La candidature de la Serbie à l'Union européenne remise en question
À la suite des élections législatives en Serbie le 17 décembre, le Parlement européen alerte sur la situation démocratique de ce pays candidat à l’Union européenne. « Il y avait des électeurs fantômes, des achats de voix, des reportages biaisés… » a observé l’eurodéputé Andreas Schieder (S&D, socialiste), présent sur place. Dans une résolution adoptée le 8 février, les eurodéputés condamnent ces irrégularités et l’absence de pluralisme médiatique en Serbie. Ils pressent l’Etat de réformer son système électoral. Ils poussent aussi la Commission à faire en sorte que les négociations d’adhésion du pays à l’UE soient effectivement conditionnées au respect des principes démocratique. « Tout citoyen de l’Union doit être assuré de voter à des élections libres et justes » a rappelé le Slovène Klemen Groselj (Renew, libéral).
Yanis Drouin
Reconquête! rejoint le groupe des Conservateurs et réformistes
Mercredi 7 février, le ralliement du parti Reconquête! au groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR) a été annoncé lors d’une conférence de presse au Parlement européen. Le président du groupe, l’Italien Nicolas Procaccini, a convenu d’une union avec Marion Maréchal, la tête de liste de Reconquête!, et Nicolas Bay. Ce dernier a rejoint le parti d’Eric Zemmour après son exclusion du Rassemblement National en 2022. Il est aujourd’hui son unique eurodéputé, et le premier Français à intégrer ECR.
Ce groupe européen de droite antifédéraliste a été créé en 2009 à l’initiative des conservateurs britanniques et du parti polonais Droit et Justice. S’il n’est actuellement que le cinquième groupe le plus important du Parlement, avec 63 eurodéputés, ses dirigeants cherchent à passer à la troisième place à l’issue des prochaines élections européennes. « Nous voulons créer les conditions d'un déplacement du centre de gravité du Parlement européen », explique Nicolas Bay. Pour ce faire, ECR cherche à nouer de nouvelles alliances avec des partis nationalistes. Dans les mois à venir, un accord pourrait être conclu avec le Fidesz, la formation du Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Anna Chabaud
Le commissaire au Commerce Dombrovskis dévoile ses priorités à l'OMC
« Je défendrais nos mesures européennes au sein de cette organisation mondiale ! » Jeudi 8 février, le commissaire européen au Commerce extérieur, Valdis Dombrovskis, est venu présenter au Parlement européen ses priorités pour la prochaine conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui se tiendra à Abou Dhabi du 26 au 29 février. Le commissaire y représentera les intérêts des États membres de l’Union européenne.
Parmi les principales priorités évoquées : le régulation par l’OMC du secteur de la pêche. Valdis Dombrovskis a promis qu’il allait défendre l’accord actuel qui interdit les subventions pour la pêche illégale et qui fixe des quotas. Une déclaration soutenue par les eurodéputées. À la demande des États membres, Valdis Dombrovskis a également promis de plaider pour un développement des échanges commerciaux à l’échelle mondiale, sensible aux enjeux climatiques. Une position jugée incohérente selon une partie des eurodéputés écologistes. « Le libre-échange n’a plus de sens à l’heure de l’urgence climatique », s’est emportée Saskia Bricmont (Les Verts, écologistes).
Sarah Khelifi
Pourtant, certains eurodéputés auraient voulu aller plus loin. Pour Mounir Satourni (Les Verts, écologistes), les femmes sont les grandes oubliées de cette loi. Plus vulnérables face au plomb (qui peut entraîner des fausses couches et menacer la santé des fœtus), elles devaient bénéficier d’un seuil spécifique. Mais les employeurs se sont inquiétés des surcoûts liés à cette prise en charge particulière et la mesure a été abandonnée. Seule lueur d’espoir pour le parti écologiste : leur demande d’inscrire dans la directive un délai de révision de cinq ans a été accepté. Ils espèrent que d’ici-là, de nouvelles études scientifiques justifieront la création d’un seuil limite spécifique pour les femmes. Les règles relatives aux diisocyanates devront, elles, être réexaminées avant 2029.
Autre manquement notable dans la directive : l’absence de prise en compte de l’effet « cocktail ». Comme l’explique Gérard Le Corre, inspecteur du travail et membre de la confédération santé-travail CGT Seine-Maritime, les travailleurs sont « exposés à plusieurs agents chimiques par jour » au lieu d’un seul. Or, les seuils ne « prennent pas en compte ces effets » explique t-il. Le syndicaliste s’inquiète aussi qu’« en pratique, les employeurs ne chercheront pas à mettre en place les mesures les plus basses possibles. Ils s’en tiendront au seuil limite, sans proposer de nouvelles mesures de sécurité ».
Les Etats membres doivent désormais mettre la directive en application. Ils disposent de deux ans pour définir de quelle manière ils adapteront leurs lois nationales pour mieux protéger leurs travailleurs.
Garance Cailliet et Sarah Khelifi
« Personne ne devrait être victime de son travail ou mourir pour des raisons professionnelles ! » L’eurodéputé Nikolaj Villumsen (The Left, extrême-gauche) se réjouit de l’adoption par le Parlement européen d’une directive limitant l’exposition des travailleurs au plomb et aux diisocyanates. En grande quantité, ces substances peuvent être dangereuses et présenter des risques cancérigènes.
Limiter les substances dangereuses pour les travailleurs
L’enjeu est de taille. Chaque année, entre 50 000 et 150 000 travailleurs sont exposés au plomb au sein de l’Union européenne, et 4,2 millions aux diisocyanates. Afin de limiter l’impact du plomb, la directive abaisse sa valeur limite d’exposition professionnelle : autrefois fixée à 0,15mg/m³, elle passe désormais à 0,03mg/m³. En 40 ans, cette limite n’avait jamais été réévaluée. La concentration maximale à laquelle un travailleur peut être exposé pendant une journée de travail de huit heures a été fixée à 6 mg/m³. C'est une première : l’Union européenne n’avait pas de législation concernant cette substance qu’on retrouve notamment dans les isolants.
Aujourd’hui, les travailleurs du bâtiment, de l’industrie et de l’artisanat sont particulièrement exposés. Pour se protéger, ils doivent s’équiper de masques FFP3 et portent des combinaisons intégrales pour éviter d’inhaler des poussières de plomb. Pourtant, les cas de fatigue chronique et des cancers liés à l’exposition au plomb sont nombreux dans ces domaines, selon la Fédération générale du travail de Belgique (FTGB). Les diisocyanates, eux, provoquent des cas d’asthme professionnel et des maladies cutanées. La nouvelle législation européenne aura pour objectif de renforcer leur protection. Une victoire pour Nikolaj Villumsen : « les travailleurs concernés rénovent nos maisons, construisent nos batteries de voiture, … Ils sont au premier plan de la transition écologique. C’est important de savoir qu’ils seront mieux protégés. »
Des réserves exprimées sur ces seuils
Détresse des enseignants : les députés se saississent du dossier
Mardi 6 février, partout en France, les enseignants ont manifesté pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de travail. Leur détresse fait écho à celle de leurs collègues dans d’autres pays européens et s’est fait entendre jusqu’au Parlement. Jeudi 8 février, les eurodéputés ont demandé à la Commission de proposer une stratégie claire afin de les aider.
« Aujourd’hui, les enseignants ne peuvent plus se concentrer sur ce qui est essentiel », déplore l’eurodéputé Jaroslaw Duda (PPE, droite). Les eurodéputés ont appelé à un investissement massif afin d’améliorer les infrastructures scolaires, d’accompagner les professeurs en crise et de garantir de plus justes rémunérations. En réponse, la Commissaire à l’Éducation et à la jeunesse Iliana Ivanova a assuré qu’elle ferait de son mieux pour « redorer le blason d’une des professions les plus nobles qui soit ». Parmi ses suggestions : la mobilisation de 43 milliards d’euros issus du Fonds social européen pour soutenir les enseignants, et particulièrement ceux des régions rurales.
Garance Cailliet