Claude Guéant a débarqué samedi 11 février, à Fort-de-France pour une visite de quatre jours aux Antilles. Il n'est pas vraiment le bienvenu après ses propos controversés sur les « civilisations » qui « ne se valent pas toutes ».
Alors qu'il avait rapproché les propos du ministre de l'Intérieur du nazisme, le député martiniquais Serge Letchimy a vu arriver ce samedi Claude Guéant dans sa circonscription. Vendredi, le député (apparenté PS) avait annoncé que le ministre n'était « pas le bienvenu en Martinique ». Claude Guéant a néanmoins décidé de s'y rendre.
Pourquoi se rend Claude Guéant aux Antilles ?
Le voyage du ministre de l'Intérieur était prévu bien avant l'éclat dans l'Assemblée nationale. Accompagné par Marie-Luce Penchard, ministre de l'Outre-mer, Claude Guéant s'est déplacé aux Antilles pour examiner des questions de sécurité et d'immigration. L'immigration haïtienne sera notamment à l'ordre du jour. Elle continue d'être très forte depuis le séisme de 2010. Il sera également question de lutte contre le trafic de drogues et de développement économique. Lundi, Claude Guéant se rendra en Guadeloupe où il inaugurera le commissariat central de Pointe-à-Pitre.
Comment est-il reçu ?
Plusieurs élus ont déjà annoncé qu'il ne recevraient pas le ministre de l'Intérieur. C'est le cas, en Martinique, du député Serge Letchimy et du sénateur Maurice Antiste. « Restez chez vous monsieur Guéant. Nous n'avons pas besoin de vous », a lancé Maurice Antiste. En Guadeloupe, les présidents des conseils général et régional refusent également de l'accueillir. Letchimy, qui lui a été accueilli chaleureusement par 400 personnes en arrivant sur son île, a cependant déclaré qu'il n'était « pas question d'interdire à un ministre de la République l'accès à la Martinique ».
Comment réagissent les Antillais ?
Fred Raddas, le président de l'Amicale DOM-TOM de l'Essonne, s'est dit choqué par les propos de Claude Guéant. « En revanche, je ne sais pas s'il faut en faire une affaire d'Etat. En temps de crise, nous avons suffisamment d'autres problèmes », indique-t-il.
Les propos du ministre ont ravivé un sentiment d'humiliation chez beaucoup d'Antillais de France, à l'image de Djanara Marie-Magdelaine, une expatriée martiniquaise qui vit à Paris. « J'en ai marre d'entendre que les Antillais seraient moins évolués ou moins civilisés que les Français », s'indigne-t-elle. « Tout le temps, je suis confrontée à des idées toutes faites sur la Martinique de gens qui n'y ont jamais mis pied. Le nombre de personnes croyant qu'il n'y a pas d'électricité chez nous est hallucinant ». De la notion de « civilisation » au mode de vie, pour elle, il n'y a qu'un pas.
Claude Guéant et Serge Letchimy se sont rencontrés mercredi, 8 février, dans le bureau du président de l'Assemblée nationale pour arrondir les angles. Le ministre a déclaré être « attaché aux Antilles où ses fils étaient nés ». Vendredi, 10 février, Guéant a déclaré à l'AFP que ses propos avaient pu choquer parce que « il y a un malentendu sur le mot de civilisation. Pour moi, une civilisation, ce n'est pas quelque chose qui est figée dans le passé, c'est quelque chose qui évolue ».
Lettre ouverte de Serge Letchimy à Claude Guéant
Eclat dans l'Assemblée nationale
Frank-André Rauschendorf
(Crédit photo bandeau : Πρωθυπουργός της Ελλάδας/Flickr)