Le premier cimetière musulman public de France a été inauguré ce lundi matin à Strasbourg. En Alsace et en Moselle, les cimetières peuvent être réservés à une seule confession.
Les membres du conseil municipal et les représentants de différentes confessions, plantent un cèdre du Liban lors de l'inauguration du cimetière musulman de Strasbourg
PHOTO: CUEJ / MAGALI FICHTER
Au milieu des allées encore vides de tombes, un cèdre du Liban, symbole d'espoir, a été planté par les membres du conseil municipal et les représentants des différentes communautés religieuses. Le premier cimetière musulman public de France, financé par la ville de Strasbourg, a coûté 800 000 euros. Orienté vers la Mecque, le cimetière fait 25 000 mètres carrés. Il pourra contenir un millier de sépultures et même être agrandi. Jusqu'à présent, les musulmans enterraient leurs morts au sein des cimetières municipaux de Strasbourg, dans huit carrés. Mais l'espace arrive aujourd'hui à saturation, ce qui a entraîne pour certaines familles qui souhaitent respecter le rite musulman, l'obligation de rapatrier les corps dans leur pays d'origine. C'est le cas de Hassan Lamrini, marocain. (voir la vidéo)
Une démarche coûteuse, et qui implique ” de ne pouvoir se recueillir sur la tombe de ses défunts, puisqu'ils sont à des milliers de kilomètres “ souligne Mohammed Moussaoui. Pour le président du Conseil français du culte musulman, c'est un " moment historique. Il s'agit d'un véritable symbole d'intégration, d'ancrage des citoyens dans leur pays." (voir la vidéo)
"Désormais, vous pourrez inhumer vos morts selon vos codes et votre culture " a promis Roland Ries à la communauté musulmane. (voir la vidéo) Contrairement au maire de Strasbourg, le préfet de Région Pierre-Etienne Bisch n'étais pas présent.
En marge de l'inauguration, Roland Ries a taclé le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui a déclaré que "toutes les civilisations ne se valent pas". Le maire de Strasbourg dénonce "une grave confusion" entre "civilisation" et "système politique", et il fustige "tout ethnocentrisme".
Un cas unique en France
L'Alsace et la Moselle font figure d'exception dans l'Hexagone. En France, depuis la loi du 15 novembre 1881, les cimetières sont laïcs et interconfessionnels. Mais la Moselle, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, sous autorité prussienne lors de la promulgation de cette loi, n'y sont pas soumises. Il peut y avoir des cimetières confessionnels publics. De plus, le droit local permet aux collectivités de financer n'importe quelle association, qu'elle soit religieuse ou non.
Le seul cimetière musulman connu en métropole a longtemps été celui de Bobigny, ouvert dans les années 1930, mais il a été créé sous statut privé comme annexe d’un hôpital, et a récemment changé de statut en devenant formellement le carré musulman du cimetière communal.
Magali Fichter et Natacha Muzy (avec AFP)