Protéger l’industrie solaire européenne de la concurrence déloyale chinoise
Le Parlement européen a interpellé la Commission européenne sur la concurrence déloyale chinoise dans le marché européen du photovoltaïque. L’Europe est fortement dépendante des importations étrangères pour atteindre son objectif de 20% d’installation de panneaux solaires supplémentaire d’ici 2030. Alors que les coûts de production chinois sont jusqu'à 35% moins élevés, les entreprises européennes peinent à faire face et menacent de délocaliser leur production, voire de cesser leurs activités.
Les eurodéputés s’inquiètent de la survie à court terme du secteur en Europe. « Les entreprises que vous cherchez à soutenir ne seront peut-être plus là d’ici quelques années » s’inquiète Matthias Ecke, eurodéputé (S&D, socio-démocrate).
La Commission, représentée par Mairead McGuiness, a rappelé les mesures déjà mises en œuvre pour soutenir le solaire européen, comme REPowerEU, programme d’investissement dans les énergies renouvelables. Elle a également rappelé que les importations chinoises devraient faiblir avec les restrictions à venir sur les produits issus du travail forcé ou ne respectant pas les principes de développement durable. Malgré les demandes d’action rapide, la Commission s'est cependant pour l'instant refusée à annoncer de nouvelles mesures spécifiques pour le photovoltaïque.
Apolline Lehner
Le mercredi 7 février, le Parlement européen a adopté une loi qui établit des nouveaux seuils d’exposition au plomb et aux diisocyanates sur le lieu de travail. L’objectif : améliorer la sécurité et la santé des travailleurs européens.
La suspension du permis élargie à l'Union européenne ?
« Le privilège de la libre circulation ne peut plus être synonyme d’impunité ». L’eurodéputé Peter Vitanov (S&D, sociaux-démocrates) a obtenu gain de cause : les suspension de permis de conduire seront harmonisées au sein de l’Union européenne. Jusqu’ici, lorsque les autorités françaises suspendent le permis d’un conducteur européen non-résident, la sanction s’applique uniquement sur le territoire français. Le chauffard peut donc continuer à conduire ailleurs en Europe. Désormais, les décisions des justices nationales seront synchronisées, ce qui rendra possible l’application du retrait de permis dans tous les Etats membres. La règle concerne les auteurs d’infractions routières les plus graves, telles que la vitesse excessive, la conduite en état d'ivresse ou sous influence de drogues, et l’homicide involontaire provoqué par une infraction. Derrière cette mesure, qui doit encore être validée par tous les Etats membres, il y a l’espoir de réduire ce chiffre accablant, martelé lors des débats : plus de 20 000 personnes sont mortes sur les routes en 2022.
Clara Lainé
Face à l'affaire Ilaria Salis, l'Italie s'indigne
Lundi 5 février, les eurodéputés réunis en plénière ont interpellé la Commission sur le non-respect de l'État de droit en Hongrie. C'est loin d'être une première, depuis l'arrivée de Viktor Orbán au pouvoir en 2010. Cette fois-ci, les parlementaires s'inquiètent des conditions de détention dans le pays, suite à l'affaire Ilaria Salis.
Cette Italienne de 39 ans, accusée d'avoir agressé deux militants néonazis à Budapest en février 2023, est détenue en Hongrie depuis un an et risque une peine de onze années de prison. Privée de contacts téléphoniques avec ses proches, elle est apparue enchaînée devant un tribunal la semaine dernière – des conditions de détention qui ont provoqué une vague d'indignation en Italie et au-delà. « Le Parlement doit réagir » a insisté l'eurodéputé italien Brando Benifei (S&D, sociaux-démocrates) dans l'hémicycle. « Ilaria Salis doit sentir que les institutions défendent sa dignité.»
Avec d'autres, il a appelé la Commission européenne représentée par Mairead McGuinness à garantir le respect des règles dans la Hongrie de Orbán. « La Commission n'hésitera pas à lancer une procédure d'infraction en cas de violation des traités », a assuré McGuinness – une procédure plusieurs fois enclenchée contre la Hongrie, qui peut aller jusqu'au paiement d'une astreinte par l'État mis en cause.
Abel Bertomier
Selon Gerhard Huemer, directeur de la politique économique de SME United (Association des PME en Europe), ce règlement offre « la possibilité pour les PME d’user, à la place des cartes de crédit, des services de virements instantanés qui sont moins chers ». Actuellement, le bénéficiaire d’un virement doit attendre jusqu’à 72 heures pour recevoir son argent. Ce délai peut provoquer des difficultés de trésorerie pour certaines PME. Le nouveau dispositif permettra également de renforcer la lutte contre l’économie illégale. « Plus les paiements sont tracés, moins la fraude et le blanchiment ont de place », explique l’eurodéputé Claude Gruffat (Les Verts, écologiste).
La disparition de l’argent liquide ?
La multiplication des moyens de paiement numériques et tracés se heurte cependant à l’attachement tenace de certains pays de l’Union envers la monnaie papier. Un support que quelques eurodéputés ont souhaité défendre, comme Mick Wallace (The Left, gauche radicale). « Je crains que cela ne réduise les disponibilités de structures qui permettent de payer en liquide. C’est encore le moyen le plus inclusif de payer, il permet de rester indépendant. » Le député s’inquiète que le développement des virements numériques n'accroisse la dépendance des citoyens aux banques et autres entreprises privées.
Pour des raisons différentes, les banques ont aussi exprimé certaines réserves face à la nouvelle directive. Jusqu’ici, quand un virement était envoyé, elles disposaient de l’argent du paiement pendant un à trois jours avant que le bénéficiaire ne reçoive son dû. Cet argent en transit représentait 200 milliards d’euros chaque jour, dont elles ne pourront plus user. La Fédération Européenne des Banques regrette également le plafonnement jusqu’à 15 000 euros des virements. Les établissements bancaires ont désormais 9 mois pour appliquer ce service dans la zone euro et jusqu’en 2028 pour le reste de l’Union.
Lounès Aberkane et Yanis Drouin
S’il est déjà proposé dans certains pays, ce service est souvent payant. Par exemple, un transfert d’argent instantané peut coûter jusqu’à 70 euros en Italie. Désormais, les consommateurs ne seront plus surtaxés par les banques. L’UE cherche à promouvoir une pratique déjà commune dans des pays émergents comme l’Inde. Elle souhaite également affirmer sa souveraineté financière en s'autonomisant des applications tierces souvent américaines, comme Paypal ou Apple Pay.
Un moyen de paiement de la vie quotidienne
À terme, les usagers pourront même payer directement les commerçants avec leur application bancaire sur leur téléphone. Les associations de consommateurs, ainsi que les petites et moyennes entreprises, accueillent avec enthousiasme cette nouvelle mesure.
« Tous les Européens pourront virer de l’argent à n’importe quel moment de la journée, même en dehors des heures ouvrées, en quelques secondes », s'enthousiasme l’eurodéputé Michiel Hoogeveen (ECR, conservateur), rapporteur du règlement sur les paiements instantanés en euros. Ce mercredi 7 février, les eurodéputés se sont entendus à une écrasante majorité (599 voix pour, 7 contre et 35 abstentions) pour la généralisation du virement immédiat, d’abord dans la zone euro puis, à terme, dans les 27 pays de l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, ils ne représentent que 11% des transferts d’argent en Europe. L’UE entend favoriser leur développement en garantissant des services sécurisés. Les consommateurs auront la possibilité de virer de l’argent à un bénéficiaire certifié en moins de dix secondes.
À la fin de l’année, les Européens pourront virer de l'argent en quelques secondes et sans frais supplémentaires dans la zone euro.