Le gouvernement a choisi. Après le dépôt de cinq offres de reprise pour la raffinerie Petroplus, le gouvernement a décidé de s'engager derrière l'une d'entre elles. Celle d'Arabiyya Lel Istitmaraat International, une société égyptienne. Mercredi, toutes les offres avaient été jugées non « recevables en l'état » par la direction du site et les administrateurs judicaires.
« Nous avons eu la chance d'accueillir une offre un peu surprise, mais qui, pour nous, est de bonne qualité, d'un groupe égyptien qui a pignon sur rue, disposant de liquidités et de pétrole », a déclaré Arnaud Montebourg sur la chaîne Public Sénat. « Notre travail, c'est de nous engager à faire tenir debout cette offre et donc de la rendre possible », a précisé le ministre du Redressement productif, avant de confirmer que l'Etat (via le Fonds stratégique d'investissement) était prêt à prendre une participation minoritaire dans le site pour en faciliter la reprise.
Spécialisée dans le secteur de l'énergie, la société égyptienne intervient également dans les matériaux de construction ou encore la distribution de véhicules. Elle a notamment passé un partenariat avec PSA pour distribuer des véhicules en Egypte. Coté à la Bourse du Caire, elle a mis en avant sa solidité financière, en précisant qu'elle pourrait maintenir son offre même sans participation de l'Etat. D'après Michel Billard de la Motte, son représentant en France, l'investissement du groupe égyptien sera certainement supérieur à 100 millions d'euros.
Un montant jugé trop faible par Francis Perrin. Le directeur de la revue Pétrole et gaz arabes rappelle que direction de NetOil, un groupe pétrolier basé à Dubai et candidat à la reprise, avait estimé à 470 millions de dollars les investissements nécessaires dans un premier temps à la modernisation de la raffinerie. « La somme globale dont la raffinerie a besoin pour fonctionner approche les 450 millions d'euros », confirme Laurent Patinier, délégué CFDT chez Petroplus, qui a découvert l'existence d'Arabiyya Lel Istitmaraat en prenant connaissance de l'offre de reprise.
A cette somme, la société Net Oil avait jugé qu'il conviendrait d'ajouter rapidement 650 millions de dollars pour faire de la plus vieille raffinerie de France un site rentable. « Le groupe égyptien est bénéficiaire et bien géré. Mais j'ai du mal à le voir faire face aux besoins de Petit Couronne », tempère Francis Perrin.
Arabiyya Lel Istitmaraat dispose comme les cinq autres candidats d'un peu plus de deux mois, jusqu'au 16 avril, pour compléter son offre. « Le plus tôt sera le mieux », glisse Laurent Patinier, fatigué de voir « les salariés fondre en larmes » dans ses bras.
Rémy Dodet