Les boutiques strasbourgeoises ont enregistré des ventes records pour fêter les amoureux. Les chiffres, encourageants, ne masquent pas pour autant les difficultés du secteur.
Les fleuristes peuvent souffler. "Quoi qu’il arrive, on a passé la Saint-Valentin", sourit Bérénice, vendeuse à la boutique Le Bouquet. La date du 14 février est un moment charnière pour l’ensemble du secteur. “C’est la plus grosse fête avec la fête des mères”, estime la jeune femme. D’après une étude réalisée en 2020 pour Val’hor (l’interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage), 1,4 million de foyers avaient effectué une dépense à l’occasion de la fête des amoureux, pour une dépense totale de 37 millions d’euros. Un an plus tard, le chiffre a-t-il augmenté ?
"Plus de ventes que d’habitude"
La possibilité d’un reconfinement a longtemps hanté les fleuristes, malgré la possibilité du click-and-collect. Mais les fleurs étant un produit périssable, l’approvisionnement, quelque peu perturbé par le froid et la neige des derniers jours, s’est fait dans les derniers instants. "Jusqu’au dernier moment ça a été compliqué, on ne savait pas trop quelle quantité commander", rembobine Bérénice. Certains ont fait un autre pari, au risque d’un reconfinement de dernière minute. "On a joué le tout pour le temps en faisant toutes nos commandes à l’avance", raconte Pascale, gérante de la boutique Vert Clair.
Les ventes de roses rouge et autres bouquets personnalisés ont donné du baume au cœur aux fleuristes strasbourgeois. "On a travaillé comme des bêtes mais on a fait un super bilan", juge Laura* à la boutique Acanthe Fleur & Décoration. Un constat partagé par les autres professionnels du secteur. "On a fait beaucoup plus de ventes, les budgets étaient plus importants et les gens plus heureux que d’habitude", assure Pascale, pour qui la Saint-Valentin représente 10% du chiffre d’affaires. Certains craignaient, à tort, des moins bons chiffres, la fête tombant un dimanche. "Les ventes se sont étalées sur trois jours, depuis jeudi soir", explique Bérénice.
Une embellie trompeuse
L’embellie des ventes auprès des particuliers peut s’expliquer, en partie, par la fermeture des restaurants et des bars. "Les gens ont besoin de ça, de faire plaisir", pense Bérénice. Mais cette hausse ne masque pas le fait que tout n’est pas rose pour les fleuristes. Les ventes auprès des restaurants, des hôtels, des acteurs de l’événementiel ont presque totalement disparu en raison du contexte sanitaire. "On est loin d’avoir compensé ces pertes", souffle Pascale.
Pour d’autres, c’est plutôt la hausse continue des prix de la fleur qui inquiète. Le froid, la hausse des coûts du transport et d’approvisionnement auprès des grossistes impactent les prix. "Je n’émarge pas autant que les autres mais j’ai presque honte de vendre une rose rouge 5,5 euros", regrette Laura.
Les inquiétudes des fleuristes ne se sont pas évanouies. Un septième de la profession, soit 2 000 fleuristes ont fait faillite depuis le début de la crise sanitaire d’après une étude de Val’hor publiée en septembre. "La fleur devient un luxe ", craint Laura. Un luxe qui n’a pas empêché de renouer, l’espace d’un instant, avec un semblant de normalité.
*Le nom a été modifié.
Clément Aubry