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Ce qu'il faut savoir :

  • Le procès, qui débute mercredi 8 septembre, doit juger 20 accusés en lien avec les attentats du 13 novembre 2015 qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis. Sur ces 20 accusés, 14 seront présents et douze encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
  • Le verdict devrait être délivré en mai 2022. Les différentes auditions prendront plusieurs semaines et le procès devrait durer neuf mois en tout.
  • Il s'agit du plus grand dispositif judiciaire jamais organisé en France. Deux ans ont été nécessaires à l'organisation du procès et à la construction de la salle d'audience sur l'île de la Cité à Paris. 1 765 personnes se sont constituées partie civile pour 330 avocats. 141 médias ont été accrédités à l'événement.

17h40 : Invectives avec Salah Abdeslam.

Salah Abdeslam s'énerve et invective le président : « Ça fait plus de six ans que je suis traité comme un chien. Je me suis jamais plaint, pour une unique raison : parce qu'après la mort, je serai ressuscité. Vous aussi vous aurez à rendre des comptes ! ». Une partie civile lui aurait répondu : « Parce que tu es un chien ! ». Un autre : « T'avais pas qu'à faire 130 morts ! ».  Le président demande à l'accusé de s'asseoir, il s'exécute.

17h30 : Reprise de l'audience.

Une trentaine de minutes après le malaise d'un des accusés, Farid Kharkhach, l'audience reprend. Il n'est pas revenu dans le box. Ses avocats alertent sur les conditions carcérales des accusés. Leur client est, selon eux, « fragilisé » et souffrirait d'une dépression. Ils craignent une multiplication des incidents dans les mois à venir.  

17h00 : Un des accusés conteste un chef d'accusation.

Me Nogueras, l'avocat de l'accusé Mohamed Amri, a déclaré au micro de la journaliste de LCI Aurélie Sarrot que son client, « combattif », conteste le chef d'accusation de « participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle », pour lequel il pourrait encourir une peine de réclusion criminelle à pérpétuité. 

16h50 : Malaise d'un des accusés : suspension d'audience.

L'audience est suspendue car un des accusés, Farid Kharkhach, a fait un malaise. Il a été sorti du box.

14h30 : Vers une demande de l'aide juridictionnelle pour les parties civiles.

La majorité des avocats ont demandé à ce que leurs clients reçoivent l'aide juridictionnelle. L'État s'engage à prendre en charge la totalité ou une partie des frais liés à une procédure judiciaire. D'habitude réservée aux foyers modestes, elle est accordée sans condition de revenus pour les victimes d'actes terroristes. 

14h15 : Les avocats défilent à la barre. 

Moment fastidieux du procès, les 330 avocats des parties civiles doivent énoncer l'identité des personnes qu'ils défendent. 1 765 personnes physiques et morales vont donc être mentionnées, ce qui pourrait durer plusieurs heures. Pour rappel, 15 personnes morales se sont constituées parties civiles, notamment la ville de Saint-Denis et des associations de victimes. 

13h55 : Les propos du président en préambule de l'audience. 

« Nous commençons ce jour un procès qualifié notamment d'historique, d'hors norme, indique Jean-Louis Périès. Historique ? Car les faits que nous allons examiner sont inscrits indubitablement dans les événements nationaux et internationaux », poursuit le président. 

13h30 : Le président de la cour a demandé aux accusés de décliner leur identité.

Salah Abdeslam a d'abord déclaré : « Il n'y a pas de divinité à part Allah et Mohammed est son messager », avant d'accepter de donner son nom. Il refuse ensuite de donner le nom de ses parents qui n'ont « rien à faire ici ». Lorsque Jean-Louis Périès lui demande quelle est sa profession, il répond : « J'ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'État islamique. » « J'avais intérim' », rétorque le président.

13h17 : L'audience est ouverte. 

La cour, présidée par Jean-Louis Périès et composée de sept magistrats professionnels, a fait son entrée dans la salle. Ils font prêter serment aux interprètes, venus pour aider les accusés qui ne parlent pas ou mal français.

12h56 : Le procès n'a toujours pas commencé.

L'audience devait débuter à 12h30. Salah Abdeslam a été vu dans le box des accusés en train d'échanger avec son avocate, Olivia Ronen. Il est vétu d'un polo et un masque noir sous lequel il a laissé pousser sa barbe. Ses cheveux mi-longs sont gominés et tirés vers l'arrière.

12h20 : Les avocats et les accusés commencent à entrer dans la salle d'audience. 

Le procès doit commencer à 12h30 lorsque Jean-Louis Periès, le président de la cour d'assises spécialement composée, ouvrira officiellement les débats. À 65 ans, il a près de 40 années d'expérience dans la profession en tant que juge d'instruction et président de cour d'assises.

11h30 : Les parties civiles arrivent à la cour d'assises spéciale de Paris avec leurs avocats.

Ceux qui ne souhaitent pas répondre aux questions des journalistes portent un badge avec un fil rouge. Ceux qui sont disposés à s'adresser aux médias arborent un badge avec un fil vert. Cette dernière catégorie est plus rare selon Catherine Fournier, journaliste présente sur place.

Au Mexique, l'avortement n'est plus un crime. Mardi 7 septembre, la Cour suprême a jugé qu'interdire ce droit à une femme était inconstitutionnel. Sa décision s'appliquera à l'ensemble du pays où, jusque-là, la plupart des États l'interdisaient.

Qu'a décidé la Cour suprême ?

La Cour jugeait le code pénal de l'État de Coahuila, qui punissait jusqu'à trois ans de prison les femmes se faisant avorter. Elle a considéré ces sanctions inconstitutionnelles et les a invalidées. Le juge de la Cour, Fernando Franco Gonzalez Salas, a déclaré auprès du journal La Jornada que la Constitution protège le droit à l'avortement en début de grossesse, si le fœtus n'est pas viable, si la santé de la mère est en danger ou si elle est enceinte contre son gré.

Que va changer sa décision ?

L'IVG reste interdite dans les codes pénaux de 27 autres États. Mais la justice fédérale pourra, soit annuler une procédure en justice contre une femme qui a avorté, soit ordonner à un établissement de santé de pratiquer l'intervention.

L'État de Coahuila où les articles du code pénal ont été invalidés est frontalier du Texas. Certains imaginent déjà la possibilité que des femmes de cet État américain, où le droit à l'avortement va être considérablement restreint, viennent au Mexique pour recourir à une IVG. 'état>

Quelle était la situation avant ?

Le Mexique est un pays où la religion catholique est majoritaire à 77,7 %. Avec sa construction fédérale, les 32 États du Mexique établissent leurs lois de façon indépendante. Seuls quatre États autorisaient l'avortement avec un délai de douze semaines de grossesse, dont celui de Mexico où il est accessible gratuitement dans les cliniques de la mairie, pour toutes les Mexicaines.

D'après la juge Ana Margarita Ríos Farjat, 350 000 à un million d'IVG sont pratiquées chaque année au Mexique. L'avortement non médicalisé y est la quatrième cause de décès maternel, selon le Groupe d'information sur le choix reproductif (GIRE) (https://reproductiverights.org/fr/) qui lutte pour le droit à l'avortement.

Laura Remoué

Michel Serfati et Gilles Hargous © Yasmine Guénard-Monin

« Le livre sert essentiellement à s’évader ». Crane rasé, polo noir et baskets, Gilles Hargous, quarante-huit ans, originaire du Pays basque, travaille depuis trois ans à la maison d’arrêt de Strasbourg. Son boulot ? Gérer la bibliothèque. Et permettre ainsi aux détenus de « voyager en dehors des murs ».

Une forte demande, au delà des clichés

Gilles Hargous sourit en décrivant les « gros loubards »  qui empruntent des romans érotiques et poèmes d’amour, quitte à les dissimuler sous un autre livre pour ne pas s’exposer à l’infamie qui, chez les hommes, menace les sentimentaux. Ce sont en réalité surtout les romans policiers, biographies, BD et essais de psychologie, religion ou développement personnel qui ont la cote, ainsi que la page faits-divers des DNA. Le bibliothécaire se félicite d’avoir obtenu une liberté d’acquisition quasi-totale, la direction n’exigeant de consulter les listes d’ouvrages demandés que pour un nombre très restreint de détenus. Le public rassemblé dans l’Espace Étoile de la Maif, où il intervient au côté de l’écrivain Michel Serfati dans le cadre du festival des Bibliothèques idéales, est suspendu à ses lèvres.

Si certains détenus rapportent des livres dans leur cellule afin de rêver ou de passer le temps autrement qu’en regardant la télévision, allumée toute la journée au point de devenir parfois insupportable, d’autres préparent leur vie au-delà de l’enceinte carcérale en apprenant le français ou en obtenant un diplôme. D’autres encore empruntent des livres qu’ils ne lisent pas afin de gagner deux ou trois jours de remise de peine, un système entré dans la loi en 2014 grâce à l’action de l’association Lire pour en Sortir. Mais ces détenus sont « totalement à la marge », assure le bibliothécaire, qui peut constater aux pages décollées et au dos plissé des livres rendus que la plupart sont bel et bien lus. Il compte cependant mettre en place des fiches de lecture, pour les volontaires, afin d’inciter à lire les livres.

Système D

Ils sont environ 540, dont 19 femmes et 17 mineurs, à être incarcérés en détention provisoire ou pour des peines de moins de deux ans à la maison d’arrêt de Strasbourg, quartier de l’Elsau, d’après le décompte effectué par l’Observatoire international des prisons début 2021. Pour 427 places et huit bibliothèques : une centrale, « le QG » et une par quartier de détention, que Gilles Hargous gère avec l’aide de bénévoles et de détenus sélectionnés par l’administration. « Mais je n’ai pas le droit de pénétrer dans le quartier disciplinaire », précise le bibliothécaire. Là-bas, pas de salle de lecture, mais des chariots poussés par les surveillants d’une cellule à l’autre.

Le budget, entre 4 500 et 5 000 euros par an hors manuels scolaires pour les majeurs, n’est « pas énorme », reconnaît M. Hargous. « Dans le milieu pénitentiaire, on recourt très souvent au système D », relève-t-il. C’est-à-dire à des partenariats avec des librairies, qui font don de livres non corrigés et de revues destinées au pilon, avec Emmaüs ou encore avec les consulats pour se procurer des ouvrages en langue étrangère, chers et rares. Cependant, il préfère limiter les dons de particuliers, refusant catégoriquement pages jaunies et vieilles éditions : « On ne fait pas les difficiles, mais c’est un public qui, à l’extérieur, était très éloigné du livre, explique-t-il. C’est primordial de présenter d’abord un objet. Un livre, ça doit être beau ».

Pour Gilles Hargous, une tradition familiale

Après dix-huit années à tenir des centres de documentation et d’information (CDI) dans des collèges et lycées, M. Hargous a postulé pour être détaché en prison. Il s’inscrit ainsi dans une tradition familiale – sa mère et sa grand-mère étaient visiteuses de prison – et renoue avec un intérêt développé alors qu’étudiant, il donnait des cours de soutien à des détenus au sein de l’association Genepi. Surtout, il a cherché à « redonner du sens à l’intervention pédagogique ». Une certaine amertume pointe dans sa voix quand il évoque les élèves rechignant à assister aux ateliers qu’il proposait dans les établissements scolaires. À la maison d’arrêt, en revanche, « alors que le niveau scolaire général est assez bas, le public est très demandeur ». Gilles Hargous estime à 5 500 le nombre de livres empruntés chaque année dans la maison d’arrêt, et encore, sans compter les mineurs. C’est plus du double que dans le lycée où il travaillait auparavant.

Yasmine Guénard-Monin

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