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Quelques centaines de pèlerins, menés par de jeunes villageois en habits traditionnels et sous les chants des chœurs traversent le centre de Sighetu Marmației. La petite ville frontalière de l’Ukraine, au nord de la Roumanie, accueille chaque année le pèlerinage des adeptes du culte gréco-catholique, minoritaire dans un pays à majorité orthodoxe. Ils sont partis de l'ancienne prison communiste de Sighet, devenue en 1997 « Mémorial des victimes du communisme et de la résistance », et marchent jusqu’au cimetière des pauvres.

Ne pas oublier la dictature. À Sighetu Marmației, ville symbole des victimes du communisme, on œuvre à garder vivace ce souvenir alors que la nostalgie du régime guette.

Le hacking éthique : le plan B des pirates

Le fondateur de l’entreprise de cybersécurité Risktronics a obtenu la liberté conditionnelle de Robert Butyka en lui procurant un appartement et en l'embauchant pour qu’il devienne « hacker éthique » dans son entreprise. Éthique, parce que les sociétés payent pour être piratées. Un genre de test de leur sécurité, pour pouvoir ensuite colmater les failles. « Je ne travaille qu’avec les meilleurs », affirme Remus Munteanu. Il cherche en permanence des « talents », des personnalités exceptionnelles, pour rejoindre sa petite équipe. Il ne se cache d'ailleurs pas d'employer des personnes au passé au mieux tumultueux, au pire criminel.

Le parcours des deux hommes exprime des similarités, celles de toute une génération de jeunes qui sont tombés dans le hacking encore enfants. « Dans les années 1980, on n’avait qu’une seule chaîne de télévision disponible, quelques heures par jour. Il n’y avait pas grand-chose à faire, raconte Remus. J’ai eu de la chance, mes parents ont acheté un ordinateur. J’avais 12 ans. Avec des copains, on passait notre temps à recopier des lignes de code qu’on trouvait dans des revues, et puis on les changeait pour essayer des trucs. » La première chose qu’il a hackée ? « Mon propre ordinateur, sourit-il. Notre état d’esprit, c’était d’être curieux, rebelles. »

À la chute du régime de Ceaușescu, la Roumanie s’est ouverte, et le jeune Remus Munteanu a troqué un temps son clavier pour des livres de philosophie et une guitare. « Et puis, j’ai fini par revendre ma guitare pour m’acheter mon premier ordinateur, nouvelle génération. » Il lance plusieurs start-up, essuie quelques banqueroutes, pour finalement s’intéresser à la cybersécurité. « Au début, on n’avait même pas compris qu’on pouvait en tirer de l’argent, raconte le dirigeant. On le faisait gratuitement pour des entreprises qui valent maintenant des milliards, juste pour montrer qu’on pouvait. »

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À Petrila, la reconstitution d'une mine a longtemps servi d'école pour les travailleurs souterrains. Aujourd'hui, 2 400 habitants de la vallée de Jiu travaillent encore dans les quatre mines ouvertes. © Séverine Floch

Rapides et onéreuses, les cliniques privées pullulent

Le manque de moyens du secteur public a favorisé ces dernières années le développement des cliniques privées (voir ici). Après avoir été patient du Dr Dulau, Ovidiu Stoika, 37 ans, s’est tourné vers les cliniques privées à son retour en Roumanie, après 15 ans passés en France. Cet ancien habitant de Valea Lungă venu rendre visite à ses parents explique payer plus cher pour être rapidement pris en charge. Souffrant d’une hernie discale, cet ancien bûcheron a déboursé 161 euros pour son scanner, passé le jour même. « Pour un contrôle à l'hôpital public, j’aurais attendu trois semaines », avance l’intérimaire.

Dans un pays où le revenu moyen net ne s’élève qu’à 795 euros, se soigner dans le secteur privé reste inaccessible pour les bas salaires. Créant une médecine à deux vitesses, les cliniques privées assurent une prise en charge rapide moyennant des dépenses élevées. Dans les campagnes, le médecin de famille reste pourtant primordial pour maintenir l’accès aux soins : les consultations, fondées sur le principe du tiers payant, évitent aux patients assurés d’avancer les frais. Leur proximité facilite également le traitement rapide des urgences. « On a eu à gérer des accouchements au cabinet, des chocs anaphylactiques, une personne fauchée par un train…», liste Elena Dulau.

Le médecin de famille est aussi un pilier pour certains habitants. « Ils jouent un rôle important dans la communauté, spécialement auprès des plus âgés », explique Iuliana, 30 ans, propriétaire d’un magasin de construction à Valea Lungă. Durant la pandémie de Covid, certains patients positifs ont refusé d’aller à l'hôpital, préférant être suivis chez eux. « La plupart des personnes s’attendent à ce que leurs problèmes soient résolus directement au cabinet. Mais surtout, les gens veulent avoir du temps pour parler », résume Elena Dulau.

Hadrien Hubert et Leïna Magne

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Dans la dizaine de facultés orthodoxes du pays, le nombre de candidats au concours pour devenir prêtre a fortement diminué ces 15 dernières années. © Rafaël Andraud

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Pata Rât voit le jour dans les années 60. Le quartier "Dallas" est le plus ancien des quatre sous-quartiers du ghetto et a déjà vu passer plusieurs générations de Roms.  © Adrien Fuzellier

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Environ 1000 enfants vivent dans le bidonville de Pata Rât. © Adrien Fuzellier

Difficile de prononcer les mots « hacker » et « Roumanie » dans la même phrase sans penser à Robert Butyka, plus connu sous le pseudo de « Iceman ». Né en 1986, le pirate du net a grandi dans les barres d'immeubles situées à l'ouest de la ville de Cluj-Napoca, en Transylvanie. Pionnier de la cybercriminalité, depuis 1998, il a crashé Yahoo, fait buguer des milliers de serveurs, jusqu'à son plus grand fait d'armes : le piratage de l'impénétrable organisation spatiale américaine, la National Aeronautics and Space Administration (Nasa), en 2010.

Robert Butyka voulait croire le mythe selon lequel l’institution américaine embaucherait ceux qui arrivent à pénétrer dans leurs serveurs. En mal de sensations, il s’est infiltré dans une vingtaine d’ordinateurs pour y déposer son curriculum vitae. Son opération a coûté un demi-million de dollars de dommages à la Nasa. « Je pensais avoir un job … J’ai eu de la taule, en rit encore amèrement Robert, bière à la main et lunettes de soleil sur le nez. En fait, ils n’ont pas le droit d’embaucher des gens qui ont commis des actes illégaux. » Il boit une gorgée. « J’ai fait trois ans de cabane. Pendant ce temps, j’ai perdu beaucoup de mes connaissances sur les technologies. Je suis sorti complètement largué. »

À sa sortie de prison, « Iceman » est tiraillé. Il se languit de l'adrénaline procurée par la pénétration des serveurs, mais craint les conséquences : « J’ai eu peur que la prison me rende bête. Je ne veux plus y retourner, alors je ne prends plus de risques. Plus rien d’illégal. » Heureusement, Robert Butyka a depuis bien longtemps tapé dans l'œil d'un autre hacker : Remus Munteanu, lui aussi originaire de Cluj. 

Il y a moins de trente ans, on ne sortait pas en t-shirt blanc à Petroşani, au cœur de la vallée de Jiu. On pouvait tenter, mais le vêtement devenait noir poisseux. Noire, c’était aussi pendant des décennies la couleur de la rivière Jiu, qui traverse la vallée. À mesure que le cours d’eau retrouve sa transparence, l’horizon devient plus trouble dans la vallée.

Le charbon a longtemps été vedette et source de prospérité de ce territoire situé dans le sud-ouest de la Roumanie. Dans la « valea Jiului », l’extraction a commencé en 1848. Aujourd’hui, la houille ne fait plus partie de l’avenir. L’Union européenne impose au gouvernement roumain de fermer les quatre mines encore en activité dans la vallée d’ici 2032. À Petroşani, plus grande ville du territoire avec ses 40 000 habitants, dans un imposant bâtiment de brique aux airs soviétiques, se trouve le siège de l’entreprise Hunedoara Energy Complex. Le groupe public gère les quatre mines de la vallée de Jiu et une centrale thermique.

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