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Lina, 15 ans, disparaissait le samedi 23 septembre alors qu’elle se rendait à la gare de Saint-Blaise-la-Roche pour rejoindre son petit copain. Cinq mois plus tard, l'adolescente est toujours portée disparue malgré les battues et le travail des enquêteurs. L’affaire, qui a suscité un intérêt médiatique important, connait depuis ce vendredi 2 février un rebondissement : la réouverture, par le parquet de Strasbourg, d’une plainte pour viol déposée par Lina en 2022. Hervé Miclo, journaliste de terrain et chef d'agence à Molsheim, revient sur les coulisses de l’enquête, ses répercussions sur les habitants et sur lui-même. Rencontre.
Quelle était l’atmosphère lors des jours qui ont succédé la disparition de Lina ?
Nous avions diffusé l’avis de recherche le dimanche et je suis arrivé sur place le lundi pour assister à la première battue. Beaucoup de personnes sont venues spontanément. C’était un mouvement assez large, il y avait une centaine de personnes le premier jour, et près de 400 le deuxième. Pour les habitants, il y a eu une longue période d’inquiétude, qui s’est révélée par une flambée d’achats de bombes au poivre et de lacrymogènes.
Et cinq mois après sa disparition, quelle est l’ambiance à Plaine ?
Ça se détend doucement et il y a une volonté de reprendre une vie normale. Ce qui a changé, c’est l’attention des gens sur ce qui se passe autour d’eux. Par exemple, quand une voiture passe, ils regardent de qui il s’agit. Des petits réflexes de ce type se sont mis en place.
Qu’en a-t-il été de l’emballement médiatique ? Selon vous, des erreurs ont-elles été commises ?
L’emballement médiatique a été très rapide, c’était impressionnant. Cette affaire a énormément passionné, c’est peut-être dû à un creux médiatique à cette période. On ne sait pas très bien ce qui fait qu’une affaire va créer un emballement. Peut-être parce que la jeune fille a disparu très vite… La montée en puissance médiatique a été très brutale pour les habitants aussi. Une certaine pression a été exercée sur l’entourage de Lina et des approches assez maladroites ont été commises de la part de certains confrères et consœurs.
Face à cette pression médiatique, avez-vous réussi à créer et entretenir des liens avec la famille et les habitants ?
Nous avons la chance d’avoir été sur place avant et d’avoir déjà des contacts dans le village. Ces contacts, on doit les protéger. On ne peut pas se permettre de récupérer une information sans penser aux conséquences sur les personnes dont on parle. Je sais que je vais continuer à vivre avec les acteurs de ce drame et je dois le prendre en compte. C’est un dossier sur lequel je travaille presque tous les jours. Le contact avec ces gens est quotidien. On a cette volonté de tisser un maximum de liens pour, s’il se passe quelque chose, pouvoir le raconter. D’ailleurs, on ne publie pas forcément tout ce que l’on recueille, il y a des choses que l’on garde pour nous, pour ne pas perturber l‘enquête. On y fait très attention et on évite le sensationnalisme.
En tant que journaliste, est-ce que cette affaire vous touche personnellement ? Comment vous protégez-vous ?
Il faut arriver à décrocher. Dans les premières semaines, je ne dormais quasiment plus, ça tournait en boucle dans ma tête. J’ai commencé ce métier à 17 ans et demi en tant que correspondant dans les Vosges et je travaillais avec une journaliste qui bossait sur l’affaire Grégory. J’ai vu un peu ce qu’était une dérive médiatique et judiciaire et les dégâts que cela pouvait causer. Ça m’a toujours accompagné et j’ai appris à faire exactement l’inverse. Au-delà de ça, il faut arriver à décrocher, faire du sport, se balader… Réussir à arrêter la machine à gamberger. Ce n’est pas facile. Il y a tellement de travail à faire sur le dossier de Lina que forcément, ça ne nous quitte plus, c’est très obsédant.
Il y a encore un espoir pour Lina ?
Dans les premiers mois, les enquêteurs pensaient encore à la possibilité d’une fugue. Aujourd’hui, ils ne croient plus beaucoup à une fin relativement heureuse. Dans le meilleur des cas, Lina aurait été enlevée et plongée dans un milieu de proxénétisme à l’étranger, un truc un peu fou, mais c’est à peu près la seule hypothèse dans laquelle elle serait encore en vie. Les chances de la retrouver vivante sont minimes.
Esther Suraud
Édité par Kilian Bigogne
L’homme de 32 ans, soupçonné d’avoir blessé trois personnes au couteau samedi 3 février en gare de Lyon à Paris, a été mis en examen ce mardi. L'enqûete montre que le Malien souhaitait « s’en prendre à des Français ».
Depuis samedi 3 février, un homme de 32 ans est soupçonné d’avoir attaqué trois personnes à l’arme blanche dans la gare de Lyon, à Paris, faisant un blessé grave et deux blessés légers. Ce mardi 6 février, il a été mis en examen pour tentatives d’assassinat et violences commises avec armes aggravées, selon une source proche du dossier citée par l’AFP.
Un profil psychiatrique instable
Malien, le trentenaire vivait « en situation régulière en Italie depuis 2016 », avait précisé Laurent Nunez, préfet de police de Paris, peu après l’attaque. Sa situation lui permettait de voyager en France en toute légalité. Interpellé, l’individu avait été placé en garde à vue. Une garde à vue suspendue pendant 24 heures en raison de son état psychiatrique, avant de reprendre. Selon la police italienne, le suspect était inconnu des services de police français comme italiens, et « était suivi pour des problèmes psychiatriques mais il n’a jamais manifesté de tendances violentes », selon l’AFP.
Il voulait « s’en prendre à des Français »
« Les déclarations du mis en cause, comme l'exploitation de son téléphone, ont conduit à envisager qu'il avait commis son acte pour s'en prendre à des Français, en raison de leur appartenance à la nation », explique le parquet de Paris dans un communiqué. Si le parquet national antiterroriste a été « avisé » de ces éléments, il a conclu « à ce stade que les critères n’étaient pas réunis pour se saisir ». Selon l’AFP et le Parisien, l’homme a évoqué les actions de la France au Mali, son pays d’origine, comme l’une des raisons de son acte. Enfin, le parquet de Paris indique que le pronostic vital de la personne la plus gravement touchée lors de l’attaque « était toujours engagé ». La victime s’était interposée entre l’assaillant et une passante, recevant un coup de couteau à l’abdomen et des coups de marteau à la tête. L’homme doit maintenant comparaître devant un juge des libertés et de la détention qui décidera des mesures de sûreté à son encontre. Le parquet a requis sa détention provisoire.
Milan Derrien
Édité par Manon Boudsocq
Le mystère perdure, cinq mois après la disparition de Lina, 15 ans, près du village de la Plaine, en Alsace. Depuis le 23 septembre 2023, le journaliste aux DNA Hervé Miclo couvre l’affaire.