Depuis lundi, les députés débattent sur l'article 4 de la loi sur le mariage pour tous, qui porte sur l'inscription des termes "père" et "mère" dans le code civil. Ces derniers jours, les débats ont été houleux. La fatigue de certains parlementaires et ministres se fait ressentir.
« Il faut savoir arrêter une guerre »
Alors que les débats s'éternisent et qu'il reste encore plus de 2.300 amendements à examiner, certains députés de droite semblent commencer à se lasser. « Il faut savoir arrêter une guerre », a clamé le député UMP de la Manche, Philippe Gosselin.
Si, selon Philippe Gosselin, « une grande majorité du groupe est encore à fond » et veut continuer à défendre ses amendements, certains rechignent pourtant à faire continuer les débats au-delà du week-end.
« Remettez vos chaussures, mademoiselle »
Vers 2 heures du matin dans la nuit de mercredi à jeudi, les députés s'en sont pris à une journaliste du Monde, Hélène Bekmezian. Alors qu'elle envoyait un tweet, ils ont cru qu'elle prenait une photo. Sur son blog, la journaliste raconte comment les députés se sont enflammés contre elle.
« Trois, quatre, cinq, six députés qui se lèvent de leur siège, s'agitent et me montrent du doigt en étant de plus en plus véhéments pendant que j'essaie de leur dire que "je ne fais pas de photos" ». Selon elle, « la palme de l'agressivité la plus hargneuse revient à David Douillet, suivi de près par Laurent Wauquiez ».
Une fois la situation mise au clair, les députés se sont adressés à Hélène Bekmezian en ces termes : « Remettez vos chaussures, mademoiselle ».
« Assis ! », « Couchés ! », « Machos ! »
Un peu plus tôt, mercredi 6 février, les députés UMP se sont opposés à Laurence Dumont (PS), vice-présidente de l'Assemblée nationale, qui remplaçait temporairement Claude Bartolone au perchoir. Pour faire procéder à un vote, Laurence Dumont a coupé la parole au chef de file de l'opposition, Christian Jacob.
Les députés UMP ont aussitôt réagi, et se sont levés en scandant « Bartolone ! Bartolone ! » pour réclamer le retour du président de l'Assemblée. « Assis ! Assis ! », ont alors clamé les députés socialistes à l'attention de leurs collègues UMP. « Couchés, couchés ! » ont répondu les parlementaires de droite, reprochant à leurs homologues de gauche de se « coucher » devant le gouvernement.
Pendant que les huissiers tentaient d'empêcher toute altercation physique entre les députés, la séance a été suspendue. « Machos ! Machos ! », ont continué à crier les députés socialistes, accusant les députés UMP de prendre Laurence Dumont à partie parce qu'elle est une femme.
« Nous les gueux, nous les rien... »
La poésie s'est invitée à l'Assemblée, mardi soir, lorsque la Garde des Sceaux Christiane Taubira a commencé à réciter un poème du Guyanais Léon Gontran Damas. « Nous les gueux, nous les rien, les chiens, les maigres, les nègres... », a-t-elle déclamé dans l'hémicycle. Une récitation en réponse au député UMP Hervé Mariton.
Une initiative applaudie par la majorité et saluée par Claude Bartolone qui a remercié la ministre pour son alliance « de la justice et de la poésie ».
« Par petits bouts... »
Un peu plus tôt, Christiane Taubira avait dû s'interrompre en plein discours, à cause d'une crise de fou rire. « Puisque c'est par petits bouts que vous êtes amené à vous exprimer... Je vous répondrai par petits bouts ! » a-t-elle annoncé entre deux éclats de rire.
L'hilarité de la ministre s'est propagé dans l'hémicycle, à tel point que la Garde des Sceaux a été forcée de renoncer, quittant le micro. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, était visiblement très amusé.
Julie Lardon