Les femmes peuvent aujourd'hui exercer toutes les professions, exception faite du métier de sous-marinier. Une particularité que la Marine justifie aujourd'hui, mais qui pourrait changer à l'avenir.
Photo: Pascal Subtil - Sous Marin Casabianca à quai à Toulon - 2008
Le droit français permet aux femmes d'exercer tous les métiers en France. Tous, sauf un. Le dernier bastion entièrement réservé aux hommes se trouve dans les rangs de l'Armée : les sous-marins. Une femme en France ne peut prétendre embrasser la carrière de sous-marinière. Les raisons invoquées sont les conditions d'habitabilité et les contraintes sociétales. En clair, les sous-marins ne sont pas équipés aujourd'hui pour accueillir des équipes mixtes « dans de bonnes conditions », explique la Marine nationale. « Il faut proposer une solution décente pour le couchage et les sanitaires dans des conditions de grande promiscuité », précise un agent des relations publiques. Ce point devrait bientôt être résolu.
Interrogé à ce sujet en 2012 par la sénatrice Maryvonne Blondin (Finistère-SOC), le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian lui a répondu que cela allait changer. La Marine sera équipée en 2017 de nouveaux sous-marins nucléaires de type Barracuda. Dans le cahier des charges de ces sous-marins figure cette problématique de mixité. Il sera donc matériellement possible d'accueillir des femmes à bord de ces engins.
Evaluer les impacts de la mixité
Mais les femmes ne seront pas accueillies à bord dès 2017 pour autant. Car cela ne résout pas ce que la Marine appelle « les bonnes conditions sociétales ». « Pour l'instant, rien n'est arrêté, aucune décision n'a été prise. Nous devons mener une réflexion plus globale, en regardant ce que font les autres. »
En effet, en 2010, l'armée américaine a ouvert ses sous-marins aux femmes. Et à la fin de cette année, la gente féminine pourra partir en mission dans les submersibles de la Royal Navy. Mais l'armée française veut encore réfléchir, pour peser les effets sur la vie de couple et la vie à bord. « Il peut y avoir des impacts sociaux importants, qu'il faut évaluer. Les conjointes de sous-mariniers par exemple ne verront pas les choses de la même manière si leur mari est enfermé dans une boîte de conserve avec des femmes à bord. »
Jusqu'à 70 jours sous l'eau
La Marine a aussi des inquiétudes en termes de santé : « Il faut bien se rendre compte que dans un sous-marin nucléaire en mission, on peut passer jusqu'à 70 jours sous l'eau sans remonter. Sauf en cas d'extrême urgence », explique l'agent des relations publiques de la Marine. Des conditions psychologiques et de santé qui n'ont pourtant pas effrayé les Britanniques et Américains.
De toute façon, aucune femme n'est actuellement formée au travail de sous-marinier. Et la Marine n'est même pas sûre que cela les intéresse. « Si on ouvre et qu'il n'y a personne qui se présente, cela n'a pas d'intérêt », souligne la Marine nationale. Il y a donc peu de chances pour que cela évolue d'ici 2017. La Marine se défend néanmoins de barrer le passage à ses recrues féminines. 63 de ses bâtiments sur mer sont féminisés. Dans l'armée aujourd'hui, 15 % des effectifs sont des femmes, 9 % dans la Marine.
Clémence Mermillod