite pas à faire la critique de cette institution qui n’a pas avancé.

L’Union pour la Méditerranée a-t-elle encore un avenir ?

Avec le changement de coprésidence, l’Union pour la Méditerranée peut prendre un profil pragmatique. Ce qui est bien en dessous du projet initial. Il n’y aura plus vraiment de géopolitique comme le voulait Nicolas Sarkozy en 2008. On va avoir une approche beaucoup plus réaliste aujourd’hui.

Pourquoi l’UpM a été incapable de remplir ses objectifs ?

L’UpM a été mal conçue dès le départ. Elle a été très liée à la politique française via la campagne présidentielle de 2007.  Il y a eu les beaux discours d’un côté. Le manque de réalisme et de précision d’un autre. En fait l’intendance n’a pas suivi les paroles. L’union a été conçue de manière bien trop politisée, pas assez pragmatique. Cela manquait aussi d’argent, ce qui a provoqué l’échec de plusieurs projets.

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Tableau extrait du rapport de la Commission sur "le second programme d'ajustement économique" de la Grèce

Subventions du Parlement aux europartis

Crédit : Chloé Mahier/Cuej

 

Retour sur les marchés

Mais pour le FMI ce second programme ne se termine pas en décembre 2014. A la différence de l'eurozone, il prévoit d'échelonner son assistance financière jusqu' à février 2016. Pour cette période supplémentaire, sa contribution, selon la Commission (2), devrait s'élever à 9,1 milliards d'euros, portant le total du programme d'aide à 173,6 milliards €.

Or, de 2015 à 2017, les besoins financiers d'Athènes, pour conserver sa trajectoire, sont d'ores et déjà estimés à 44 milliards €. La différence, le gouvernement devra l'assumer en poursuivant sa politique de privatisation - censée rapporter 17,7 milliards à l'Etat…et en levant 17,2 milliards € sur les marchés. C'est là que le bât blesse : même dans le plus optimiste de ses scenarii le rapport de la Commission juge lui même peu probable l'hypothèse d'un retour de la Grèce sur les marchés à l'horizon 2015.

Un troisième programme d'aide paraît donc aujourd'hui inévitable. Si tout se passe pour le mieux d'ici là.

Clémence Mermillod, Rémy Dodet

(1) 34 milliards selon le FMI

(2) L'échéancier du FMI ne prévoit qu'un versement de 8,2 milliards pendant cette période.

Selon la version officielle, le programme d'aide à la Grèce se montera d'ici fin 2014 à 130 milliards €, dont 28 pour le FMI . Un rapport de la Commission rendu public le 14 mars par l'agence Reuters établit que le montant de l'aide à verser dans le cadre de ce second programme sera beaucoup plus élevé, oscillant entre 164,5 et 173,6 millards selon la périodisation retenue (voir tableau) .

Sur les 110 milliards € du premier plan décidé en mai 2010, 37 milliards (1), dont 9,9 pour le FMI, n'ont toujours pas été versés. Ce reliquat est pris en compte dans les ressources affectées au second programme d'aide, et vient s'ajouter aux 130 milliards annoncés. En clair, d'après le rapport de la Commission, l'Eurogroupe et l'institution de Washington vont en réalité prêter 164,5 milliards € à la Grèce entre 2012 et 2014, dont 112 dès cette année. Selon l'échéancier fourni par la Commission, la contribution du FESF s'élèvera à 144,7 milliards, et celle du FMI à 19,8 milliards.

Ces contributions publiques, pourtant, ne devraient pas suffire à satisfaire aux besoins estimés pour ces trois années. Si la réussite de l'opération PSI (Private Sector Involvment) devrait lui permettre d'effacer 107 milliards de sa dette, le Trésor grec, selon ce document, aura sur cette période besoin de 178,6 milliards d'euros pour rester sur la trajectoire d'une dette ramenée à 117% du PIB en 2020. C'est à Athènes qu'il incombera de trouver les fonds manquant. Ils devront provenir pour l'essentiel de privatisations, dont la Commission prévoit qu'elles rapporteront 11,8 milliards d'euros.

Evelyne Gebhardt est membre de la SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschland) et Axel Voss, membre de la CDU (Christlich Demokratische Partei Deutschlands), section locale de Bonn..

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