Les membres de la « Génération Z » revendiquent au grand jour leur engagement auprès du polémiste d’extrême-droite.
« On n’hésite plus à s’afficher sur les réseaux sociaux. Dans la rue, les gens nous félicitent au lieu de nous insulter. On n'a plus peur d’afficher nos opinions politiques grâce au Z. » Jürgens en est assuré, Éric Zemmour sera le prochain président de la Ve République. Pour l’étudiant en informatique de 22 ans, l’ancien journaliste politique, surnommé « le Z » par ses partisans, est le Messie que la droite réactionnaire attendait. Comme lui, plusieurs centaines de jeunes ont répondu à l’appel des comités de soutien à la candidature d’Éric Zemmour.
La tentation hors partis
Rassemblés sous la bannière de « Génération Z », ils ont déjà entamé la collecte des 500 parrainages pour permettre à leur héros de pouvoir se présenter devant les électeurs. La démarche consistant à s’engager pour un homme qui n’a jamais brigué une seule fonction élective n’est pas nouvelle. Mais dans le cas Zemmour, la dimension éminemment clivante du personnage pose question. Les multiples condamnations judiciaires du polémiste, notamment pour provocation à la discrimination raciale, n’échaudent pas la détermination de ses partisans.
« Zemmour représente un nouveau souffle pour la droite, explique Nikita. La dynamique autour de lui, et de ce qu’il incarne, peuvent faire triompher les idées que l’on ne retrouve plus dans les partis politiques actuels. » Le discours politique de cette étudiante de 19 ans en année préparatoire intégrée, est bien rodée. Présidente du « collectif Némésis » à Strasbourg, un syndicat « féministe et anti-immigration », Nikita n’a jamais milité dans un parti politique, mais a tout de même rejoint l’UNI (le principal syndicat étudiant de droite), après son entrée à l’université.
Influences idéologiques
« J’ai découvert Zemmour dans l’émission « On n’est pas couché » et j’ai acheté tous ses livres depuis », déclare la jeune femme qui a rejoint Génération Z depuis quelques mois. « Ce qui me séduit avant tout chez lui ? Ses idées bien sûr, mais surtout la verve et le panache avec laquelle il les défend. On ne retrouve ça chez aucun homme politique aujourd’hui. » D’une famille qu’elle qualifie elle-même de « droite conservatrice », Nikita se reconnait dans le gaullisme, le souverainisme et les écrits de Germaine de Staël, une femme de lettres française de la période révolutionnaire.
Reprenant en partie les arguments qu’un certain Eric Zemmour développait déjà dans son ouvrage le Premier Sexe, elle affirme : « J’ai toujours eu un mépris pour cette vision du féminisme que l’on retrouve partout à l’université et qui sépare le monde entre le méchant homme blanc cisgenre et la pauvre femme victime du patriarcat. Cette vision est délétère. »
Jürgens s’est quant à lui engagé à 20 ans à l’UNI, et dans le même temps au Rassemblement National. Selon lui, la solution se trouve aujourd’hui en dehors des partis qui ont « délaissé les intérêts du peuple. »
« Pour moi la campagne des municipales a été un tournant. J’exécrais les personnes pour lesquelles je militais. Les vices de la politique locale m’ont dégoûté. Je suis bonapartiste et, pour moi, le mérite doit primer partout. » Après avoir quitté le RN au bout d’un an et demi avec une désillusion de plus, un ami de la très droitière association la Cocarde Étudiante, a dévoilé à Jürgens la possible candidature d’Éric Zemmour. « Je le suivais depuis longtemps et comme je ne crois plus aux politiciens, il est devenu la seule hypothèse viable à mes yeux », affirme l’étudiant.
Un discours qui fait mouche
Zemmour a toujours joui d’une cote de popularité très importante au sein des associations étudiantes de droite. Pour eux, la radicalité de son discours est la preuve de sa sincérité.
« Les jeunes autour de moi sont prêts à s’engager pour quelqu’un comme Zemmour. On sait qu’une personne qui a pour nom Le Pen ne pourra jamais gagner l’élection présidentielle. Avec Zemmour, on n'a plus peur de s’afficher, se réjouit Jürgens. Lorsqu’on fait des collages la nuit, les policiers s’arrêtent, nous félicitent et nous demandent des affiches. Les gens nous encouragent, je ne ressentais pas ça quand j’étais au RN. »
Le discours du polémiste a trouvé un écho chez la jeune Nikita. « Lorsqu’à onze ans on vous menace de viol dans la rue et qu’on vous traite de sale française, c’est quelque chose qui vous marque. Aujourd’hui, peu m’importe si je passe pour la facho dans ma classe, j’assume mes idées. » Au moins, le message est clair.
Emilien Hertement