Le module est validé, il peut être inséré dans un article pour être consulté par les internautes.
Sur le mur de la salle, quelques détails discrets sur un triptyque coloré se réfèrent au christianisme. On y voit, sur l’un, deux personnes agenouillées qui prient et sur un autre, Adam et Ève. Whitney, aussi gérante du café, n’aborde jamais sa foi en cours, mais elle est salariée d’une ONG de missionnaires chrétiens évangéliques. À part les tableaux, rien dans la salle de classe n’évoque non plus les célébrations de l’Église évangélique Perspectives qui s’y tiennent le dimanche, lorsque le café est fermé.
Entre ces personnes qui ont pu fuir la guerre ou subir des discriminations religieuses, Whitney estime qu’“ici, il n’y a pas de conflit. Beaucoup se rendent compte lors de mes cours que la rivalité entre leurs deux cultures n’existe pas en France.” L’intégration, c’est un des objectifs de l’association Quai 67. “On a tous besoin d’une communauté”, affirme Elinor, une autre bénévole.
Ce 17 novembre, le cours porte sur “les deux types de phrases interrogatives”, s’exclame l’enseignante avec emphase et grands gestes. Les élèves ont une heure pour s’exercer à se poser des questions. Au deuxième rang, une Bangladaise et une Géorgienne rigolent en se corrigeant mutuellement, quitte à passer à l’anglais quand c’est trop difficile. Au fond de la salle, deux autres jeunes femmes s’en remettent à Google traduction pour comprendre le sens de certaines questions. Leurs difficultés n'échappent pas au regard de l’enseignante, qui délaisse son tableau blanc pour leur venir en aide : “Ça se prononce “comment”, effectivement c’est bizarre, mais c’est le français”, lance-t-elle d’un ton amusé.
“Alors où sont passés les autres ? Ils dorment ?”, plaisante Whitney Vallenari, une Américaine chargée d’enseigner le français au Quai 67. Depuis le boulevard de Nancy, au quartier Gare de Strasbourg, la vitrine ne laisse paraître qu’un café. Dans une grande salle à l’arrière, huit femmes sortent leur cahier pour la leçon du jour. En septembre, 76 élèves s’étaient inscrits aux cinq cours répartis sur trois jours dans la semaine. “Une grande partie d’entre eux sont en situation irrégulière, c’est difficile de les garder jusqu’au bout”, détaille Whitney.
Depuis 2020, le boulevard de Nancy, artère majeure du quartier Gare de Strasbourg, héberge le café Quai 67. Derrière les ateliers socioculturels qu'il propose, une Église évangélique est à la manœuvre.
© Alexia Lamblé
À une clientèle cosmopolite, dix boutiques du quartier Gare proposent de transférer de l’argent à l’étranger.
Le parvis de la gare dans sa multitude d'élements, d'habitués et d'activités. © Fanny Gelb et Jean Lebreton
Alina* sort de son sac une carte d’identité et deux billets de 50 euros. “Pour la même personne que la dernière fois”, dit-elle dans un français hésitant. De l’autre côté du guichet, le responsable de l’agence s’assure du pays de destination : la Roumanie. D’ici 20 minutes, la famille d’Alina pourra aller récupérer l’argent dans une boutique partenaire, à 2 000 km d’ici. Changée en 500 lei roumains, la somme paiera la nourriture et l’électricité pour un mois. Ni Alina ni sa famille n’ont besoin de posséder un compte bancaire pour effectuer cet envoi d’argent.
Dans le quartier de la gare, ils sont nombreux en ce début de mois de novembre à se rendre dans une des dix boutiques proposant le service de transfert d'argent à l’étranger. Parmi eux, des immigrés comme Alina, qui expédient des espèces à leur famille restée au pays, mais aussi des patrons de PME ou encore des étudiants. Ils viennent de Strasbourg, de Bischheim, de Lingolsheim, ou de plus loin, comme Saverne.
Neuf de ces enseignes sont des commerces multiservices, partenaires de sociétés de transfert d’argent comme Ria. Dans ces téléboutiques, les clients peuvent aussi appeler à l’étranger dans une cabine téléphonique ou grâce à une carte SIM prépayée, acheter un téléphone, un ordinateur, un chargeur, faire réparer leur appareil électronique, récupérer un colis et parfois prendre un café ou une boisson fraîche à la machine. Moneytrans, rue Thiergarten, est la seule agence dont l’activité principale est la remise de fonds.