Objets érotiques ou pornographiques ? La justice devait trancher ce mercredi suite à la plainte de deux associations catholiques contre un magasin érotique à Paris. Son emplacement à moins de 200 mètres d'une école est, selon elles, contraire à la loi sur la protection de l'enfance. Le délibéré sera finalement connu le 29 février.
Selon une étude, 22 % des Français utilisent des sex toys. (Crédit photo : CC stagshop)
"1969 – Curiosités désirables", le nom de la boutique est sobre autant que sa devanture. Pas de couleurs flashes. Pas d'objets cochons en vitrine. Seule de la lingerie et des bouillottes en forme de cœur.
La boutique installée depuis 2004 au 69 rue Saint-Martin n'attire pas l'oeil à première vue. Mais deux associations catholiques l'ont bien remarqué. Toutes deux portent plainte contre son gérant car à 90 mètres du magasin se trouvent une école élémentaire et un collège. Le procès s'est ouvert ce mercredi matin. Le délibéré ne sera connu que le 29 février.
Pour les associations, le gérant de la boutique viole la loi sur la protection de l'enfance de 1987 qui interdit "l'installation à moins de 200 mètres d'un établissement d'enseignement, d'un établissement dont l'activité est la vente ou la mise à disposition du public d'objets à caractère pornographique". Le problème c'est que la loi ne donne pas une définition claire de ce qu'est "un objet à caractère pornographique".
Pour la Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC) et l'association CLER Amour et Famille,
pas de doute ! Les sex toys sont des objets pornographiques.
Selon elles, le gérant est passible de deux ans de prison et de 30 000 euros d'amende.
L'avocat du gérant de la boutique érotique présente, lui, une QPC (Question prioritaire de constitutionnalité). Il juge la loi sur la protection de l'enfance anticonstitutionnelle et contraire à la liberté de commerce. Selon une étude, les seuls endroits où l'on pourrait installer les magasins érotiques à Paris, à plus de 200 mètres des établissement scolaires, seraient les cimetières, les parcs et les voies ferrées.
La responsable en communication du magasin se défend de toute pornographie. Pour elle, la boutique est un "Love shop" et non pas un "Sex shop".
"Nous ne vendons aucun support vidéo ou photographique. Les sex toys que nous mettons en vitrine ne sont pas représentatifs de l’anatomie humaine. Aujourd’hui on trouve des sex toys sur laredoute.fr, il y a des anneaux vibrants au Monoprix !"
Malgré la généralisation des sex toys, les Français utilisent peu les jouets coquins. Selon une étude de novembre 2011 sur la sexualité et les comportement érotiques menées par Trend Research, seul 22 % des couples français s'en servent. Un taux bien inférieur à ses voisins européens. La France arrive en bas du classement, derrière l'Allemagne, l'Italie ou encore l'Espagne.
Vidéo du parisien.fr. Les sex toy sont-ils trop près des écoles?
Adèle Paquelier