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Après une quinzaine d'année à l'OCDE, Paul Atkinson a rejoint le Groupe d'économie mondiale de Sciences Po à Paris. Il continue aujourd'hui ses travaux de recherche en économie et collabore occasionnellement avec l'OCDE. Il nous a reçu dans son appartement du 8ème arrondissement de Paris pour nous expliquer le phénomène de l'explosion des produits dérivés.

«Commençons par distinguer deux types de produits financiers: les titres primaires et les dérivés. Les titres primaires sont principalement les obligations - bons du Trésor ou reconnaissance de dettes d'entreprises-, les créances sur prêts bancaires, par exemple les prêts immobiliers, et les actions. Les transactions qui mettent en jeu ces produits ont pour but de financer l'économie réelle : il s'agit d'investissements.» En gros, si l'Etat doit emprunter pour construire une nouvelle école, il va vendre des bons du Trésor; si une entreprise veut s'agrandir, elle va emettre des obligations ou augmenter son capital en émettant des d'actions.

David Cameron a choisi de défendre les intérêts de la finance londonienne. En échange de sa signature pour la révision du Traité européen renforçant la discipline budgétaire des Etats membres, il exigeait d'y annexer deux protocoles : garantir son droit de regard sur le marché unique, mais surtout protéger la City contre la régulation financière.

Les activités financières de Londres contribuent à 10% du PIB britannique. Sur ses 2,9 km2,, 12 755 entreprises emploient 316 700 personnes directement et 1,1 million indirectement. Avec 500 banques dont 241 banques étrangères, elle est le plus grand centre bancaire mondial. Le profit du secteur : 35 milliards de livres en 2010.

Le Royaume-Uni exclu de tous les processus de décision

«Les Européens doivent comprendre que l'on a besoin de protéger la City contre la régulation, contre les taxes qui ferait perdre sa compétitivité à Londres par rapport aux autres places financières. Une quarantaine de propositions de l'Europe nuiraient à la City, surtout celle sur les transactions financières», explique Michael Fallon, député conservateur. 

Mais avec ce véto, le Royaume-Uni se retrouve plus que jamais isolé en Europe. Jonathan Powell, journaliste du Financial Times, ne cache pas son inquiétude : «Le Royaume-Uni va être exclu de tous les processus de décision sur les politiques économiques de l'Europe. Nous serons liés au décisions européenne mais incapables de les influencées». Charles Grant, du Centre pour la réforme européenne confirme que ce choix «est un désastre pour le Royaume-Uni qui menace l'intégrité du marché unique». En théorie, les décisions européennes sur le marché unique seront prises à 27. En pratique, les 26 voteront à la majorité qualifiée, même si les décisions concernent la City. «Si le Royaume-Uni veut gagner des votes, il aura besoin d'alliés», explique Charles Grant.

Une décision qui pourrait nuire à l'économie de la City

Pas sûr, donc, que les milieux économiques et financiers britanniques soient protégés. «Le Royaume-Uni ne faisant plus partie du premier cercle, les intérêts qu'il tentait de préserver pourraient être mis à mal», s'inquiète le Financial Times. Une situation qui pourrait nuire à la place financière londonienne. «La City veut rester dans l'Europe car c'est dans son intérêt. La moitié de ses investissements et de son commerce se fait avec des Etats membres. Le seul contentieux avec l'Europe reste la taxe sur les transaction financières», insiste Martin Horwood, député Libéral-démocrate. Pour lui «réouvrir ce débat sur l'appartenance à l'Europe dans cette période de crise est opportuniste et destructeur. L'instabilité est la dernière chose que veulent les marchés. Cela va nuire à l'économie britannique».

Dans une interview à la BBC, John Cridland, président du CBI, la confédération des entreprises britanniques, a reconnu qu'il n'était pas sûr que la City sera mieux protégée en ne participant pas aux négociations européennes, et surtout s'est inquiété pour l'attractivité de l'économie britannique.

La City est, elle, plus impopulaire que jamais chez les électeurs britanniques. «Il y a deux points de vue quant à son  importance, nuance Michael Berlin, historien. Il n'y a pas de vraie industrie dans le pays donc son existence serait très positive sur l'économie britannique. L'autre point de vue est de dire que la City est un parasite car elle est surtout bénéfique pour le petit cercle de gens qui travaille les uns pour les autres. Si vous allez dans le nord de l'Angleterre, si la City était sur la lune ce serait le même chose».

Anna Benjamin,Victor Patenôtre

 

 

Quatre eurodéputés, membres du très fédéraliste groupe Spinelli, lors de sa réunion du 8 décembre. Deux d'entre eux participeront à la rédaction de l'accord intergouvernemental, à savoir le Belge Guy Verhofstadt, président de l'ALDE (deuxième à gauche), et le Français Daniel Cohn-Bendit, président des Verts, en tant que suppléant (premier à droite). L'Allemand Elmar Brok (PPE) et l'Italien Roberto Gualtieri (S&D), également membres du groupe Spinelli, figureront aussi dans la délégation du Parlement européen (CUEJ/ François Reigner)

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La courbe des produits dérivés épouse les rythmes de  la déréglementation,  et de  la montée de la concurrence mondiale entre gigabanques.

Le Parlement européen a adopté le "six-pack", six mesures d'encadrement des déficits, le 28 septembre 2011.
(©Parlement européen)

Les critères de Maastricht resserrés

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12 fois le PIB mondial

Extraite d'un article de Paul Atkinson et Adrian Blundell-Wignall, consacré  aux banques systèmiques, aux produits dérivés, et à la stabilité financière, publié par l'OCDE fin 2011, cette infographie distingue deux types de produits financiers : les titres primaires qui servent à financer l'économie réelle et les contrats dérivés qui ont pour but d'échanger des richesses entre parieurs. Depuis le milieu des années 1990, l'essor des seconds est fulgurant, tandis que la courbe des transactions utiles à l'économie plafonne.

En 1998, la valeur totale des échanges sur les produits dérivés était de 81 000 milliards de dollars, soit près de 3 fois le PIB mondial. Elle a atteint 605 000 milliards en 2010, environ douze fois le PIB mondial. Les transactions primaires n'ont varié qu'entre 1,5 et 2 fois du PIB mondial sur la même période.

Catherine Deunf et Fabien Piégay

 

 

Revenir à l'équilibre, mais comment ?

« Pour 2012, ce sera 4,5% de déficit et 3% en 2013 et rien d’autre », affirme Gilles Carrez (UMP), rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale. «Le problème, c'est que ni l'UMP, ni le PS ne détaillent leur plan pour revenir à l'équilibre à l'horizon 2016».
Pour 2012, le gouvernement table sur 1% de croissance, alors que la Commission européenne pronostique 0,6%. Soit une différence de 5 milliards, à trouver pour maintenir l'objectif de réduction des déficits, selon les administrateurs des commissions des finances.
Quant au rééquilibrage des finances à l'horizon 2016, c'est plus de 40 milliards d'économies qu'il faudra réaliser, soit l'équivalent d'une année d'impôts sur le revenu. Sans compter les intérêts payés par l'Etat pour emprunter sur les marchés. Aux commissions des finances, les administrateurs estiment la combinaison d'une réduction des dépenses et d'une hausse des impôts inéluctable.

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