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Lorsqu’on passe la frontière de Sighetu Marmației, par le pont de la Tisza qui relie l’Ukraine et la Roumanie, une ribambelle de peluches orne la balustrade. Les enfants qui ont fui la guerre voisine avec leur famille en ont bien besoin. Une fois la passerelle franchie, de grandes tentes blanches se dressent devant eux. À l'intérieur, des produits de première nécessité et des conseils juridiques sont offerts aux réfugiés. Dès leur arrivée, les Ukrainiens doivent indiquer s'ils veulent rester en Roumanie ou partir. Il leur faut s’enregistrer pour pouvoir bénéficier de la protection temporaire mise en place par les États membres de l’Union européenne.

Au fond d’une des tentes blanches, un tableau passe presque inaperçu. Il porte l’inscription «Jobs for Ukraine». Juste en dessous, une liste avec une vingtaine d’offres d’emploi. À Sighetu Marmației, ville de 40 000 habitants, une dizaine d’entreprises ont ouvert des postes. Le magasin Lidl cherche un ou une vendeuse, niveau d’étude exigé : l’école primaire. L’hôtel Buti, dans le centre-ville, recrute un ou une réceptionniste. Des ouvriers en bâtiments et couturiers sont aussi recherchés. Mais Alexandra Bota, bénévole au poste frontière, l’assure : « Le travail ? Ce n’est pas la première chose à laquelle pensent la plupart des Ukrainiens lorsqu’ils arrivent.»

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Les églises sont tellement fréquentées le dimanche que la messe est diffusée à l'extérieur par des hauts-parleurs. © Rafaël Andraud

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Pour Argair Ennio, étudiant en théologie à Bucarest, les jeunes Roumains nostalgiques du communisme le sont en opposition aux « mentalités qui évoluent » sous l'influence occidentale. © Grégoire Cherubini

Alors que le gouvernement a simplifié l'embauche des réfugiés, des entreprises peinent à recruter. Certains Ukrainiens sont dans la nécessité de trouver du travail, d’autres ne souhaitent pas subir de déclassement social et préfèrent attendre que la situation de leur pays s’améliore.

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Depuis 1997, l'ancienne prison de Sighet a été transformée en mémorial et musée dédiés aux victimes du communisme et de la résistance anticommuniste. © Grégoire Cherubini

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Des jeunes des paroisses rurales alentour à Sighet, en habits traditionnels roumains, ont mené le cortège mémoriel. © Grégoire Cherubini

Génération bidouillage

Les fondateurs de Cyber Threat Defense, Remus Munteanu, comme « Iceman », n’avaient ni ces certifications, ni pléthore de ressources à disposition pour apprendre à devenir hackers – encore moins hackers éthiques. Ils sont de la génération bidouillage. « Dans cette industrie, tout le monde dans notre génération a un peu de bagage [dans le hacking illégal] ... On a bien dû apprendre quelque part », sourit Andrei Pușoiu. La génération de self-made hackers, née sous la répression communiste de Nicolae Ceaușescu, a porté la Roumanie sur le devant de la scène cyber.

Presque en adoubement de cette particularité roumaine, la première institution européenne à s’installer dans le pays n'est autre que le Centre de compétences en matière de cybercriminalité.  « Différents facteurs ont parlé pour la Roumanie, explique Martin Übelhör de la Commission européenne, chargé de cette institution cyber à Bruxelles. La Roumanie est connue pour ses diplômés universitaires qualifiés, ses spécialistes en cyber et un écosystème dynamique avec de grandes et petites entreprises spécialisées dans ce domaine. »

Le fonctionnaire européen nomme à titre d’exemple BitDefender. Spécialisée dans les solutions de cybersécurité, la société née au début des années 2000 est présente dans près de 200 pays et se place comme l’une des leaders dans son domaine. 

Les entreprises cyber roumaines prospèrent. Cluj IT, un cluster d’entreprises spécialisées dans les technologies de l’information dont Risktronics fait partie, est passée d’une trentaine d'entreprises à sa fondation en 2012 à plus de 70 – sans compter les acteurs de la recherche universitaire. « La dynamique est très positive, notre expansion suit celle de la Roumanie dans ce domaine », témoigne l’une de ses administratrices. Le problème ? Les experts de la cybersécurité roumains travaillent principalement pour des clients étrangers. Seulement un client sur dix de CTD est Roumain. « Rien que dans les dernières semaines, beaucoup de sites essentiels en Roumanie ont été attaqués. Mais avec des attaques très rudimentaires de type DDOS [attaque par déni de service, qui consiste à surcharger un site pour le rendre indisponible, NDLR], se désespère Remus Munteanu de Risktronics. N’importe qui peut les utiliser moyennant quelques crypto-monnaies. La Roumanie doit plus investir dans sa propre cybersécurité. »

Emma Bougerol et Laure Solé

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Chaque année à la mi-mai, Sighetu Marmației accueille le pélerinage des gréco-catholiques de Roumanie. © Grégoire Cherubini

La fermeture des exploitations aspire les forces vives de ces anciens fleurons du charbon. « Le manque d’emplois est un vrai problème, de nombreuses personnes ont quitté le territoire », souligne Felicia Andrioni, professeure en sciences humaines à l’université de Petroşani. Uricani est la dernière ville tout au bout de la vallée. Celle que les habitants décrivent comme « la plus pauvre ». La mine a cessé son activité en 2017, avec son lot de conséquences. Au parc, une femme de la cinquantaine d’années, gilet bleu ciel, est assise sur un banc avec sa fille. Elle surveille ses petits-enfants qui s’amusent sur les structures de jeux. Cette femme a travaillé à la mine d’Uricani, sur la bande de tri du charbon. « Si la mine était encore ouverte, je ne serais pas ici à vous parler, je serais en train de travailler. » Elle s’inquiète des rares perspectives d’emplois dans la vallée : « J’ai trois filles. Une d’entre elles est partie vivre en Autriche avec sa famille. À part être vendeur dans les petits magasins, il n’y a pas de futur pour les enfants ici. Sinon il faut partir. »

Séverine Floch

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Mihai Blaga, 82 ans, souffre d'une silicose après avoir travaillé à la mine de Lupeni pendant 27 ans. © Séverine Floch

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