Carton rouge pour manque de fair-play. Le groupe propriétaire de l'Équipe, va devoir payer une amende de 3,5 millions d'euros. C'est la première fois que l'Autorité de la concurrence condamne une entreprise de presse sur ce motif et prononce une amende aussi lourde dans ce secteur.
Capture écran de la page web du 10 sport.
Le gendarme de la concurrence reproche à Amaury d'avoir mis en oeuvre "une stratégie d'éviction anticoncurrencielle" contre le journal Le 10 Sport qui n'existe plus que sous sa fome web. En septembre 2008, la société le Journal du Sport, fruit d'un partenariat entre Michel Moulin, fondateur de Paru Vendu, et NextRadioTV avait annoncé le lancement de ce quotidien sportif à bas coût (0,50 centimes d'euro) venant concurrencer frontalement L'Equipe, en situation de monopole.
Deux semaines après cette annonce, le groupe Amaury, propriétaire notamment des journaux L'Équipe, Le Parisien et Aujourd'hui en France, contre-attaquait en lançant un nouveau quotidien sportif, Aujourd'hui Sport, dont le positionnement (format, prix, ligne éditoriale, lectorat) était strictement identique à celui de Le 10 Sport. Le Journal du Sport avait alors saisi l'Autorité de la concurrence.
Dans son jugement de ce matin, l'Autorité de la concurrence estime que "ce choix n'était pas rationnel d'un point de vue économique pour le groupe Amaury puisqu'il générait un sacrifice financier important du fait de l'effet de cannibalisation des ventes de L'Equipe par le nouveau quotidien. (...) La stratégie mise en oeuvre par le groupe Amaury a capté une partie des lecteurs du 10Sport.com, diminué ses ventes et son résultat opérationnel, ce qui a conduit in fine à l'arrêt de l'activité du quotidien", a ajouté l'Autorité de la concurrence. "En réalisant l'objectif qu'il s'était fixé, le groupe Amaury a permis à son journal L'Équipe de retrouver sa place de monopole dans le secteur de la presse quotidienne d'information sportive", conclut l'Autorité de la concurrence qui a prononcé une sanction de 3,5 millions d'euros à l'encontre du groupe Amaury.
Afin de "tenir compte des difficultés financières des filiales presse du groupe", l'Autorité de la concurrence a réduit le montant initial de la sanction de 60%. "L'Autorité s'est ainsi assurée que le groupe, qui couvre aussi d'autres activités telles que l'organisation d'événements sportifs (Tour de France, le Dakar...) était en mesure de supporter cette sanction", a-t-elle expliqué.
Patxi Berhouet/AFP