La centrale syndicale a donné mercredi son aval à l'accord de compétitivité de Renault. Mais continue de contester le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi.
A quel jeu joue donc Force Ouvrière ? Le syndicat a donné mercredi son assentiment à l'accord de compétitivité proposé par la direction de Renault. Décisif, ce soutien devait permettre la signature du texte lors du comité central d'entreprise du 12 mars prochain. Un texte qui prévoit entre autres un gel des salaires en 2013, une augmentation du temps de travail (de 34 à 35h) et une saignée des effectifs – 5700 départs à la retraite ne seront pas renouvelés d'ici 2016.
Or, le syndicat Force Ouvrière a défilé mardi dans la rue aux côtés de la CGT pour dénoncer le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi. Adoptée mercredi en conseil des ministres, cette transcription de l'accord conclu difficilement le 11 janvier dernier par les partenaires sociaux porte en elle les germes d'une plus grande flexibilité pour les entreprises. Celles en difficulté pourront ainsi modifier le temps de travail et les salaires de leurs employés. Des mesures précisément contenues dans l'accord de compétitivité de Renault...
«Différence notable»
En clair, FO accepte d'un côté ce qu'il rejette de l'autre. Un constat réfuté par son secrétaire général Jean-Claude Mailly. Lequel a jugé mercredi sur France Info qu'il y avait une différence « notable » entre l'accord Renault et celui sur la sécurisation de l'emploi. « Je n'ai jamais dit qu'on ne signe pas ce type d'accord » comme celui de chez Renault « sauf qu’aujourd’hui il y a des garanties dans le code du travail, demain on ne les aura plus », a souligné le leader de FO. Qui affirme que son syndicat a obtenu des garanties de la part de la direction du constructeur automobile, au premier rang desquelles la promesse de construire en France près de 710 000 véhicules par an et celle d'une mobilité des salariés entre les sites maintenue sur la base du volontariat.
La CGT, qui a d'emblée rejeté l'accord présenté par Renault, se refuse à tout commentaire sur la position de Force Ouvrière. Mardi, dans les cortèges, beaucoup de ses membres n'avaient pas caché un certain étonnement de voir leurs homologues de Force Ouvrière les rejoindre. « On était dans la rue ensemble pour refuser l'accord sur l'emploi, c'était très clair », affirme à Cuej.info Yves Audvard, de la coordination CGT Renault, pour qui l'accord de compétitivité Renault préfigure les accords susceptibles d'êtres conclus après l'adoption du projet sur la réforme du marché du travail. Le comité de coordination de Force Ouvrière Renault n'a pas répondu à nos sollicitations.
Jean-Claude Mailly rappelle lui que le projet sur la sécurisation de l'emploi « est dangereux », qu'il continuera de « le contester » et d'« intervenir auprès du gouvernement et des parlementaires ». Avec plus ou moins de crédit.
Rémy Dodet