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Elle détaille enfin ce que sont les 5 D : la règle d’or lorsque l’on est témoin d’une agression à caractère sexiste ou sexuel.
Distraire. Ici, il s’agit de retourner la situation en s’adressant à la victime comme si on la connaissait : « Vous pouvez vous approcher et saluer la victime, lui demander de ses nouvelles, prétendre que vous ne vous êtes pas vu depuis longtemps. »
Déléguer. Utile pour des personnes timides ou effrayées. « Le témoin peut interpeller les autres passagers et passagères sur la situation en attirant leur attention sur ce qu’il se passe pour que quelqu’un agisse. »
Diriger. L’approche autoritaire. Le témoin peut s’imposer et confronter l’agresseur lui-même. « On peut s’interposer et s’adresser directement à l’agresseur, lui ordonner d’arrêter. On peut lui dire que ce qu’il fait n’est pas tolérable. »
Documenter. Enregistrer pour avoir des preuves. « Il ne s’agit pas de filmer pour envoyer ça sur les réseaux ! C’est pour avoir une preuve vidéo ou audio au cas où la victime décide de porter plainte. »
Dialoguer. Être là pour la victime, pour qu’elle ne soit pas seule. « Que ce soit pendant les faits ou après coup, on peut parler à la victime, lui demander si elle va bien. On peut être sidéré, choqué. Avoir quelqu’un qui nous parle à ce moment, ça aide. »
« Aujourd’hui, tout le monde sait que ces choses arrivent. Les gens n’ont plus d’excuse », assène Clara. Les moyens de réagir dans ces situations existent, et ils sont multiples. Les connaître peut sauver des personnes. Et de conclure : « C’est arrivé, ça arrivera encore, la seule question, c’est quand. »
Amjad Allouchi
Édité par Joffray Vasseur
*Le prénom a été modifié
Adepte du théâtre d’improvisation depuis 7 ans, elle est une figure émergente du stand-up strasbourgeois. Féminisme, couple, sexualité… l’humoriste puise dans ses expériences personnelles la matière vive de ses sketchs « mainstream ».
La zone euro connaît une hausse généralisée de ses prix. Guerre en Ukraine, coût d’emballages, reprise post-Covid… Ces phénomènes expliquent en partie l’inflation de 9,1% dans la zone euro. Face à la crise, retour sur les leviers disponibles pour endiguer cet emballement.
L’année 2022 s’inscrit dans un contexte économique mouvementé. La dépréciation de l’euro face au dollar cumulée à la crise énergétique se répercute directement sur le porte-monnaie des ménages. Cette situation préoccupante mobilise les institutions budgétaires et les gouvernements européens. La Banque centrale européenne (BCE) et les différents États disposent d’une multitude de moyens pour freiner l’inflation. Pour Cuej.Info, Théodore Laurent livre une partie des solutions.
« J’ai vu et vécu tellement d’agressions sexistes ou sexuelles que je n’en ai presque plus de souvenirs. » Clara*, 25 ans, témoigne, presque résignée. La jeune femme quitte la file d’attente interminable devant l’agence commerciale de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) pour se livrer, « c’est important d’en parler ». À côté, l’association Dis bonjour sale pute tient un stand pour sensibiliser les usagers des transports en commun aux violences sexistes et sexuelles dans les transports. La jeune femme égrène les situations de harcèlement ou d’agression auxquelles elle a assisté et qu’elle a vécues dans les transports en commun, une énumération presque interminable. Des « hommes collants » dans le tramway quand elle était mineure, des « dragueurs lourds » qui insistent pour avoir son numéro, un « mec » qui faisait délibérément le même trajet qu’elle dans l’unique but de la filer, un « type louche » qui la suit en sortant du métro parisien…
« Il y a quelques années, un gars s’est assis à côté de moi dans le tram et a insisté pour avoir mon numéro. À l’époque, c’était presque normal et j’étais timide. Je n’ai pas osé dire non. » Sa timidité l’a aussi parfois empêchée d’agir en tant que témoin. Elle relate une scène qui l’a perturbée, dans le métro lyonnais. Un homme se rapproche alors d’une femme qui semble gênée par son comportement. Il écarte les jambes, lui parle à voix basse, se lève pour lui tourner autour. Elle ne répond pas. « Charpennes – Charles-Hernu », c’est l’arrêt de Clara. Elle quitte la rame la boule au ventre de ne pas avoir su analyser la situation à temps pour intervenir.
Un « sauvetage »
Aujourd’hui, Clara assure qu’elle ne se laisserait plus intimider. D’autant que le harcèlement ne s’est jamais arrêté. « Il y a trois jours, je disais à mon copain que j’étais sûre que je me ferais encore agresser. Le lendemain, je m’abritais de la tempête près du tram Étoile-Bourse. Un homme se colle à moi. Je décide de m’éloigner et d’attendre près de la gare routière. Il me suit encore et me colle. Je m’abrite dans l’entrée des toilettes. Il campe juste devant, à 1 m de moi. Heureusement qu’une femme était à l’intérieur et parlait fort au téléphone, je pense que ça l’a empêché d’entrer... »
Elle se souvient, avec une pointe d’humour, d’un « sauvetage » inopiné. Dans le tramway montpellierain, un homme, la cinquantaine, l’aborde avec véhémence, mais la jeune femme reste sidérée. Une autre passagère, qu’elle connaissait déjà vaguement, s’approche de la scène, prend la main de Clara et lui dit « ça va ma chérie ? On y va ? ». Elle l’éloigne de l’homme qui abandonne sa victime. La tension retombe.
« S’adresser à la victime comme si on la connaissait »
Cette témoin d’une scène de harcèlement a eu les bons réflexes : divertir et dialoguer. Deux des cinq attitudes à adopter dans de telles situations, comme le préconise l’association Dis bonjour sale pute, fondée par Emanouela Todorova. « On est là pour sensibiliser ceux qui ne savent pas que ça arrive et donner les moyens de réagir à ceux qui en sont déjà conscients », développe Manon Schoenberger, co-responsable du pôle graphisme de l’association. Celle-ci avance un chiffre effarant : 100 % des femmes utilisant les transports y ont vécu une agression sexiste ou sexuelle. Sachet de bonbons à la main, elle approche les clients qui prennent leur mal en patience dans la longue file d’attente devant le point de vente CTS.
« Bonjour vous voulez des bonbons ? » Ça ne se refuse pas. « Vous avez un petit moment à m’accorder ? » Quitte à attendre, autant papoter. Manon interroge les personnes sur leur expérience, en tant que victime ou témoin. Ensuite, elle leur confie un « harcèlomètre » : un graphique, mis au point par Dis bonjour sale pute, qui permet de jauger de la qualité du trajet. Il sera bientôt affiché dans tous les bus et tram du réseau CTS.
Reste l’écueil du genre. Dans sa chronique hebdomadaire sur France 3 Alsace, Cyrielle Knoepfel ironise : « Un homme drôle, c’est sexy, une femme drôle… c’est drôle ». Même si les lignes bougent, le métier demeure majoritairement masculin. Les femmes seraient-elles victimes de la vieille antienne leur conférant moins d’humour que leurs homologues masculins ? « Nous avons beaucoup moins confiance en nous de base, alors qu’aux hommes, on apprend depuis tout petit à croire en ce qu’ils font. Monter sur scène m’a pris des plombes, je ne me sentais pas légitime alors qu’autour de moi, mes potes mecs n’hésitaient pas à passer le pas. » A ce soupçon d’autocensure mâtinée d’insécurités (« Des complexes, on en a plein. Sinon on ferait pas ce métier », lance-t-elle sur France 3) ajoutez une pincée d’entre soi : « Il y a aussi l’effet boys-club, conscient ou pas d’ailleurs. Sur les plateaux, les mecs font jouer des mecs et il faut un peu leur rappeler que des filles humoristes, il y en a plein ! ».
Et de plus en plus. Depuis quelques années, la vague de stand-up apparue aux Etats-Unis déferle sur la France, pour le meilleur et pour le pire : « Quand j’ai commencé en 2018, il n’y avait qu’une seule scène à Strasbourg. Aujourd’hui il doit y en avoir une dizaine. J’ai presque l’impression qu’il y en a une nouvelle chaque jour ! Il y a des gens qui se lancent parce qu’ils y croient vraiment, sont passionnés. D’autres surfent sur la mode du stand-up et produisent des choses d’un peu moins bonne qualité », dit-elle. Ses QG, ce sont le Strasbourg Comedy Club, la Péniche Mécanique ou le Blue Note Café. A Paris, elle a joué au Paname Comedy Club et au Café Oscar.
Des chroniques hebdomadaires sur France 3 Alsace
Mais vous pouvez aussi entendre sa voix dans une chronique sur les ondes de Radio Bienvenue Strasbourg, ou chaque vendredi matin sur France 3 Alsace. « A la télé, j’ai un thème et un timing imposé, c’est un exercice très calibré. C'est un bon exercice car le stand-up est un métier où tu as l’impression d’avoir énormément de libertés alors qu’en fait il faut être super organisé et droit. » Si son parcours n’a pas été rectiligne, voilà quelques mois maintenant que l’humoriste est devenue intermittente du spectacle à temps plein. Une forme de stabilité tardive pour celle qui « ne coche aucune case » à 37 ans : ni le mariage, ni la maison, ni le chien...
Ballottée entre Strasbourg et Paris, Cyrielle Knoepfel se forme au théâtre classique, contemporain, et d’improvisation (qu’elle pratique depuis 7 ans) à l’atelier Juliette Moltes implanté dans la capitale. Elle y apprend les grands textes : « C’est pas trop ma came, mais c’est une base géniale pour la diction, le phrasé… » En ce moment, Tartuffe la mobilise. Sans doute la fausse pudeur du héros éponyme rappelle-t-elle à l’humoriste une partie de sa vie de stand-uppeuse. « Sur scène, je parle souvent de sexe, mais sans jamais dire de gros mots. Pourtant, il m’est arrivé que des mecs viennent me dire à la fin ‘Dis donc, c’est vulgaire quand même !’ alors que ce type de réactions n’est jamais arrivé à mes potes humoristes mecs. » Couvrez cette sexualité féminine que l’on ne saurait voir. Le féminisme a encore de beaux jours devant lui. Mais ça, elle « en parle dans [s]on spectacle ».
Louise Llavori
Édité par Quentin Celet