Les jeunes apprennants issus des pays qui ne font pas partie de l’UE devront débourser 3 770 euros au lieu de 243 euros à partir de l’année 2024-2025. Une obligation légale d'après l’université.
Les frais de scolarité des étudiants étrangers vont grimper à 3 770 euros à partir de la rentrée 2024. Photo : Adélie Aubaret
Une table ornée d’un drapeau et quelques étudiants qui tractent. Ce matin, à l’université de Strasbourg, les syndicats n'avaient plus vraiment l'énergie de combattre. Le conseil d’administration de l’université a voté, mardi 26 septembre, la mise en place des droits d’inscription différenciés pour les étudiants en master. À partir de l’année 2024-2025, les étudiants extracommunautaires, qui ne sont pas ressortissants d’un pays de l’Union européenne, devront débourser 3 770 euros de frais d’inscription contre 243 euros actuellement. « La somme est trop importante. Je cherche déjà un job étudiant. Ça ne sera pas suffisant pour payer », réagit Aicha, originaire du Sénégal et étudiante en deuxième année de Lettres Modernes.
D’après l’université, les projections montrent que ce nouveau montant devrait être appliqué à presque 500 étudiants la première année et environ 1 000 les années suivantes. Cette décision découle d’une mesure paradoxalement intitulée « Bienvenue en France », créée en 2018 par le gouvernement d'Édouard Philippe. Jusqu’ici, l’université de Strasbourg avait décidé d’exonérer partiellement ces frais de scolarité pour les ramener au montant de ceux des étudiants nationaux. Ce ne sera désormais plus le cas pour les étudiants en master. « Nous avons dépassé de 10 % le plafond d’exonération des droits d’inscription pour les étrangers extracommunautaires fixé par la loi », se justifie l’université.
« Les étudiants n’ont déjà pas beaucoup d’argent »
Zineb Ammadi est en deuxième année de licence de Lettres Modernes. Originaire du Maroc, la jeune femme aimerait rester à Strasbourg pour poursuivre des études de journalisme : « Ma sœur aussi étudie ici. On ne vit pas trop mal parce que nos parents nous aident, mais ils ne pourraient pas payer autant pour nous deux. Ce n’est pas normal d’augmenter à ce point, les étudiants n’ont déjà pas beaucoup d’argent. »
Les syndicats ont longuement protesté contre cette décision, craignant que celle-ci ne bloque l’arrivée de jeunes désirant étudier en France : « On ne comprend pas pourquoi les étudiants étrangers sont pris dans une variable d’ajustement de manque de moyens à l’université, dénonce Evan Perchais, membre du syndicat solidaire étudiant. Ce changement consiste à dire qu’on veut seulement des étrangers qui ont les moyens, qui sont utiles à la France. »
Trouver des solutions
Plus loin, Mina, étudiante en première année de Langues Étrangères Appliquées et originaire de Russie, découvre la nouvelle : « Ma mère travaille déjà beaucoup pour élever seule trois enfants. Si je devais payer cette somme, je serais contrainte d’arrêter mes études pendant quelque temps et de travailler pour mettre de côté, regrette-t-elle. La France était encore un des rares pays privilégiés. »
L’université réfléchit encore à d’autres solutions : « Nous étudions la possibilité de partenariats avec des établissements étrangers pour permettre une exonération à leurs étudiants. » Elle tient tout de même à rassurer : « Pour l’instant, si un étudiant de licence était déjà ici et qu’il continue son cursus en master, il sera exonéré de ses frais de scolarité. »
Adélie Aubaret
Édité par Azilis Briend