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Perchées sur un coteau de terre argileuse au-dessus de la commune viticole d’Ammerschwihr (Haut-Rhin), les parcelles de vigne de Nathalie et Christophe Freyburger font face au soleil levant. Tout l’été, les grappes de ce raisin rose et généreux se sont gorgées de soleil et de sucre. Elles sont fin prêtes pour les vendanges. « Sur les neuf hectares de vigne que nous exploitons, nous avons les sept cépages alsaciens. Aujourd’hui, on va cueillir une parcelle de 40 ares de Gewurztraminer, explique Nathalie Freyburger, fière de ses cépages. Cette année, le raisin est superbe, ce sera un très beau millésime. »

La journée sera chaude

Il est 7 h 30 et les premiers rayons du soleil caressent les feuilles de vigne. En cette douce matinée de septembre, le couple a réuni autour de lui une équipe de dix vendangeurs surmotivés. Tous viennent du village et des alentours. La journée sera chaude et les vendangeurs ont à cœur de commencer à travailler tôt. « Cette année, nous avons renouvelé 70 % de l’équipe des vendanges de l’année dernière, confie Nathalie Freyburger. Beaucoup se présentent spontanément, mais ces dernières années nous avons eu plus de mal à recruter. »

Entre les rangées de vigne, alors que la cinquième et dernière semaine des vendanges arrive à son terme, les rires fusent et l’ambiance est familiale. Les vendangeurs se connaissent. Courbé au-dessus de son seau, un sécateur à la main, Loïc, brasseur reconverti âgé de 33 ans, a le sourire calme et le geste précis. « Les Freyburger exploitent ces terres depuis cinq générations et pourtant, on fait partie de la famille tout de suite. On fait un très beau travail, le raisin est cueilli au bon moment et on fait de la qualité. »

Les vendanges touchent à leur fin en Alsace. Chez Nathalie et Christophe Freyburger, qui exploitent neuf hectares de vigne à Ammerschwihr (Haut-Rhin), cette période de l’année est synonyme de fête et de partage.

« Et les Lensois, c’est des p… ». Il aura suffi de quelques secondes pour que l’attention se porte à nouveau vers les tribunes d’un stade en France et non pas sur le terrain. Alors que Lille accueillait Reims dans le cadre de la 6e journée de ligue 1 au stade Pierre Mauroy, des propos homophobes ont alors retenti dans l’enceinte lilloise allant à l’encontre des valeurs que prône le sport. La victoire rémoise 2 - 1 est anecdotique par rapport aux chants honteux entonnés par les supporters des Dogues.

« C’est le seul sport où tout un stade est capable de reprendre des chants d’une telle violence », s’offusque Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct. Deux jours plus tôt, le lanceur d’alerte qui lutte contre l’homophobie dans le monde du sport avait publié une vidéo de propos homophobes lors du match PSG – OM. Ce sont donc des enfants, des parents, des amoureux du football, soit des millions de spectateurs et téléspectateurs qui ont assisté à ce triste spectacle qui a duré plus de quinze minutes. Si pour certains « ça fait partie du folklore », les propos homophobes sont pourtant punis d’un an de prison et de 45 000 euros d’amendes.

Jean-Marc Freyburger, frère aîné de l'exploitant, participe aux vendanges annuelles en famille. Photo : Célestin de Séguier

« Ce n'est que du Pinkwashing »

Si les chants viennent des supporters, le problème touche le monde du football en général, joueurs compris. Depuis quelques années, les clubs et les instances de football, notamment la LFP ainsi que la Fédération française de football, ont donc demandé à des associations, telles que SOS Homophobie, de faire de la prévention dans les centres de formation. Mais pour Julien Pontes, cette stratégie « n’est pas suffisante ». Selon lui, « la France est très en retard par rapport à d’autres pays comme l’Angleterre ».

Le collectif Rouge Direct demande donc « des sanctions plus fermes et dissuasives ». « Obliger les joueurs à porter des maillots arc-en-ciel le 17 mai, journée internationale de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, ça ne sert à rien. Pour la plupart, ils ne savent même pas pourquoi il le porte ce jour-là. Ce n’est que du Pinkwashing». Plusieurs joueurs, comme Mostafa Mohamed (FC Nantes), ou Zakaria Aboukhal (Toulouse FC) ont même refusé de le porter. S’ils ont été sanctionnés financièrement par leur club, il n’y a rien eu du côté des instances.

« On a joué comme des ta…. », ces mots ont été prononcés au micro d’une chaîne de télévision par Kevin N’Doram (FC Metz), le 18 août dernier, juste après son match. Le joueur a seulement été sanctionné d’un match de suspension avec sursis. Pour l’association, c’est aux joueurs comme « Mbappé ou Jules Koundé qui doivent parler, car avec la résonance qu’ils ont, ils peuvent toucher des milliers de jeunes ». Alors que le chemin est encore long, Julien Pontes, porte-parole du collectif Rouge Direct, affirme être en contact avec la ministre des Sports et « que des choses vont se mettre en place », sans pouvoir en dire plus pour le moment. 

Kilian Bigogne

Édité par Zoé Dert-Chopin

De nouveaux incidents sont survenus dans des stades français cette semaine. La situation inquiète les associations de lutte contre l’homophobie.

L’homophobie dans le monde du football, une histoire sans fin

« On fait face à une homophobie décomplexée »

Alors que ce problème existe depuis plusieurs années, pour Julien Pontes, « on fait face à une homophobie décomplexée qui a tendance à s’amplifier ». Début septembre, une enquête Ipsos réalisée avec la Fédération sportive LGBT+, révélait que 46 % des Français ont déjà été témoins d’un comportement homophobe ou transphobe dans le milieu sportif. Après les incidents survenus dans les gradins ces derniers jours, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a réagi sur son compte X (ex-Twitter) : « Je me suis assurée dès hier soir qu’une réponse ferme soit apportée. La commission de discipline de la LFP est désormais saisie. J’invite le PSG à déposer plainte pour identifier les auteurs et les traduire devant la justice, pour qu’ils soient sortis des stades ».

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