Les Formule 1 vont bientôt avoir de la concurrence. L'objectif de créer en 2014 un championnat avec leurs cousines 100 % électriques prend vie. Et depuis un mois, la vitesse s'accélère. Le calendrier de la saison sera dévoilé ce vendredi.
Un championnat de Formule 1 composé exclusivement de voitures 100 % électriques ? L'idée peut faire sourire les amoureux de la discipline reine du sport automobile, adeptes de vitesse et qui ont des frisons en entendant vrombir un moteur V8. Une idée qui vient pourtant de la Fédération internationale automobile (FIA), soucieuse de redorer l'image d'une compétition souvent décriée pour ses effets anti-écologiques.
Objectif : créer en 2014 un championnat de 10 équipes, soit 20 pilotes, qui s'affronteront sur des circuits exclusivement urbains dans les plus grandes villes du monde. Mais que les amoureux de la version essence se rassure, la Formule 1 ne disparaîtra pas. Le championnat électrique sera une entité indépendante. « Ce championnat spectaculaire offrira un réel divertissement ainsi qu’une opportunité nouvelle de partager les valeurs de la FIA et ses objectifs d’une énergie propre et d’une mobilité durable avec un public plus large et plus jeune », explique le président de la FIA, le Français, Jean Todt.
Le projet n'est pas nouveau. En septembre 2012, la FIA a conclu un accord confiant les droits commerciaux et l'organisation du « Championnat de Formule E » à un consortium d’investisseurs internationaux, Formula E Holdings Ltd (FEH). Côté voiture, le modèle sera une évolution d'un constructeur français spécialisé dans les véhicules électriques, Formulec, dont les principaux partenaires sont Siemens pour le moteur, Saft pour les batteries et Michelin pour les pneus. Une monoplace qui a déjà été présentée au public à deux reprises : à Moscou en 2011 et à Rome en décembre dernier.
Si visuellement, la monoplace fait instantanément penser à sa grande sœur qui carbure à l'essence, la différence reste de taille. La Formulec n’a en effet que deux vitesses et pèse 780 kilos (à cause de sa batterie au lithium), quand une F1 pèse 640 kilos avec son pilote et peut avoir jusqu’à sept rapports. Niveau performance, la Formule E plafonne à 220 km/h contre plus de 300 pour les F1 classiques. Elle passe ainsi de 0 à 100 km/h en 3 secondes contre 1,7 pour sa version essence. Autre changement, le bruit. Lancée à plus de 200 km/h, il est évident que la monoplace ne sera pas silencieuse comme son homologue citadine. Compter 70 décibels contre 80 pour une voiture ordinaire. Loin donc du vacarme provoqué par les Formule 1 et leurs 127 décibels en moyenne. Un crève cœur pour les fans des vrombissements des moteurs V8 ou V6, d'autant que le bruit plus strident des Formule E aurait plutôt de quoi donner la chair de poule que de procurer des frissons de plaisir.
Un championnat différent pas concurrent
Des différences qui entraîneront des changements par rapport au format de course que l'on connaît actuellement. D'abord pour une question d'autonomie. Celle-ci se limite en effet à 25 minutes pour les voitures électriques. L'objectif serait ainsi d'arriver à deux relais de 25 minutes chacun entre lesquels le pilote sautera d'une voiture à l'autre. De quoi revisiter le concept de l'arrêt au stand !
Les courses seront également plus courtes et l'ensemble (essais, qualifications et course) pourraient être concentré sur une journée contre trois en Formule 1. Les circuits quant à eux ne devraient pas dépasser les trois kilomètres. Deux aménagements permettant d'alléger la logistique à mettre en place dans les villes.
La Formule EF01, seule monoplace élecrique opérationnelle à ce jour Crédit photo: Michelin Challenge Bibendum/Flickr
Si le président de la FIA, Jean Todt, a qualifié ce nouveau championnat de « différent et non concurrent », la Formule 1 a, elle, déjà pris ses dispositions pour ne pas être dépassée par cette vague verte. En 2014, le V8 sera banni des circuits pour laisser la place à un moteur V6 intégrant plusieurs systèmes de récupération d'énergie.
Passer la seconde
En attendant, les choses s’accélèrent autour de cette nouvelle compétition verte. Vendredi, la FIA dévoilera le calendrier de la saison 2014 et les villes choisies pour ce championnat qui comptera dix étapes. Vingt-deux villes sont candidates dont Pékin, Los Angeles, Londres, Vancouver et en France...Pau. Rio de Janeiro et Rome ont déjà été désignées.
Parmi les équipes engagées, celle de l'ancien ministre des sciences britannique Paul Drayson et son équipe Drayson Racing a officiellement été sélectionnée en janvier, suivie de l'équipe China Racing dont la voiture a été présentée il y a quelques jours, à Paris, devant le siège de la FIA.
La voiture Formulec EF01 étant la seule qui soit déjà prête à l'heure actuelle, les équipes du championnat 2014 devraient donc toutes être équipées de la même monoplace. Mais après l'association du français Spark Racing Technologies et du motoriste Mclaren annoncée en novembre dernier, le constructeur de châssis de course italien Dallara vient de rejoindre l'aventure. De quoi permettre la construction d'une voiture concurrente même si celle-ci a peu de chances d'être prête pour la course en 2014.
En attendant, la voiture verte continue de tracer sa route.
Marc Schmitt