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© Juliette Vilrobe

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D’après elle, « la précarité éloigne de l’univers de la politique ». Selon une enquête de Sciences Po Paris, 25% des personnes les plus précaires n’ont pas voté au premier tour, contre 8% pour les plus aisées. La région Grand Est n’échappe pas à ce constat.

Simon Cardona, Marine Ernoult, Victor Guillaud-Lucet, Pablo Guimbretière, Timothée Loubière, Clément Nicolas

Méthodologie carte

Nous avons choisi d’étudier cinq « points chauds » de la région Grand-Est : deux plans sociaux et trois grands projets contestés. Les données des communes concernées ont été isolées. Toutes les élections qui s’y sont déroulées entre la présidentielle de 2002 et les législatives de 2017 ont été analysées. Les municipales ont été exclues de l’échantillon en raison de la difficulté de traitement des données. Nous avons pris en compte différents paramètres : les blocs politiques arrivés en tête dans chaque commune, le taux d’abstention, le score des écologistes et celui des extrêmes (gauche et droite).

Source : La base de données du gouvernement sur les élections, entre 2002 et 2017 (www.data.gouv.fr/fr/posts/les-donnees-des-elections).

Édouard Martin, ancien leader CFDT du site de Florange, désormais eurodéputé socialiste, pense qu’il n’y a pas de lien direct entre le résultat de ces élections et le dossier des hauts-fourneaux. « On ne peut pas dire que Florange puisse expliquer à lui seul le revirement du vote dans cette région, explique-t-il. Le FN a compris qu’il fallait désigner un coupable clair pour mobiliser ces électeurs. Florange n’a fait que contribuer à la création d’un terreau de plus en plus fertile pour le vote contestataire. » Car au-delà du vote FN, ces territoires sont aussi marqués par une forte abstention. Céline Braconnier, directrice de Sciences-Po St-Germain-en-Laye, a analysé, dans l’ouvrage Les inaudibles, la tendance des électeurs les plus précaires à ne pas voter.

 

Nicolas Sarkozy, quant à lui, annonce une semaine plus tard être arrivé à un accord avec le PDG du groupe ArcelorMittal. Celui-ci s'engage à investir 17 millions d’euros dans la modernisation du site de Florange. Mais le souvenir de l’aciérie de Gandrange, ville voisine, reste vif dans les esprits florangeois. Le président de la République n'a pas tenu la promesse faite aux salariés du site de faire changer d’avis Lakshmi Mittal, le PDG du groupe. Au final : 595 postes supprimés, et 400 salariés de Gandrange reclassés dans les hauts-fourneaux de Florange, justement. À l’époque, beaucoup de salariés s’étaient mobilisés en faveur de François Hollande, espérant in fine profiter des engagements pris. Mais le gouvernement n'a pas réussi à sauver les hauts-fourneaux, ce qui expliquerait que la région se soit détournée de la majorité présidentielle lors des échéances électorales suivantes.

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